Corrida décevante de Zalduendo pour l’alternative de Gines Marin, Morante de la Puebla et David Mora. Marin et Mora couperont une oreille, Morante entendra une belle bronca.

Gines Marin devait être le deuxième novillero à devenir matador de toros à Nîmes lors de ce cycle de Pentecôte. Programmé un dimanche matin au côté de l’artiste Morante de la Puebla, on attendait de lui quelques beaux gestes. Il en fera et démontrera son pundonor sur son second toro.

Gines Marin est un jeune qui a du talent, un vrai savoir-faire et une envie à toute épreuve. Le maestro venait à Nîmes pour le démontrer et pour tenter de sortir en triomphe de sa corrida d’alternative. Les choses commençaient plutôt bien avec son premier opposant qui sortait du lot fade de Zalduendo. Du moteur, de la noblesse, une charge suave, il n’en fallait pas moins pour mettre le piéton à l’aise. Il s’engage pleinement dans la partie, le toro l’aurait suivi jusqu’aux enfers. Même à quelques secondes de mourir, il suivait la muelta contre les planches… Incroyable ! Le torol aura permis au torero de se montrer. Le jeune appuiera sur l’accélérateur et profitera de l’aubaine. Cependant, son toreo varié et efficace a montré quelques limites. Marin coupera une belle oreille.

Comme hier avec Enrique Ponce, passons en vitesse sur les prestations de Morante de la Puebla. Le public le sait, l’artiste est rarement artiste et quand il ne l’est pas, il chiffonne… Aujourd’hui, sa tête était certainement ailleurs car lors de ses deux duels, il n’aura rien tenté de significatif pour s’accorder à ses opposants. Pire, sur son second, il entendra gronder une belle bronca d’un public désabusé de le voir se comporter avec autant de légèreté. Piqué dans son orgueil surdimensionné, il pèguera deux chicuelinas, pas très belles, qui apaiseront un temps les tendidos avant que Morante ne prenne l’épée de mort quelques instants après le début de sa faena.

David Mora revenait à Nîmes après sa grave blessure madrilène. L’envie pouvait se lire sur son visage et son poignet mais son lot de toros ne lui permettra guère de s’exprimer pleinement. Un beau quite au capote, une entame de faena dans le dos, quelques naturelles de bon aloi et une épée sincère lui vaudront un mouchoir blanc donné par Richard Tibérino, adjoint au maire de Nîmes.

Second duel plus lent à démarrer pour David Mora. L’Espagnol poursuit son bel effort au capote, s’enroule dans de belles chicuelinas et offre son toro à la doyenne des gardois, 107 ans, venue voir sa première corrida ce matin. Le geste plait au public qui se met à juste titre à soutenir l’humain plus que le torero. Cependant, le toro manquera de transmission et s’éteindra rapidement. Salut pour Mora qui ne pouvait pas faire plus.

C’est donc en maestro libre que Gines Marin attaquait son ultime duel. Il avait toutes les cartes en main pour sortir en triomphe… Le toro et les aciers l’empêcheront de briller. Après quelques muletazos intéressants et une paire de naturelles de domination, le jeune se fait prendre légèrement à la jambe. Il se relève, saigne un peu mais exécute une série de manoletinas. Un point perlé de sang sur son costume blanc, la gêne apparente de cette cornada allait se faire voir à la mort. La douleur freinait le maestro dans sa prise d’élan.