NÎMES Avec son téléphone portable, il harcèle son ex depuis la prison
18 appels une première nuit, 16 la nuit suivante, 52 une troisième fois… Laëtitia, la cible des appels téléphoniques malveillants, est à bout. Surtout que les rares fois où elle prend la peine de décrocher, elle n’entend rien ou, dans le meilleur des cas, un léger souffle. Une fois seulement, l’harceleur laissera un message vocal en ne prononçant qu’un seul et unique mot : « mourir ». Inquiétant…
Fatiguée par deux mois de harcèlement, la jeune femme dépose plusieurs plaintes. Très vite, les enquêteurs identifient la ligne téléphonique : il s’agit de celle de Benjamin, l’ex de Laëtitia avec qui il a eu une petite fille, qui n’a jamais accepté la rupture. Problème : le fameux Benjamin est censé dormir en prison, donc être privé de téléphone.
Seulement, il va être considérablement aidé par sa famille. Par son frère, d’abord, qui ouvrira une ligne. Par sa mère, ensuite, qui lui transmet la carte SIM à l’occasion d’un parloir. Pour le téléphone, Benjamin se le procure pour 80€ auprès d’un autre détenu.
- On nous en propose tous les jours, assure Benjamin depuis son box du tribunal correctionnel de Nîmes.
Avec ce précieux téléphone, Benjamin va également envoyer une vingtaine de SMS à une autre jeune femme, Eléonore, proche de l’accusé et de sa victime Laëtitia. Les textos lus par la présidente de l’audience font froid dans le dos : « Ma vengeance sera terrible » ou « Je n’ai tué personne… encore » ou « Je ne suis plus à quelques années près ». Dans son box, Benjamin, costaud, les cheveux courts, les mains dans les poches, se dandine. Il dit regretter ses appels, ses SMS, et parle d’un travail entrepris en prison avec un psychologue.
Sur le banc des parties civiles, Laëtita, courageuse, se lève et fait face à son ex. Elle lit un texte préparé à l’avance, très émouvant et d’une très grande dignité :
- Un jour, il sortira et je paierai le prix de sa vengeance. Il ne veut que sa propre justice (…) Je demande juste la tranquillité et que ma fille grandisse en toute sécurité.
- Que rajouter après ce qui vient d’être dit par cette victime ?, interroge la vice-procureure Pascale Palau. Difficile de rebondir car tout a été dit et bien dit. (…) Il faut néanmoins que cela s’arrête et pour arrêter, il faut sanctionner.
Elle demande 16 mois de prison avec maintien en détention. Le tribunal a décidé que 7 mois seront suffisants.
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