Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 16.08.2016 - thierry-allard - 3 min  - vu 1247 fois

GARDOIS EN LUMIÈRE Jean-Louis Trintignant, légende du cinéma et amoureux du Gard

Jean-Louis Trintignant dans le Conformiste de Bernardo Bertolucci (cc/Flickr/Flashback)

S’il n’est pas gardois de naissance, Jean-Louis Trintignant entretient un lien très étroit avec notre département.

Né le 11 décembre 1930 à Piolenc dans le Vaucluse, à quelques encablures de Pont-Saint-Esprit, ville dont son père Raoul a été maire puis conseiller général au sortir de la seconde guerre mondiale, le futur acteur d’Un Homme et une Femme grandit dans la ville au pont médiéval.

Du droit aux planches du théâtre

Car si sa mère est de Bollène, Jean-Louis Trintignant descend par son père d’une famille spiripontaine historique, implantée dans la fabrication de faïence. Réservé, il se découvre une passion pour la poésie, et plus précisément celle de Jacques Prévert, à l’adolescence.

Il part ensuite à Aix pour y étudier le droit. Il a 19 ans, et assiste à une représentation d’un classique parmi les classiques du théâtre, L’Avare de Molière, mis en scène par Charles Dullin. Le jeune homme a alors une épiphanie : il laisse tomber le droit et décide de monter à Paris pour suivre les cours de Charles Dullin.

D’une grande timidité, le jeune acteur connaît « des débuts difficiles à cause de ça », expliquera-t-il en 2012 à Télérama. Mais décidé à faire son trou, il joue dans sa première pièce, A chacun selon sa faim, en 1951. Après plusieurs pièces de théâtre et quelques figurations, il obtient son premier grand rôle dans le mythique Et Dieu… créa la femme de Roger Vadim avec Brigitte Bardot en 1956. Outre son rôle, sa liaison avec Brigitte Bardot — alors mariée à… Roger Vadim — lui permettra d’accéder à la célébrité.

Le succès après l’armée

Il n’aura guère le temps d’en profiter : appelé sous les drapeaux pour son service militaire, il passe trois longues années d’abord en Allemagne, puis en Algérie en plein pendant la guerre.

Un épisode douloureux dont il revient en 1959, pour rapidement remonter sur les planches dans la peau d’Hamlet puis dans le film du pas rancunier Roger Vadim Les Liaisons Dangereuses 1960. Suivront de multiples films, parfois « pour pouvoir payer (ses) impôts l’année d’après », admettra-t-il à Télérama. Pas de quoi l’empêcher de laisser une trace indélébile dans le cinéma avec son rôle dans Un Homme et une Femme de Claude Lelouch, qui décrochera la Palme d’Or à Cannes en 1966, celui du juge d’instruction dans Z de Costa Gavras en 1969, qui lui vaudra le prix d’interprétation masculine à Cannes ou encore celui du professeur de philosophie dans Le Conformiste de Bertolucci en 1970, qu’il considère comme son plus beau rôle. Deux rôles engagés, pour un acteur discret mais de gauche, ex-communiste et qui admet encore aujourd’hui sa sympathie pour les idées anarchistes.

Jean-Louis Trintignant à Cannes en 2012 (cc/Wikimedia Commons/Georges Biard)

Réalisateur, pilote et viticulteur

Au cours des années 1970, Jean-Louis Trintignant réalisera deux films. Le premier, Une journée bien remplie, sorti en 1972, sera l’occasion d’un retour sur les terres de son enfance, puisqu’il sera tourné à Pont-Saint-Esprit et Bagnols.

Après le théâtre, le cinéma et la réalisation, Jean-Louis Trintignant s’inscrit dans les traces de son oncle le célèbre pilote automobile Maurice Trintignant. Durant un peu moins de dix ans, il participera à des courses mythiques, comme le rallye de Monte-Carlo ou les 24 Heures du Mans en 1980, où il fera une sortie de route à plus de 300 km/h dont il sortira indemne mais avec une belle frayeur.

Il arrête de piloter au milieu des années 1980 et décide de revenir dans le Gard pour s’installer à Uzès. S’il continue de tourner avec Lelouch ou encore Téchiné, il délaisse petit à petit le cinéma au profit du théâtre, qu’il considère comme son « vrai métier ». Parallèlement à sa carrière, il rachète en 1996 avec un couple d’amis un domaine viticole à Saint-Hilaire d’Ozilhan, à côté de Remoulins, domaine aujourd’hui unanimement reconnu pour la qualité de sa production.

Retour triomphal au cinéma avec Haneke

Il tourne en 2002 dans Janis et John de Samuel Benchetrit, dernier film de sa fille Marie, morte sous les coups de son compagnon Bertrand Cantat en 2003. Très affecté, il se réfugie dans la poésie et le théâtre et ne fait plus de cinéma pendant dix ans, jusqu’à ce que Michael Haneke ne lui propose le premier rôle de son long-métrage Amour, Georges, un octogénaire qui doit s’occuper de son épouse dépendante après une attaque. Un retour remarqué, puisque le film obtiendra la Palme d’Or à Cannes, et Jean-Louis Trintignant le César du meilleur acteur.

A l’époque, il répète plusieurs fois que ce film serait le dernier, à moins que… A moins qu’Haneke fasse de nouveau appel à lui. Et bonne nouvelle, c’est le cas : les deux hommes sont en train de tourner dans le nord de la France un nouveau film, Happy End. Jean-Louis Trintignant y campera avec Isabelle Huppert le rôle d’un couple de bourgeois confronté à la crise européenne des réfugiés. Un nouveau rôle engagé et on ne peut plus dans l’actualité pour un acteur dont la voix si particulière n’a pas fini de résonner.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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