Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 17.06.2016 - baptiste-manzinali - 5 min  - vu 315 fois

NÎMES Nikos Aliagas : "Les gens ont besoin de se divertir"

Nikos Aliagas, autoportrait. DR

L'animateur phare des primes de TF1 revient ce soir dans les Arènes pour présenter La chanson de l'année. À quelques heures du direct qui avait réuni 3,9 millions de spectateurs en 2015 - avec un pic d'audience à 5,2 millions - soit 25,3 % de part de marché, Nikos Aliagas livre ses impressions à Objectif Gard. En parallèle, il expose son travail photographique au Fort Saint-André de Villeneuve-les-Avignon jusqu'au 30 octobre.

Objectif Gard. Pourquoi avoir choisi les Arènes de Nîmes pour la deuxième année consécutive ?

Nikos Aliagas. J'avais promis qu'on reviendrai, du moins qu'on ferait tout pour. Et puis ça s'était passé tellement bien l'année dernière à tous les niveaux, ambiance, partage, accueil, énergie. On revient parce qu'on a aimé, d'abord le côté pratique des Arènes, c'est très fonctionnel pour nous, et puis les gens, la ferveur. Les spectateurs sont devenus des acteurs du spectacle et de l'émission à part entière, on n'était pas seulement là pour leur donner ce qu'ils voulaient voir, j'ai ressenti un échange. L'émission s'est passée ici et elle a marché pour plein de raison, le Gard quoi !

Cela signifie que c'est un rendez vous qui peut s'installer ici durablement ?

Moi je le souhaiterai en tout cas, mais cela dépendra aussi du succès et des audiences. En face on a un gros match de l'Espagne contre la Turquie, on fera tout pour faire un beau spectacle. Les gens ont besoin de se divertir, le public de Nîmes a prouvé qu'il pouvait être dans la ferveur de façon naturelle.

Les places pour La chanson de l'année se sont arrachées en un temps record. Mais malheureusement, difficile de contenter tout le monde.

Je sais et je suis triste pour tous les gens qui n'en ont pas eu, mais c'est impossible de contenter toute la ville. Et pour vous dire la vérité, je ne sais absolument pas comment tout ça est organisé. J'essaie d'en refiler au maximum aux gens, notamment sur twitter mais c'est compliqué. Je n'ai pas vraiment conscience de l'impact que ça a eu. Moi je présente l'émission, j'accompagne le côté artistique et la production mais le reste je ne le gère pas.

Nikos Aliagas prend un bain de foule pendant l'émission "La Chanson de l'Année" en juin 2015. (Photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

Pouvez-vous nous présenter les artistes qui sont à l'affiche ? Il y a ceux qu'on connait, et d'autres moins.

Moi ce que j'aime ce sont les mariages. Cette année on a une artiste qui s'appelle Jain que personne ne connaissait l'année dernière, on l'a vu aux Victoires de la Musique, on l'a diffuse en radio. J'étais même un des premiers à la mettre à l'antenne en France. Je suis content de l'avoir, tout comme les cadors Patrick Bruel, Patrick Fiori, Florent Pagny, Christophe Maé ou Kendji. Lui, il est un talent confirmé qui a quelque chose à construire et non pas un old-up d'un single.

Est-ce que le public peut s'attendre à des nouveautés ?

Oui, mais je vais vous dire, je ne crois pas à l'artificiel. Le paquet cadeau est important mais ce n'est pas le but. Le but c'est de raconter une histoire et la partager en créant une ambiance. Si l'ambiance est bidon, si je ne suis là que pour envoyer des superlatifs à tire-larigot, au bout d'un moment ça sonne faux et creux. En revanche ce que je ne peux pas prévoir, et c'est là toute la difficulté de mon exercice, c'est la vraie chimie avec les gens. Si ça se trouve, les gens n'auront pas envie. Comment créer de la proximité, de l'interactivité ? On a une réalisation de haut vol, mais après il faut que cela prenne. Cela fait 23 ans que je fais de la télévision et le grand facteur que l'on ne connait pas, c'est celui où ça prend.

Comment avez vous vécu cette émission l'année dernière ? C'était un sacré défi physique.

C'est super physique, ma hantise ce n'est pas de courir, j'ai l'habitude je fais du sport. Mais c'est d'être en sueur (rire). Je dois être dans la technique et dans la méthode, et être aussi dans la tranquillité et m'adapter à tous les cas de figure. Il suffit que quelqu'un se mette devant la caméra, tout est possible. On n'arrive pas en touriste en criant : "Ça va Nîmes on vous aime !". Cela ne marche pas. Il faut aller chercher le lien réel et le consolider. Cela nécessite de la préparation et de la concentration.

Nikos Aliagas et Kendji Girac sur la scène des Arènes de Nîmes pour "La Chanson de l'année" en direct sur TF1 en juin 2015. (Photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

Vous exposez vos photographies en ce moment à Villeneuve-les-Avignon. Mine de rien, Nikos Aliagas, aujourd'hui, c'est un photographe respecté qui prend du galon.

En tout cas une chose est sûre, les gens du milieu artistique et les photographes m'ont accueilli avec bienveillance. Quand ils ont vu que j'avais quelque chose à dire, ils m'ont donné le vice de la parole et de la proposition. Je pense qu'il ont compris que j'étais sincère là dedans. Les 80 000 personnes qui sont venues à mon exposition à Paris, ça a été très fort pour moi. Ils ne sont pas venus pour voir une célébrité car je n'étais pas là. Ils sont venus voir mes photos, mon regard, mes proposition. Je suis fasciné par l'être humain, ses mains, ses yeux, et d'autant plus que je n'expose pas de personnalité ou très peu. Ce qui m'intéresse, ce sont d'abord les pêcheurs, la vieille dame d'un quartier populaire, la famille de gitan qui vit sur son pick-up dans la dignité absolue, le regard de mon père aussi. Je rend hommage aux pères comme archétype, le patriarche. Le garçon qui est arrivé en France dans les années 60, je lui dois tout. Je suis né ici et je me suis intégré à la société française grâce à lui tout en gardant mes racines. C'est beaucoup plus intime pour moi de présenter mes photos au Fort Saint-André que de présenter une émission. Je ne minimise pas, c'est mon gagne pain et la photo n'est qu'une passion. Mais le fait de rencontrer des photographes, pouvoir parler technique, échanger sur un objectif ou sur l'ouverture d'un diaph', cela me passionne et me fascine. Et cela me fait du bien de passer derrière l'objectif. J'expose aussi mes photos à Paris dans une galerie où je les vend au profit d'une association caritative humanitaire. Je publie dans Paris-Match également. J'ai toujours un boitier près de moi et croyez bien que dans les Arènes, je vais y aller. Ça va être compliqué d'animer et prendre des photos mais on va se démerder (rire).

Dans une récente interview vous disiez : "Je photographie pour essayer de comprendre tout ce que les mots ne disent pas." Vous semblez chercher une part de vérité dans la photographie. Est-ce que la télévision éloigne de cette vérité ?

Ce n'est pas la télévision qui éloigne mais le malentendu de la notoriété, et par extension l'image. Celle des réseaux sociaux, celle qui remplace l'autre, celle qui se consomme. Tout le monde affirme quelque chose est dit le contraire le lendemain. Hors une photo peut te dire des choses plus profondes sur toi, ce que tu cherches chez l'autre, mais aussi sur l'humanité, le malentendu. J'expose les mains de Joey Starr, personne ne sait que ce sont les siennes, sauf les fans évidemment. Elles sont tatouées, cabossées, il y a des scarifications dessus et en même temps il se tient comme un gamin de 7 ans. Cela veut dire que le masque social a ses limites et il cache souvent l'essentiel. Je suis dans une quête presque introspective, c'est un travail profondément intime.

Baptiste Manzinali

Baptiste Manzinali

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