Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 17.02.2016 - baptiste-manzinali - 3 min  - vu 307 fois

PALOMA Abd Al Malik, chantre d'un islam spirituel et modéré

Image Abd Al Malik. DR

Rappeur ou slameur, cinéaste ou écrivain, Abd Al Malik est un peu l'homme orchestre du paysage culturel français. À l'instinct, Régis Mikano de son vrai nom, alterne livre politique - Place de la République paru en 2015 - adaptation cinématographique - Qu'Allah bénisse la France sorti en 2014 - et dernièrement un album hybride produit par le maître de l'électro à la française, Laurent Garnier. Titré, Scarifications, Abd Al Malik offre une oeuvre intime où il parle de son enfance dans le quartier de Neuhof à Strasbourg, de sa femme Wallen, qui collabore sur quelques morceaux, et rend des hommages inattendus à Daniel Darc et Juliette Greco. Mais Scarifications est aussi un album sombre, écrit dans une époque qui l'est tout autant.

Abd Al Malik sera en concert à Paloma ce samedi 20 février à 20h.

Objectif Gard. Scarifications est-il ton album le plus personnel ?

Abd Al Malik. D'une certaine manière, c'est le plus intime. J'ai abordé des thématiques récurrentes mais de manière différente. En parlant de moi, j'essaye de faire du lien, ce n'est pas parce que je me trouve fabuleux mais c'est plutôt l'idée de dire que si on a quelque chose en commun, tous, c'est l'humanité. Parler de soi, c'est parler des autres. Je sortais de la réalisation de mon premier film où je raconte mon parcours de vie et j'ai écrit cet album en parallèle, donc je me suis recentré sur moi même, mon histoire et le rapport à mon enfance. Parler de moi c'est un prétexte pour parler de nous.

C'est aussi une thérapie ?

Les artistes ont la chance d'évacuer les choses, donc je dirais que c'est plus qu'une thérapie. On est dans le partage, que le public puisse s'identifier à ça, c'est quelque chose qui nous soulage et nous permet d'avancer. On vie une période sombre, faire cet album c'était aussi ne pas être dans le déni. Mais aucune obscurité n'est suffisamment épaisse pour voiler la lumière qu'on a en chacun de nous. On ne doit pas se laisser contaminer par cette obscurité, on doit toujours faire en sorte que notre lumière intérieure prenne le pas. Si l'album a des résonances un peu sombre, dure, c'est parce que ça parle de notre époque. Ça dit que le changement viendra de nous, seul l'amour peut changer l'humanité. L'amour est vitale.

Comment s'est faites la collaboration avec Laurent Garnier ?

C'est d'abord une démarche humaine puisqu'on se connait depuis une dizaine d'année. Il était venu à l'un de mes concerts pour me dire qu'il appréciait mon travail. J'étais très honoré, on s'était promis de travailler ensemble et on a avait commencé par un concert fabuleux à Montreux. Puis lorsque je travaillais sur la musique de mon film Qu'Allah bénisse la France, j'ai eu l'idée de faire appel à lui. Puis rapidement, il a eu la matière pour faire aussi un album. Je n'étais pas venu le voir nécessairement pour ça, mais il m'a donné l'envie de faire un disque. Il n'y avait rien de prémédité.

La musique électronique et le rap, c'est lié ?

J'ai grandi avec la musique électronique à Strasbourg. À la frontière allemande, on allait dans des clubs et on entendait de la techno, de l'euro dance, de la house-music. Cela fait parti de moi depuis longtemps et je considère que le rap est aussi une musique électronique. Il y a un acte fondateur, c'est quand Afrika Bambaataa a samplé Kraftwerk, d'une certaine manière ce morceau est aussi important dans le monde de l'électro que dans le monde du rap. Ce sont des musiques sœurs. Travailler avec Laurent, c'était aussi faire un clin d’œil à tout ça.

Tu es ici à Paloma en résidence avant ton concert de samedi. Comment ça se passe ?

C'est presque comme si ce n'était pas la première fois. Il y a un accueil extrêmement chaleureux. Et puis techniquement parlant, on est dans un confort absolu. Dès le premier jour on a l'impression d'être à la maison. Et puis Paloma est aussi tourné vers les artistes locaux, c'est vraiment important de prendre soin des artistes autours de nous.

Dans ce nouvel album, il y a cette chanson Redskin, où tu dis : "Collard s'idéalise Platon". Tu as peut-être un message à lui faire passer, il n'est pas loin d'ici.

On a beau être dans une région généreuse et ouverte sur l'autre, il peut aussi y avoir des gens qui ont une conception malheureusement très fermé. C'est bien dommage surtout lorsqu'on est intelligent comme Collard. C'est triste que l’intelligence ne nous fasse pas avancer les uns et les autres. Le plus horrible, c'est quand l'intelligence construit des murs.

Baptiste Manzinali

Baptiste Manzinali

Actualités

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio