Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 09.06.2016 - elodie-boschet - 4 min  - vu 191 fois

RING ÉCONOMIQUE Francis Cabanat : "Je ne suis pas un bonimenteur"

Francis Cabanat, président de la CCI Alès-Cévennes. Photo Élodie Boschet/Objectif Gard

En novembre prochain, les chefs d'entreprises voteront pour leurs représentants à la Chambre de commerce et d'industrie du département. Pour l'occasion, Objectif Gard fait monter les candidats sur le ring. Retrouvez ce jeudi l'interview complète de Francis Cabanat - président sortant de la CCI d'Alès - autour de trois thématiques : personnalité et politique, vision économique, et quiz sur le Gard. Second numéro avant le dernier rendez-vous à 16h. Restez connectés !

Objectif Gard : Aujourd'hui, les intercommunalités et la Région ont la compétence développement économique. A quoi sert encore la CCI et quelle est son rôle par rapport à l'emploi ?

Francis Cabanat : Les chambres de commerce et d'industrie accompagnent les entreprises, représentent leurs intérêts. Quant aux agglomérations et métropoles, elles aident plutôt à favoriser leur environnement. Nous, ces cinq dernières années, nous avons accompagné plus de 3 200 créateurs d'entreprises, 600 transmissions et 3 000 formalités à l'international. De plus, nous avons formé 2 630 apprentis sur Alès. Qui l'aurait fait si ça n'avait pas été les CCI ?

Comment se portent-elle financièrement ?

Leur situation est correcte malgré le fait que nous ayons été prélevés d'une façon très forte. Cela a impacté nos capacités d'investissement et de financement.

En cas de victoire, envisagez-vous un audit ?

Comme dans chaque entreprise ou filiale qui s'unissent, une analyse économique est obligatoirement effectuée. Cet audit stratégique doit permettre d'identifier ce qu'il faut continuer ou arrêter. Par exemple, le maire de Nîmes Jean-Paul Fournier souhaite créer un pole touristique à côté du musée de la romanité. La CCI de la rue de la République devra donc déménager pour laisser la place à cet emplacement touristique.

Désormais, Alès et Bagnols ont chacune une délégation. Un nouveau mode d'organisation va se mettre en place...

Oui, avec la création de différentes structures de pilotage. Il y aura un système de gouvernance à mettre en œuvre. Celle de l'industrie sera attribuée à Bagnols, en co-pilotage avec Alès, et celle du tourisme à Nîmes. On va casser la structuration par silo. Il faut mettre un management par projets de façon transversale, avec plusieurs chefs de projets. Nous avons besoins de pôles stratégiques très forts car c'est aujourd'hui une des faiblesses des CCI, en particulier celle de Nîmes mais aussi un peu celle d'Alès. Il faut unifier les territoires au lieu de les mettre en compétition comme le fait Henry Douais. Lui, il oppose Alès à Bagnols. Moi, ce sera Alès et Bagnols qui gagneront ensemble face à Toulouse.

Quelles sont les grandes lignes de votre programme ?

Je ne vous le donnerai pas aujourd'hui. Il est en cours de finalisation. C'est un programme ambitieux avec des stratégies et des plans opérationnels qui veulent repositionner le Gard face aux écosystèmes toulousains. Cela passe notamment par de la relocalisation industrielle, des partenariats avec Toulouse mais aussi par l'économie numérique.

Et dans le domaine de l'apprentissage ?

Une chose est certaine, il faut que nos industriels nous demandent toujours des apprentis à plus haut niveau : boulangerie, électrotechnique, carrosserie, etc. En gros, un jeune qui démarre par un CAP sera poussé à aller jusqu'au bac. Ensuite, comme nous l'avons fait sur Alès, nous allons généraliser à 100% le suivi des apprentis par des cellules de psychologues du travail. En France, nous sommes pour l'instant les seuls à le faire. Et cela porte ses fruits puisqu'en cinq ans, le taux de rupture est passé de 27% à 9% sur le bassin alésien.

Parlons commerce. Le centre-ville d'Alès semble se dépérir peu à peu avec de nombreux locaux à louer...

Depuis neuf ans, nous avons une structure fédératrice baptisée Alès cœur de ville qui rassemble la Chambre des métiers, la ville, la CCI et l'association des commerçants. Elle ré-imagine la piétonnisation, les flux de circulation, les parking relais, les navettes gratuites... Ce n'est pas parfait, mais c'est pas mal. Max Roustan, le maire d'Alès, a bien compris comment créer de l'attractivité avec la construction du multiplexe en centre-ville et pas à l'extérieur.

La piétonnisation, pour ou contre ?

Je suis pour, au moins pour les cœurs de ville. Je suis un initiateur des cœurs de ville. Ce que met en place Philippe Saurel avec la CCI de Montpellier va dans le bon sens. Je trouve que Bayonne est le centre-ville le plus abouti.

Si le centre commercial Porte Sud sort de terre à Alès, le risque de dépeuplement du centre-ville s'accroît...

Ça dépend de ce que l'on va mettre dedans. En effet, si c'est pour mettre le cœur de ville, je suis contre. Si c'est pour mettre des enseignes qui n'existent pas aujourd'hui sur Alès, ça m’intéresse. Mais nous devons étudier les évasions commerciales avant de décider.

Parlons maintenant gastronomie. Avec l'union des CCI, le salon Miam aura t-il toujours sa place à Alès ?

Le Miam est un produit typiquement ancré dans son territoire. Il est axé sur la qualité et la gastronomie et va au-delà des frontières alésiennes. Vous savez, je suis assez œcuménique. Je suis à Alès depuis de nombreuses années mais je ne suis pas pour autant un Alésien ou un Cévenol. J'ai cet avantage de ne pas être partisan, je suis simplement dans une recherche d'excellence.

L'excellence, c'est justement ce qui caractérise le projet Baron des Cévennes, lancé en 2013.

J'affirme ma paternité sur ce projet. Je surveille d'un œil ce qui se passe et ça marche plutôt pas mal. Nous avons une dizaine d'éleveurs basés dans les Cévennes gardoises et lozériennes. Ils travaillent selon un cahier des charges béton et sous l'autorité de grands chefs régionaux comme Nutile, Kayser, Fages, etc. Ils sont les garants de la qualité de cette nouvelle filière. Cette année, une centaine de cochons seront abattus. On espère atteindre 1 000 cochons par an soit une vingtaine d'éleveurs. Nous les aurons.

Un autre projet, très différent : celui de la création d'un parc vidéo à Nîmes d'ici 2020. Déjà plus de 3 000 personnes le soutienne. Qu'en pensez-vous ?

Je ne connais pas ce nouveau projet. Si il est cohérent, pourquoi pas ? Moi, je suis dans le concret, la crédibilité économique. Je ne suis pas un homme qui fera rêver, ni un bonimenteur.

Propos recueillis par Élodie Boschet, Abdel Samari et Éloïse Levesque

Elodie Boschet

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