FAIT DU JOUR Vincent Bouget (PCF) : « Nous sommes prêts à faire des concessions si… »
Revigoré par son Congrès national qui s’est tenu début juin à Aubervillier, le PCF 30 a mis le cap sur 2017. Son objectif : participer à la création d’un « Front populaire et citoyen », quitte à faire des concessions dans le programme commun si « les ruptures sont engagées ».
Objectif Gard : Lors du congrès du PCF, vous avez été réélu secrétaire départemental du Gard. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous représenter ?
Vincent Bouget : J’avais envie de poursuivre l’engagement que j’ai pris il y a un an et demi. Aujourd’hui, nous essayons de faire en sorte que le PCF soit plus offensif, plus dans l’action vis-à-vis du monde extérieur. Nous devons faire de notre vieux parti une formation plus moderne. Il nous faut garder notre identité, tout en s’adaptant à la société actuelle.
Un vieux parti ? C’est-à-dire ?
Aujourd’hui les modes de vie ont changé. Si les réunions que nous faisons sont ouvertes à tous et nécessaires à la construction de la pensée commune, nous devons trouver d’autres moyens de faire passer les messages. C’est dans l’action que nous arrivons à faire partager nos idées, à avancer. Le PCF doit être tourné davantage vers l’extérieur… Tenez, d’ailleurs, nous allons créer une Web TV !
En parlant d’action, quelle feuille de route a été prise pour 2017 lors du Congrès et quelle déclinaison dans le Gard ?
Un texte constitué de trois parties a été voté à 50% par les militants. Les communistes gardois ont demandé à ce que la partie orientation soit réécrite, en tenant compte des mobilisations sociales. Tous les manifestants contre la loi Travail, les citoyens de Nuit Debout sensibilisés aux enjeux autour de la démocratie ou encore les gens mobilisés contre les paradis fiscaux… Nous devons converger pour construire un débouché en vue des élections de 2017 (Présidentielle et Législatives).
Comment allez-vous vous y prendre ?
En parlant… Il faut créer le cadre pour le rassemblement : des réunions, des assemblées, des rencontres avec les partis politiques et des syndicats. Aujourd’hui le tableau est divisé : les écolos d’un côté, les électeurs socialistes qui se sentent abandonnés par le PS de l’autre… Sans oublier les abstentionnistes ou les gens qui se retrouvent dans le mouvement de Mélenchon. Ces gens là, ont la même envie de changer le système économique et politique. On appelle à la création d’un front populaire et citoyen, plus large que le front de gauche. Si en 2017 on part séparé, on se retrouvera avec une catastrophe annoncée : l’arrivée du FN au pouvoir.
Dans le Gard, vous avez déjà essayé ce "rassemblement citoyen". Or, votre initiative n’a pas été couronnée de succès : 12% au premier tour des Départementales et 9% aux Régionales.
À l’échelle de la grande région, ça nous a permis d’être une partie intégrante de la majorité. Sans nous, le PS n’a pas la majorité au Conseil régional. Nous sommes la seule région dans ce cas là. Alors c’est vrai, ce n’est pas facile. Mais aujourd’hui, on pense qu’il y a un espace nouveau.
Un espace nouveau ?
Fin 2015, la situation était complètement cadenassée avec les lois sécuritaires. Mais en décembre, il s’est passé trois choses importantes : les mobilisations contre la loi Travail, les Panama Papers et le phénomène de Nuit Debout. Il y a une envie de s’emparer de la politique, alors qu’avant, on était uniquement dans le dégout et le désinvestissement.
Qu’est-ce qui vous dit que les citoyens dont vous parlez ont envie de faire les choses avec les communistes ?
Le fond de leurs revendications, c’est quand même une remise en cause du système capitaliste, comme nous le portons.
S’unir dans la contestation paraît plus facile, mais comment élaborer un programme commun avec ces différents mouvements ?
On ne pourra pas être d’accord sur tout, c’est impossible. D’ailleurs, à l’intérieur des partis, contrairement à ce que certains disent, ce n’est pas monolithique. Si on arrive à arrêter une série de mesures de vrais changements, à ce moment-là, on proposera une votation citoyenne pour donner un mandat clair à tous ceux qui se présenteront aux élections Présidentielle et Législatives. Ils devront s'appuyer dessus.
Cela signifie donc que vous allez devoir concéder certaines choses… Est-ce que le PCF est prêt à le faire aujourd’hui ?
Ça ne sera pas un programme communiste, c’est clair. On sera prêt à faire des compromis, si les ruptures sont engagées.
Propos recueillis par Coralie Mollaret
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