Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 22.02.2016 - thierry-allard - 5 min  - vu 207 fois

FAIT DU JOUR Politique nationale, locale, avenir politique : Patrice Prat dit tout

Le député du Gard Patrice Prat (Photo d'archives : Thierry Allard / Objectif Gard)

Député PS tendance frondeurs de la troisième circonscription du Gard, Patrice Prat donne le fond de sa pensée sur les sujets qui agitent la vie politique nationale, locale mais aussi sur son avenir. Le parlementaire le fait avec une liberté de parole revendiquée : « et si ça ne fait pas plaisir, tant pis. »

Politique nationale

Objectif Gard : que vous inspire l’avant-projet de loi sur le travail porté par la ministre Myriam El Khomri, critiqué par l’aile gauche du PS ?

Patrice Prat : à ce stade, il m’inspire sincèrement de la crainte. Le fait qu’aujourd’hui le gouvernement se préoccupe du code du travail, vu la trajectoire prise depuis quatre ans, ne me rassure pas. Après il y a aussi un besoin de toilettage et de modernisation du droit du travail, pour tenir compte des évolutions, mais veillons à ce que le code du travail reste dans le sens du progrès humain et économique et ne soit pas synonyme de régression. En l’occurrence de ce que je sais du texte, je constate l’intérêt pour les entreprises mais je ne vois rien dans l’intérêt des salariés. On nous parle d’introduire de la flexisécurité, mais ce qui ressort déjà c’est qu’il y aurait davantage de flexibilité que de sécurité. Or il faut rechercher l’équilibre pour les deux parties, salariés et entreprises.

L’avis du parlement ne sera peut-être même pas demandé, puisque l’exécutif a brandi la menace du 49.3

Le 49.3 est l’arme fatale, mais c’est plus la démonstration de l’impuissance de l’exécutif que de sa toute puissance. Quand on utilise le 49.3 sur des sujets sensibles, qui divisent, on prend le risque de provoquer des tensions et de fragmenter un peu plus la société.

Vous faites partie des frondeurs au PS, et vous avez pris position contre la politique gouvernementale à plusieurs reprises. Vous reste-t-il des points d’accord avec le gouvernement socialiste ?

Il m’en reste quand par exemple on maintient ou on réaugmente les budgets de l’Education nationale, de la sécurité, de la défense, de la justice, malgré un contexte budgétaire difficile, même si c’est insuffisant.

Autre exemple : d’une certaine manière, si le CICE (le Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi, ndlr) avait été conditionné, il aurait pu avoir des effets positifs. En économie, je considère que l’entreprise est un sujet essentiel, libérer les entreprises, soutenir la vie économique, ça me va très bien. Le fait que le gouvernement ait renoué avec un Etat stratège et avec un patriotisme économique, même si c’est pus tiède depuis le départ d’Arnaud Montebourg, je m’y reconnaissais.

L’avant-projet de loi sur le travail « m’inspire sincèrement de la crainte »

En parlant d’Arnaud Montebourg, dont vous êtes proche, vous avez de ses nouvelles ?

J’en ai tous les jours, il se porte très bien. Il se préoccupe de ses nouvelles activités professionnelles, il investit dans des entreprises, notamment dans l’écologie.

L’écologie ? Il n’était pas pour le gaz de schiste ?

Attention, il a dit qu’il ne fallait pas s’interdire la recherche sur tous les sujets, y compris celui-là. Mais il est contre la fracturation hydraulique, tout en affirmant que la recherche dans ce domaine comme dans d’autres pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour redresser le pays.

Il pense à 2017 ?

Beaucoup y pensent pour lui. Il n’a pas arrêté de décision. Il y a encore quatre à six mois pour voir si la mauvaise trajectoire du pays se confirme et si son diagnostic était le bon. Pour l’instant, il est très juste.

Politique locale

Au niveau local, quels sont les sujets qui vous préoccupent dans votre circonscription ?

La revitalisation du secteur d’Aramon, avec la fermeture de la centrale EDF. Autre sujet préoccupant, le tournant d’Areva, et ses conséquences aussi bien pour les salariés du groupe que pour le tissu des sous-traitants qui est en souffrance, avec un manque de lisibilité sur l’avenir. Je déjeune avec le ministre de l’Economie Emmanuel Macron pour parler de ce sujet prochainement à Bercy, puisque je suis le parlementaire référent sur le sujet, je siège dans le comité stratégique de la filière nucléaire.

En ce moment, il y a aussi les fermetures de classes, à Saint-Bonnet-du-Gard et Roquemaure. Pour Saint-Bonnet-du-Gard, avoir trois niveaux dans une seule et même classe, ce n’est pas tolérable, je le dirai au DASEN (le directeur académique des services de l’éducation nationale, ndlr).

« Que Carole Delga ou Fabrice Verdier ne s’appliquent pas le non cumul, ça m’exaspère »

A l’échelon local toujours, l’agglo du Gard Rhodanien, où vous êtes conseiller communautaire, va voter prochainement son budget. Comment abordez-vous cette échéance ?

Personnellement j’ai déjà alerté il y a plusieurs mois sur la mauvaise trajectoire que prenait la communauté d’agglomération. Cela m’a été reproché par ma propre famille politique, mais ce qui m’importe c’est l’intérêt supérieur de mon territoire. Je considère que nous manquons de méthode et de stratégie claire sur l’avenir de l’agglo. Je demeure préoccupé par l’avenir budgétaire ainsi que sur l’état d’esprit même de l’agglo, mais je ne veux être blessant pour personne. Aujourd’hui il y a trop de communication, de saupoudrage, et une insuffisance de l’efficacité sur le terrain. Et si je me fais absent à l’agglo, c’est que je ne veux pas qu’on me prête des intentions que je n’ai pas, je ne revendique aucune responsabilité.

J’ai fait le choix du non cumul strict, je compte l’appliquer jusqu’au bout. Sur ce point, que Carole Delga (nouvelle présidente de la région et députée, ndlr) ou Fabrice Verdier (conseiller régional, maire et député, ndlr) ne s’appliquent pas le non cumul, ça m’exaspère, ça me rend triste car c’est ma famille politique qui ne se l’applique pas. Quant au FN qui nous fait la leçon, ses élus sont des cumulards aussi, après avoir critiqué le système, ils s’y fondent avec délectation.

Avenir politique

En parlant de mandat, vous pensez à 2017 ?

Si la question est de savoir si je suis candidat à ma propre succession, oui bien sûr. J’ai la prétention de considérer que je suis le seul rempart contre le FN. En 2017, soit ce sera moi qui la remporterai (la troisième circonscription, ndlr), soit le FN. C’est pour ça que je suis candidat.

Et aux municipales de 2020, pourquoi pas à Bagnols ?

Je suis très sollicité. On me prête plein d’intentions à Bagnols ou ailleurs, je suis flatté par ces sollicitations mais aujourd’hui je suis totalement concentré par mon travail de parlementaire, même si je suis très critique sur le système politique et le fonctionnement institutionnel. Mais c’est de l’intérieur que je veux les faire évoluer vers plus de transparence, parler vrai, être cohérent, audacieux, innovant.

« Si le PS demeure tel qu’il est, mon avenir n’est plus dans ce parti »

Votre avenir politique passe-t-il toujours par le PS ?

Si le PS demeure tel qu’il est, mon avenir n’est plus dans ce parti. Ce parti n’est plus qu’un théâtre d’ombres et n’est plus que l’ombre de lui-même. Si la question est de savoir si en 2017 je me présenterai avec ou sans le PS, sincèrement je m’en moque. Ma culture personnelle est à gauche, socialiste, mais je n’en fais pas une religion. Mais au delà de ma culture, je veux garder mon indépendance d’esprit, ma liberté de ton, avec toujours en priorité l‘intérêt supérieur de mon territoire de ses habitants plutôt que ma famille politique. Je dis les choses, je les assume pleinement. Si ça ne fait pas plaisir, tant pis.

Propos recueillis par Thierry ALLARD

Thierry Allard

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