Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 23.03.2016 - coralie-mollaret - 5 min  - vu 822 fois

FAIT DU JOUR Ses amis, ses amours, ses emmerdes… Les 15 ans de mandat de Jean-Paul Fournier !

Jean-Paul Fournier. Photo : EL/OG

Ce 18 mars 2016 a marqué les 15 ans au pouvoir du maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier. Sous son air réservé, presque timide, se cache un homme autoritaire et tranchant. Des traits de caractère que le septuagénaire assume sans pudeur.

Objectif Gard : Aimez-vous Aznavour ? 

*Portrait de Charles Aznavour par Jean-Paul Fournier. Photo tirée du livre du maire de Nîmes "Confidences au coeur de Nîmes" (Édition NPL).

Jean-Paul Fournier, étonné : Oui… J’ai réalisé un portrait de lui à l’Institut supérieur de publicité de Bruxelles*. J’ai beaucoup d’admiration et de respect pour cet homme. Il a démarré de rien et s’est hissé au sommet.

Nous allons parler ici de « vos amis, vos amours et de vos emmerdes », pour reprendre l’une de ses célèbres chansons. En 15 ans de mandat à la tête de Nîmes, il a dû s’en passer des choses… 

Ah, j’ai tout eu ! Mais on ne va pas s’en plaindre, nous faisons partie des gens privilégiés dont la vie professionnelle est riche et connaît une certaine réussite.

Cela fait 15 ans que vous êtes maire. Vous avez remporté les Municipales, le 18 mars 2001. Racontez-nous ce fameux soir.  

On avait une permanence boulevard Jean-Jaurès, elle était bondée ce soir-là. Alors, avec une équipe resserrée, nous nous sommes isolés dans le garage Martin, route de Montpellier pour suivre les résultats. Quand ils ont été définitifs, j’ai vu mon visage sur TF1 ! Ce fut un moment d’émotion. Et puis, je me suis dirigé au fond de la carrosserie pour être seul. J'ai sangloté un peu (ses yeux brillent). J’ai pensé à mon père...

Votre victoire n’était pas gagnée d’avance… 

Pas du tout ! En 1995, nous avions perdu la ville parce que nous étions divisés avec d'un côté Jean Bousquet, et de l'autre Camille Lapierre. Au lendemain de notre défaite électorale j’ai pris les devants : j’ai appelé Midi Libre pour dire que je serai candidat en 2001. Je savais que Bousquet ne siègerait pas dans l’opposition.

À l’époque, Midi Libre titrait « Jean-Paul Fournier candidat en 2001, Odyssée de l’espace ». Pas très flatteur…  

C’est vrai. (Il s'éclaircit la gorge). On va dire que l’important c’est que l’on parle de vous...

Ses amis

Pour en arriver là où vous en êtes aujourd'hui, il faut bien couper quelques têtes, non ? 

Je n’aime pas le terme « couper des têtes ». C’est vrai qu’il y a des gens que l’on a un peu poussés… Alain Boule, ancien secrétaire départemental du RPR en fait partie. C’est un homme plein de qualités, mais il avait perdu les Législatives de 1986 qui, à l’époque, étaient un scrutin de liste. La politique, ce n’est pas un jeu d’enfant, c’est cruel. Toutefois, j’estime être une main de fer dans un gant de velours (Il sourit). 

Le maire de Nîmes Jean-Paul Fournier et son ami et adjoint en charge de la sécurité Richard Tibérino. Photo : Coralie Mollaret / Objectif Gard

Vous êtes entouré d'un petit cercle de proches. Est-ce la politique qui vous les a faits rencontrer ?  

Oui. Il y a Chantal Barbusse, Richard Tibérino, Richard Flandin… Je ne devrais pas citer de noms, je vais oublier des personnes ! (Rires) Ils m’ont fait confiance dès le départ, aux municipales de 2001. À l’époque, nous nous réunissions tous les lundis dans une permanence que je louais, 1 rue Porte de France, pour préparer le programme. Je me rappelle encore de notre affiche que j’avais moi-même réalisée : « Le Défi » avec une flèche vers le haut. On peut dire que c'est la plus belle preuve de fidélité en politique.

Et quelle est la plus grande trahison ? 

C’est le retrait de mes délégations, à deux reprises, par Jean Bousquet. Je me souviendrais toujours de la dernière, celle de 1991. J’ai appris la nouvelle à l’aéroport où j'attendais de partir pour le Japon. Nous étions contre l’acquisition par la ville du Cheval Blanc. Nous lui avions dit que nous étions des libéraux et que la mairie n’avait pas à gérer des hôtels… Ça ne s'oublie pas.

Aujourd'hui vous faites la même chose avec les centristes... 

Je l'ai fait deux fois avec François Van De Ville (2003) et Jean-Marc Soulas (2014). Le premier était président du groupe centriste. Il avait payé son abstention sur l'une de mes décisions en conseil. Une majorité, ça doit marcher avec les décisions du maire, prises en amont et en équipe. Et puis, le second, Jean-Marc Soulas, m'a mis injustement en cause dans des malversations concernant le festival de jazz de l'Agglo.

Yvan Lachaud, adjoint UDI aux finances de la ville de Nîmes et président de Nîmes Métropole.

Nous n'avons pas évoqué Yvan Lachaud, votre adjoint UDI aux finances et président de Nîmes Métropole. Dans quelle catégorie le rangez-vous : fidélité ou trahison ? 

(Il sourit de nouveau). Ni l’un ni l’autre. On accorde tant bien que mal nos différences. Moi, je suis quelqu’un qui prend des décisions et qui ne tergiverse pas. Lui, il cherche le consensus. Il dit quelque chose et revient dessus ensuite… Ce n’est pas ma conception de la politique.

Parfois consulter, cela permet d'éviter de faire des erreurs, comme celle de l'abattage des arbres sur le Victor Hugo il y a 4 ans... 

Ce n'était pas une erreur ! Je persiste à dire que j'avais toutes les autorisations ! Est-ce que c'est à la justice de décider de l'action des élus ? Aujourd'hui les associations ont trop de pouvoir. Elles peuvent vous bloquer des projets, ce qui coûte des millions d'euros. Au Sénat, j'avais proposé une loi pour limiter ces recours... Ça n'a jamais marché.

Ses amours 

Parlons de sujets plus doux... Vous avez deux grands amours dans la vie : la famille et la politique. Comment les concilier ? 

Ce n'est pas facile. En politique, on voit souvent des couples qui se séparent. Moi, si je n’avais pas eu ma femme militante et mes filles, ça aurait été très difficile. J'ai été souvent absent, il y a des choses que j'ai manquées.

Finalement, vos 15 ans de mandat, ce sont aussi ceux de votre épouse ? 

(Rires). On peut dire ça. Elle est très présente et sent souvent les choses. Par exemple, elle me dit parfois de faire attention à certaines personnes qui m’entourent... Elle est très jalouse !

Avez-vous des passions que les Nîmois ne vous connaissent pas ? 

J’aime les voyages. J’ai visité une cinquantaine de pays, mais à mon goût je n’en ai pas fait assez. Je rêve d’aller à Angkor au Cambodge. Et puis, je suis un très grand amateur d’art africain : culture, tapis, cannes… Ma femme me dit d’ailleurs d’arrêter d'en acheter, on ne sait plus où les mettre à la maison !

Ses emmerdes  

Dernier registre : les « emmerdes ». En 15 ans, il y en a eu quelques unes... 

Oui. Je reste meurtri par l'affaire dite du « Diamant noir » (2003). J’étais dans l’innocence la plus complète. Parce que j’ai voté, en conseil communautaire, le raccordement en eau potable d'un terrain que j'avais cédé, on est allé dire que je voulais m'enrichir. C'est ridicule. En plus, à l'époque Noël Mamère débutait sa carrière d'avocat et sa plaidoirie avait été particulièrement abominable.

D’autres affaires ont entaché la municipalité (l'Affaire Caugy, la Senim...). Pourtant, à chaque fois, les électeurs revotent pour vous et votre équipe. 

Dans les affaires que vous citez, je n'ai jamais été mis en cause personnellement. Par ailleurs, je pense que les gens jugent sur le travail qui a été accompli. Vous savez, une fois sorti de l’histoire du Diamant Noir, personne ne m’en a plus jamais parlé.

Franck Proust aux côtés de l'ancienne ministre Rachida Dati. Photo : Coralie Mollaret / Objectifgard Gard.

Vous avez un dernier souci : qui pour vous succéder à la mairie ? 

À mes yeux c’est Franck Proust. Mais le veut-il vraiment ? La question peut se poser. Il s’investit beaucoup dans l’Europe. Il pourra très certainement avoir un avenir national en tant que ministre ou secrétaire d’État. Je ne sais pas ce qu’il va décider…

Imaginons : aux Municipales de 2020, le FN ou la gauche sont en situation de prendre la ville. Que feriez-vous ?

Je ferai tout pour qu’elle ne bascule pas. Mais pour l’instant, finissons ce mandat et au moment venu nous aurons une réflexion.

Pensez-vous que votre épouse vous laissera vous représenter ? 

(Il sourit). Peut-être bien, cela lui éviterait de m’avoir à la maison…

Propos recueillis par Coralie Mollaret

Coralie Mollaret

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