ALÈS Festival ciné été : portrait d'une empoisonneuse en série
Ce soir, le Festival ciné été présente en avant-première "Fleur de tonnerre" : le parcours de l'un des plus grands serial-killer de l'histoire, Hélène Jégado, qui - au 19e siècle - aurait empoisonné près de 60 personnes en Bretagne. Rencontre avec Stéphanie Pillonca-Kervern, réalisatrice.
Objectif Gard : Qu'est ce qui vous amenée adapter cette histoire au cinéma ?
Stéphanie Pillonca-Kervern : Son parcours m'a ému, je me demandais comment on tombe dans de tels abîmes. De manière générale, les empoisonneuses m'ont toujours perturbé. La nourriture doit donner la vie, elle s'en sert pour donner la mort. Peut-être que si on lui avait donné la main, elle aurait pu s'en sortir.
Benjamin Biolay, alias Mathieu, essaie mais échoue...
Oui, il n'a fait que contrarier son destin, ses appels morbides ont été plus forts.
Comment en est-elle arrivée là ?
Il faut se remettre dans le contexte. C'est une période de économique, et à l'époque, en Bretagne, on se racontait des histoires à faire peur, sur des fées, des loups, des sortilèges. Malmenée par ses parents, Hélène était plus vulnérable et avait une fragilité psychologique. Elle s'est crue remplie d'une mission. Les maladies étant nombreuses, on ne faisait pas d'autopsie, et elle a mis des années à se faire prendre. J'ai rencontré beaucoup d'acteurs judiciaires et l'on retrouve régulièrement ces deux facteurs : une enfance difficile et la perception d'entendre des choses.
Après la réalisation de plusieurs documentaires pour Arte, vous signez votre première fiction, quelles ont été les difficultés ?
Une femme qui écrit sur une femme du 19e siècle, c'est compliqué ! L'histoire que j'ai choisie est à contre courant, et ce n'est pas ce qu'on est habitué à voir en ce moment. Mais certains veulent faire autre chose, et j'ai beaucoup de joie d'avoir relevé le défi.
Et artistiquement ?
Je faisais des documentaires de création, je travaillais donc déjà dans les conditions du cinéma. Et puis j'aime l'image et la peinture, j'ai cherché à faire des tableaux.
Votre long-métrage est une adaptation du livre de Jean Teulé. Comment avez-vous travaillé ensemble ?
Il m'a laissé libre de mes choix. J'ai beaucoup d'admiration pour lui et il m'a fait un grand cadeau, je l'ai donc intégré à la création. Il a vu le texte et le montage. Il est content du résultat et veut accompagner le film.
Benjamin Biolay est un choix surprenant pour incarner l'un des personnages principaux. Pourquoi ?
C'est un héros romantique parfait ! Dans son phrasé, son physique, sa retenue, son trouble, il semble venir d'un autre siècle. J'ai été très touchée qu'il accepte.
Cette femme - hantée par une foi qu'elle ne maîtrise plus - est tristement d'actualité...
Oui, ce film est intemporel. J'ai lu l'enfance de certains auteurs d'attentats, et c'était terrible. Peut-être qu'on se laisse plus vite aller dans ces conditions. Peut-être que la résilience n'est pas pour tout le monde. Même si ça arrive aussi à des personnes qui ont eu une enfance normale.
Propos recueillis par Eloïse Levesque
Pratique :
"Fleur de tonnerre", de Stéphanie Pillonca-Kervern, avec Déborah François, Benjamin Biolay, Jonathan Zaccaï
Adaptation du roman Fleur de Tonnerre de Jean Teulé, éditions Julliard.
Avant-première ce soir au cinéplanet d'Alès à 21h30 en présence de Stéphanie Pillonca-Kervern
Sortie en salles le 28 décembre 2016
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