Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 20.04.2016 - anthony-maurin - 4 min  - vu 289 fois

FERIA D'ALES L'Ascension d'un idéal, l'enjeu primordial

Manuel Escribano, banderillero hors-pair, sera là pour le spectacle mais aussi pour ses qualités taurines (Photo Archives Anthony Maurin) - FRANCHI Jean Claude

Manuel Escribano ici à Arles lors de la dernière feria de Pâques, vient de réaliser l'exploit de gracier un toro de Victorino Martin dans les arènes de Séville (Photo Anthony Maurin)

Le feria de l'Ascension édition 2016 risque de sonner différemment. Si la direction des arènes vient d'être reconduite pour 3 ans, les nouveautés garnissent le programme des arènes et le spectacle sera au rendez-vous.

Annoncer ses cartels trop tôt quand on est une feria située en début de saison est toujours une fausse bonne idée. Les directeurs des arènes se rappellent bien les derniers moments de la temporada passée mais hommes et toros seront-ils dans la même dynamique quelques mois après l'arrêt des jeux? Pas sûr... Mais cette année, Didier Cabanis, Philippe Cuillé et Pierre Cuillé ont eu le nez creux!

Première corrida de cycle, celle des Français, enfin presque. Les toros seront tous issus de ganaderias françaises mais du côté des piétons, seul le dernier en piste connaît le chant du coq. Une grande corrida concours, nouveauté assurée par la direction des arènes, verra se toiser les pupilles d'Yonnet, de Dos Hermanas (Laugier),  de Jalabert, d'Astarac (Darret), de Margé et de Cuillé. Certes, le Sud-Est sur-représenté mais c'est bien normal au vu des qualités du bétail local! Du sang divers et varié promettant des assauts tantôt violents, tantôt suaves mais toujours dans le tempo de l'aficion alésienne qui apprécie ce genre de course dans les arènes du Tempéras.

Face à ces cornus, Uceda Leal, Manuel Escribano et Thomas Dufau. Le chef de lidia madrilène est lui aussi apprécié des arènes alésiennes. Sa tauromachie froide mais franche et sincère lui offre une carrière longue parsemée de coups d'éclats. A presque 40 ans, il ne torée plus qu'une dizaine de corridas par an mais son nom reste dans les mémoires comme un synonyme de professionnalisme. Le vrai grand coup de cette feria, c'est Manuel Escribano qui l'offre sur un plateau à l'aficion cévenole. Le jeune natif de Gerena vient de gracier un toro de Victorino Madrid à Séville! Oui, oui, vous avez bien compris... Celui qui était dans le dur il y a encore quelques semaines fait un début de temporada très remarqué en s'assurant ainsi une saison placée sous le signe de la grâce. Capeador de talent et banderillero de génie, on sait à présent que le jeune sait aussi toréer et transmettre les émotions nécessaires aux triomphes. Enfin, c'est le Montois Thomas Dufau qui parachèvera l'oeuvre. Cet hiver, il s'est beaucoup entraîné et arrive prêt à marquer chacun de ses contrats par le sceau de l'envie et du savoir-faire. Si le Français a souvent eu la possibilité de toréer dans les grandes arènes, il ne s'est pas encore installé parmi les cadors de l'escalafon, le classement des matadors de toros.

Thomas Dufau, ici lors du Printemps des Jeunes Aficionados à Vauvert en mars dernier (Photo Anthony Maurin)

Le dimanche en matinée, courte novillada de catégorie. Mano a mano opposant Manolo Vanegas à Alejandro Conquero. Un Vénézuélien, un Espagnol et pour les départager, quatre novillos de chez Cuillé, des Français. Ces novillos sont de qualité. L'empresa ne s'y trompe pas, ce sont les siens! En même temps et au-delà de toutes querelles de clocher, ils sont ici plus que légitimes. Rappelons que leurs dernières sorties furent toujours de qualité. Par contre, au centre de l'anneau face à eux, voilà deux jeunes qu'il faudra découvrir ou redécouvrir. Si vous connaissez le premier car il est déjà venu à de multiples reprises dans le coin, le second est plus discret par chez nous. Manolo Vanegas a déjà triomphé à Alès, en novillada sans picadors il y a 3 ans. A 22 ans, le sud-américain apodéré par la direction des arènes a connu une saison 2015 bien remplie avec une quinzaine de rendez-vous pour 22 oreilles et 1 queue coupées. Du même âge, Alejandro Conquero est plus fougueux. Il s'est tout de même présenté à Madrid l'année dernière mais sans grand succès après avoir planté ses genoux en terre pour accueillir son novillo. Par contre, en 26 novilladas, il coupera 34 oreilles.

Javier Cortes ici lors du Printemps des Jeunes Aficionados à Vauvert en mars dernier (Photo Anthony Maurin)

Enfin, dernière corrida de cycle avec une course complète du Curé de Valverde pour Octavio Chacon, Alberto Lamelas et Javier Cortes.

D'origine Conde de la Corte, il y a 30 ans, les exemplaires du "Curé" de Valverde faisaient fureur. Ils étaient programmés partout et connaissaient un âge d'or que Jean-Louis Couturier, en rachetant la ganaderia, est en train de remettre en ordre de marche. En effet, voilà 4 ans, le Camarguais rachetait le troupeau et amenait les bêtes de Salamanque vers la fertile plaine de la Crau dans une finca de toute beauté. Alès aime les toros cogneurs, ceux du Curé de Valverde ne le sont pas tant que ça. Pourtant, leur répétition après leur belle présentation l'année dernière ne choque personne, signe qu'il se passe quelque chose et que les toros seront la clé de cet après-midi de clôture. Car face à ces bêtes aux cornes acérées, trois maestros éclectiques. Octavio Chacon sera le chef de lidia de cette corrida spéciale. Le trentenaire a des faux airs de chanteurs d'opérette mais participe quand même à une dizaine de courses par an. Il viendra en terre cévenole pour voir s'il peut s'ouvrir d'autres portes que celles des arènes d'Alès. En deuxième, Alberto Lamelas. Il s'est blessé l'année dernière dans ces mêmes arènes donc il est tout à fait normal de le revoir cette année prendre une sorte de douce vengeance contre le sort. C'est un puncheur, un cogneur, un gars qui n'hésite pas à mettre la jambe pour faire avancer le toro. Se frotter à ces bestioles, il sait faire malgré les blessures. L'envie est encore là, Robert Pilès, le gourou l'a remis sur de bons rails. Enfin, Javier Cortes. Apodéré par Stéphane Fernandez Meca et Manuel Campuzano, le jeune natif de Getafe connaît des débuts de carrière avec les hauts et les bas habituels. Il a une gestuelle édulcorée mais efficace, il aime la douceur et les passes longues et lentes, il tirera toute la noblesse des charges proposées par les toros du Curé de Valverde, c'est un choix judicieux pour un feu d'artifice final!

Anthony Maurin

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