Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 15.04.2016 - anthony-maurin - 4 min  - vu 319 fois

GARD Nouveau plan de lutte contre le racisme et l'antisémitisme

Arrivé au centre André Malraux, Gilles Clavreul a vu une exposition et a discuté avec les associations du quartier du Chemin-Bas d'Avinon à Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Le Comité Opérationnel de lutte contre le Racisme et l'Antisémitisme vient d'être lancé suite à la venue dans le département de Gilles Clavreul, délégué interministériel en charge du lourd dossier.

Le Gard est assommé par des chiffres évocateurs. Racisme, antisémitisme ou xénophobie sont ici à leur aise ou presque... Pour preuve, ce genre de d'actes connaît une nette recrudescence avec un bond de 52% entre 2013 et 2015! Multiplication des incivilités, des injures ou des agressions font croître un sentiment que nul ne souhaite connaître, l'insécurité.

Porte d'église griffonnée d'inscriptions "anti-françaises", paillasson de mosquée brûlé ou encore croix gammées sur les murs d'une école. Notre département n'est pas serein. Pourtant, dans son histoire, le Gard a toujours été accueillant, mixant les générations successives d'immigrés. Italiens, Espagnols, Portugais mais aussi les enfants venus du Maghreb, des pays de l'Est ou des Comores. Ce territoire en grande précarité est donc fragile. Les restructurations industrielles, la modernisation de l'agriculture sont à la pointe des raison de la crise économique et sociale qui règne dans notre département. Depuis 2008, le taux de chômage ne cesse de croître, dépassant aujourd'hui les 14%, ce qui nous place sur la troisième marche nationale en la matière (derrière nos voisins des PO et de l'Hérault).

Ghettoïsation et fracture communautaire. Certains quartiers sont composés à plus de 26% par une population immigrée et à 13% d'étrangers alors que les moyennes nationales sont 3 fois et 2 fois moindres... A ce phénomène, il faut ajouter le fait qu'1 Gardois sur 10 vit en zone où la Politique de la Ville se met à agir!

Au centre André Malraux du Chemin-Bas d'Avignon (Photo Anthony Maurin).

Dans le cadre du nouveau plan national visant à lutter contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie, Gilles Clavreul, délégué interministériel en charge du CORA, n'est pas inconnu dans le département. En effet, il a été le directeur de cabinet du Préfet Michel Gaudin au début des années 2000. Une visite gardoise qui lui rappelle quelques souvenirs. "C'est mon 24ème CORA mais pour moi, ici, c'est un peu particulier. Le projet de loi vient d'être présenté en Conseil des Ministres, c'est une avancée très attendue, contestée par certains mais bon... Nous ne nous laisserons pas faire et nous réagissons face à l'obscurantisme de l'extrême droite identitaire virulente tout comme d'autres blocs identitaires tout aussi virulents qui sont homophobes, qui utilisent la théorie du genre, qui sont anti-système, qui usent la théorie du complot, qui se radicalisent dans les religions... La République, c'est le multiple, la diversité... Pas l'uniformité ou l'uniforme! C'est cela qu'il faut combattre, d'où qu'ils viennent, ce sont nos ennemis. Nous constatons que les propos racistes, antisémites ou xénophobes gagnent du terrain. Arrêtons d'admettre l'inadmissible, on a vu le prix à payer quand on met la poussière sous le tapis, c'est le 21 avril 2002".

Ça fameux CORA devra en priorité mobiliser les Gardois contre ces phénomènes, sanctionner chaque acte du genre et protéger les victimes. Il devra aussi protéger les utilisateurs d'Internet quant à la propagande qui y est diffusée et former des citoyens par la transmission, l'éducation et la culture. Gros programme donc. Pour Didier Lauga, Préfet du Gard, "C'est le deuxième CORA que je mets en place. Oui, il faut le réaffirmer haut et fort au nom de nos idéaux démocratiques et républicains que le racisme n'est pas une opinion mais un délit. Le rejet de l'autre, au prétexte qu'il est différent, a donné lieu dans l'histoire de l'humanité à de terribles dérives. Je pense au massacre des Italiens à Aigues-Mortes en 1893 ou aux événements de 2012 toujours dans la même cité mais aussi au Cailar. Le racisme et l'antisémitisme sont l'obscurantisme de régimes délirants et totalitaires qui aujourd'hui renaissent, à travers le monde, sous d'autres formes toutes aussi mortifères. A la barbarie, nous devons opposer l'Etat de droit".

La fresque réalisée par l'association La Ruche, une évocation au voyage, à l'immigration, aux quartiers et à la paix (Photo Anthony Maurin).

Du monde, beaucoup de monde lors de la journée spéciale. Visite gardoise puis visite nîmoise pour Gilles Clavreur. Un tour au Centre André Malraux du Chemin-Bas d'Avignon afin de parler avec les associations et voir une exposition réalisées par les enfants de la structure, un passage devant la fresque réalisée par La Ruche et, pour la signature du CORA, la salle de la Préfecture un peu trop exiguë, petit déplacement dans les locaux du Conseil départemental.

Pour Isabelle Fardoux-Jouve, conseillère départementale déléguée à l'Egalité femme-homme et à la lutte contre les discriminations, représentant le Président Denis Bouad, "Les époques changent mais pas les bonnes vielles recettes des litanies populistes... Il y a urgence à s'engager. Le Gard n'a pas à rougir de ses actions mais cela ne suffit plus. Lutter contre l'obscurantisme passe aussi par la culture. Un colloque sur les mécanismes fascistes se tiendra d'ailleurs à la rentrée prochaine du côté de Monoblet".

Enfin, Laure Beccuau, Procureur de la République de Nîmes, en réunion sur le renseignement suite aux événements que connaît notre pays évoquait que "Des réponses sont à construire mais nous sommes déjà prêts à agir, cependant, les moyens manquent. Il faut craindre le racisme ordinaire et entrer dans un cercle vertueux car nous pouvons encore agir".

Les instances et autorités gardoises lors de la signature du CORA (Photo Anthony Maurin).

Nous reviendrons plus en détails sur les mesures qui accompagneront le CORA.

Anthony Maurin

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