Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 23.07.2016 - baptiste-manzinali - 2 min  - vu 536 fois

AIGUES-MORTES Yacin Daoudi, exil à Séville

Yacin Daoudi, danseur de flamenco sous la houlette de José Galvan. DR

Le 5 septembre 2005, Yacin Daoudi a décidé de suivre son instinct. Un sac à dos, un billet de train, le voilà parti pour Séville. Dix ans plus tard, c'est un danseur de flamenco respecté qui vient présenter son spectacle au pied des remparts.

Les choses ne sont pas toujours aussi simple. Mais pour Yacin, guidé par une passion presque viscérale pour la culture flamenco dans son ensemble, tout est question de spontanéité. "Cela dépend du déclic que tu as dans la tête" lance t-il à propos de son art qu'il pratique dans une semi improvisation. C'est aussi ce qui le différencie des autres danseurs dits "de compagnie". Yacin préfère l'imprévu comme conséquence directe de sa liberté. Une liberté qu'il a fallu faire digérer à un père responsable d'une usine de céréale et une mère cuisinière, tous deux Berbères : "Aujourd'hui je le comprend. Quand ton gamin de 20 ans qui n'est jamais parti te dit qu'il s'en va à Séville...".

13557893_10209857534864361_6644196333330780416_n

Petit, il baigne dans une univers de musique orientale. "Ma mère a toujours aimé la danse. Toute la journée, on écoutait Rouicha, le Paco de Lucia des Berbères". Un parallèle qu'il retrouve à Séville, ville très influencée par l'architecture orientale. "Avant de partir, j'étais tombé sur une photo du Pont de Triana avec la Tour de l'Or en fond. J'ai d'abord cru que c'était le Maroc, mais peuplé d'occidentaux." Cette double culture sera son moteur, une dualité aussi incarnée par le flamenco. Ces premiers pas dans la capitale andalouse, c'est dans la tauromachie qu'il les fera. Un milieu qu'il intègre petit à petit, cumulant des petits boulots d'appoint avant de rencontrer Pastora, fille de José Galvan et danseuse, comme lui. Ce dernier voit danser Yacin par hasard, lors d'une soirée en 2007, et lui propose de l'initier. Mais Yacin prend d'abord un autre chemin et suit le torero à cheval portugais Diego Ventura pour qui il prépare les chevaux en coulisse.

Jusqu'en 2011, Yacin fait des allés retours entre la France, Samora Correia au Portugal et Séville, enchainant des petits boulots. Il décide finalement de danser, quelques mois avant que José Galvan ne lui fasse signer son premier contrat pour un gala télévisé. "J'ai eu un mois pour apprendre une chorégraphie avec deux danseuses." S'en suivent multiples représentations, dont la Mostra Flamenco à Séville ou plus récemment le festival de Mont de Marsan. En France, il faisait son "alternative" dans les arènes de Saint-Laurent d'Aigouze, et revient le vendredi 29 juillet à Aigues-Mortes, chez lui, dans le cadre du festival Marguerite. "C'est étrange, c'est arrivé vite. Je rêvais d'offrir un spectacle aux gens qui me suivent, et aussi parce que j'ai grandi au pied de ces remparts."

Bien au dessus des discours politiques sur l'intégration, Yacin est parti pour se trouver. Mais son histoire n'est pas celle d'un déraciné. C'est tout le contraire. À Séville, les marques du passé semblent se mêler au présent dans un sublime métissage incarné par le flamenco, musique traditionnelle mais pas traditionaliste.

Baptiste Manzinali

Baptiste Manzinali

A la une

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio