Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 31.03.2016 - anthony-maurin - 3 min  - vu 535 fois

NÎMES Pissevin se projette sur les tours et les barres de son "village"

Un clin d'oeil? Non, un oeil bien ouvert sur le quartier et ses valeurs (Photo Anthony Maurin)

Cécile et Gaël vont illuminer de leur travail un quartier sensible et aimant (Photo Anthony Maurin)

La restitution de 5 mois de travail est attendue par plus de 11000 habitants du quartier de Pissevin à Nîmes. La projection de "Colorité bonheur" sur les tours et barres du quartier fera de ce moment un instant de cohésion sociale et de partage qui mettra en valeur ce lieu déconnecté du centre-ville.

Wako est spécialisée dans l'art documentaire au sein de l'espace public. Fondée par Cécile Plantin et Gaël René à Frontignan, la structure repositionne l'humain dans l'urbain. Dernière création en date, Colorité Bonheur Pissevin sera restituée au quartier ce 31 mars à partir de 19h30 place Watteau par le biais d'une grande projection d'images et de videos.

"Il s'est passé un truc, des belles rencontres, des émotions, des paroles, des images, des regards... Quelque chose a été déverrouillé et, petit à petit, la confiance s'est gagnée" avoue Cécile Plantin, réalisatrice et photographe.

En partie démolie, la barre Fragonard est le théâtre d'une série de collages (Photo Anthony Maurin)

Photos, videos, installation plastique, street art, ateliers graphiques, ateliers d'écriture... La restitution de ce travail long de 5 mois se fera sous plusieurs angles et par différents médias.

"La projection sera immersive, même sur la barre Fragonard qui est en train d'être démolie. Place Watteau, chaises, bancs et tables seront là pour accueillir le public qui pourra voir sur la barre la plus proche les projections videos sur 36 mètres de haut! A côté, les porteurs de paroles évoqueront leur mémoire, leurs sentiments, leurs émotions... Une grande soupe symbolique sera partagée et une batucada ambiancera le quartier jusqu'à 23h" poursuivent les artistes.

Le projet devrait être d'ailleurs être reconduit, dans le meilleur cas pour trois ans si les aides arrivent à Wako. Wako reviendra et couplera Pissevin à Valdegour puis reliera les deux entités au centre-ville en tissant la même toile que Cécile et Gaël ont pu confectionner pour ce Colorité Bonheur de Pissevin.

Pour Raouf Azzouze, de l'association Mille Couleurs, "C'est la première expérience de ce genre dans le quartier! L’État avait des subsides et nous avons déposé un dossier. Il fallait que le projet parle des valeurs de la République et Wako a proposé quelque chose en adéquation. Nous avons de l'ambition car ici, il ne se passe rien alors, valoriser la parole de ces habitants et l'afficher en grand sur les immeubles et en centre-ville, c'est bien!". Car si vous ne pouvez pas vous rendre ce 31 mars à 19h30 à Pissevin, les projections seront diffusées en centre-ville au Prolé les 1er et 2 avril et au Spot le 3 avril dans le cadre de Je M'aNîmes.

Les gens ne voulaient pas forcément s'afficher en grand sur les immeubles, mais se réapproprier cet espace est une excellente chose. "Récolter la parole a été difficile, je ne me suis jamais prise autant de lapins que lors de ce travail... Une femme est venue me voir en pleurs pour me dire qu'elle abandonnait à cause de son fils de 17 ans qui ne voulait pas la voir ainsi mise en valeur. Je pense que ce travail va libérer la parole car nous touchons toute la population entre 20 et 80 ans!" note Cécile.

De son côté, Gaël s'est frotté à d'autres problèmes... "Les collages sont aussi régulièrement décollés mais on ne lâche rien, on recolle derrière et ainsi de suite! On a toujours le dernier mot!". Les associations s'institutionnalisent et avec ce genre de projet, elles retrouvent du sens à leur démarche. Des idées reçues vont voler en éclats, le "fier d'être de Pissevin" sera à la mode et ces moments humains changeront l'image que l'on se fait de ce quartier méconnu.

Voir Pissevin en grand et ouvrir les yeux sur les ressources de ce quartier méconnu (Photo Anthony Maurin)

"Nous nous sommes renseignés sur le quartier que nous ne connaissions pas et quand on a vu sa réputation... Il y avait peu de choses positives! Quand nous sommes arrivés, nous avons trouvé des "fixeurs" des gens qui connaissent le quartier et les personnes qui l'habitent. Nous nous sommes vite rendus compte qu'il nous fallait apprendre ce qu'ici veulent dire fraternité et solidarité! Ici, c'est pas le problème, il y a un vrai vivre ensemble.. Certains apprennent la notion de racisme à la télévision car ils ne sortent pas du quartier. Quand ils vont en ville c'est l'enfer, ils se font contrôler tout le temps alors que s'ils restent à Pissevin, leur vie est bien mieux" évoque Gaël René, architecte et scénographe.

Le quartier peut changer avec les gens si on fait ce travail à leur côté. Une cinquantaine de jeunes en service civique a pu aider Wako dans son travail en collaborant avec Unis Cité. Les collages, les créations artistiques, écrites, ou encore les projections géantes d'hommes et femmes humbles et aimants sur l'immensité de leurs barres quotidiennes nous feront regarder la cité différemment en songeant à cette aventure humaine hors du commun.

Toutes les manifestations sont bien évidemment libre d'accès et gratuites!

Anthony Maurin

Actualités

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio