Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 28.05.2016 - abdel-samari - 2 min  - vu 187 fois

AU PALAIS « Je vis avec la peur. Il m’a battue pendant des années, maintenant il me harcèle »

Le palais de justice de Nîmes. (Photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

C’est un témoignage fort et émouvant. Delphine*, une frêle petite femme que l’on croit à peine sortie de l’adolescence veut témoigner. Elle trépigne d’impatience dans la salle d’audience du tribunal correctionnel de Nîmes. Elle semble attendre ce moment depuis des années. Alors, arrivée à la barre, elle jette d’un jet toutes les humiliations, toutes les souffrances endurées.  « Je vis avec la peur. Il m’a battue pendant des années, maintenant il me harcèle en permanence », déclare dans un silence de cathédrale la jeune femme qui a la frousse des excès de violences de son ancien compagnon. Mais si elle parle enfin c’est aussi dit-elle pour ses enfants.

« J’ai reçu mes premiers coups durant ma grossesse. Face aux coups, j’ai été obligée de fuir le foyer avec mes deux enfants sous les bras. J’ai repris contact avec lui après sa condamnation pour les violences qu’il m’avait infligées, pour mes enfants, car c’est leur père et je voulais qu’ils aient des contacts avec lui », poursuit la mère de famille visiblement meurtrie par la situation qui dérape sans qu’une solution puisse émerger.

Dans le box, son ancien compagnon, petit, répond d’une voix posée. Il paraît serein. Juste avant l’intervention de la mère de ses enfants, il se confondait en excuses, doux comme un agneau. Incarcéré depuis le 15 avril dernier, il regrette….

« Oui mais vous l’avez fait, c’est votre ancienne compagne et vos enfants qui souffrent de votre comportement, stoppe la juge Jennifer Jouhier. Les excuses après coup cela ne suffit pas, et cela n’empêchent pas de menacer votre ancienne compagne devant vos enfants. Tous les jours vous l’appelez, tous les jours vous la menacez. Vous menacez de la mutiler, de lui faire des cicatrices à vie, vous cassez sa porte », poursuit la magistrate. L’homme de 28 ans reprend son souffle devant la charge et complète :

« Je regrette, je fais ça lorsque j’ai bu. Mais le lendemain je l’appelle pour demander pardon. Je sais que ce n’est pas bien, je regrette, je regrette », essaie-t-il de convaincre.

Pourtant malgré les regrets, cet homme déjà condamné pour des violences sur sa compagne comparaît à l’audience en état de récidive. On lui reproche une nouvelle fois « des menaces réitérées de crime, des dégradations et des destructions de biens » appartenant à son ex. « La prison, les condamnations pour les mêmes faits, ne l’ont pas fait réfléchir. Il fait une obsession délirante sur son ancienne compagne », plaide le conseil de la jeune femme, Maître Agnès Tourel. Signe de cette obsession, en deux mois l’enquête a prouvé qu’il avait contacté 572 fois la mère de ses enfants, avec des menaces de mort enregistrées qu’il ne peut nier !

« J’ai peur, il a cassé ma porte. Tous les soirs je mets le frigo derrière la porte. J’ai peur qu’il ne commette quelque chose d’irréversible », tremble la jeune maman.

Le tribunal a entendu ses souffrances et a condamné le père de famille à 2 ans de prison ferme. Il reste en prison et il lui sera interdit à sa sortie de se rendre dans la région de Bagnols-sur-Cèze, zone où réside son ex-compagne.

*prénom modifié

Boris De la Cruz

Abdel Samari

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