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Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 23.08.2016 - anthony-maurin - 3 min  - vu 907 fois

NÎMES La reliure à la mode Deschamps, indémodable à travers le temps

Les dorures, une partie de haute précision du métier (Photo Anthony Maurin).

La boutique fait face à l'école des Beaux Arts de Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Face à l'école des Beaux Arts, au beau milieu de la Grand'Rue, il y a une boutique un peu spéciale, celle de Claude Deschamps, relieur et artisan d'art.

La boutique fut créée en 1855 sous le second Empire mais la famille Deschamps l'a reprise au siècle dernier. Claude en est aujourd'hui le patron, et ce depuis 25 ans. "J'ai d'abord travaillé les étés pour aider mon père et j'ai pris goût au métier, ça m'a plu" explique l'artisan d'art.

Car oui, travailler dans la reliure est un art à part entière. Les qualités requises pour pratiquer un tel métier sont les suivantes... "Il faut d'abord, mais c'est valable pour tous les "métier-passion", aimer son travail et le travail bien fait. Il faut aussi être très méticuleux, patient et inventif car la reliure n'est pas le seul aspect de métier!" affirme Claude Deschamps. Et l'artisan de reprendre, "Il existe un CAP qui forme à ce métier, je ne l'ai pas car je tiens mon enseignement de mon père, mais de toute façon, il faut être débrouillard et perfectionniste. On peut me demander presque tout... Je me demande souvent à quel moment il faut dire non".

Dans cette profession qui peut paraître surannée, il n'y a pas forcément de client type... Nous sommes à Nîmes alors parlons nîmois. Certains viennent faire relier leurs exemplaires de la revue Toros, d'autres préfèrent avoir les mêmes couvertures pour l'ensemble de leur bibliothèque mythologique, tout est ajustable selon les goûts des propriétaires.

Des outils d'un autre temps en liaison avec le monde actuel (Photo Anthony Maurin).

"Des fois, j'ai un client qui vient et qui veut que je lui confectionne un coffret ou une boite peu banale. Un autre client me demandera une série colorée et spéciale de reliures... On a toute sorte de commandes alors il faut savoir être ingénieux quand ont doit l'être!" poursuit Claude Deschamps.

Face à la nouvelle suprématie du numérique, le livre tient bon. Les relieurs ne sont pas nombreux mais leur métier connaît bizarrement une seconde jeunesse! "Avant Internet c'était plus compliqué! Aujourd'hui on fait une recherche et on trouve très souvent les détails d'une couverture manquante alors on s'en inspire et on reproduit le travail original. Avant, quand il y avait un manque, il y avait un manque...!".

Et même si la relève n'est pas assurée et que le patron ne veut pas être la dernière génération de relieur, les bons côtés sont nombreux grâce à la révolution Internet. "La reliure change, évolue mais a encore des beaux jours devant nous malgré ces changements. Avant, on faisait les registres pour les hôpitaux et ce genre de travaux de cavalerie mais aujourd'hui, le numérique aidant, nous revenons à la noblesse du notre métier. On s'occupe mieux de la clientèle particulière, on est moins à la bourre et on se focalise sur la beauté du geste" avoue passionnément Claude Deschamps dont l'épouse, Géraldine, l'aide et confectionne les papiers marbrés à la cuve.

A la massicoteuse, Claude Deschamps "retaille" l'oeuvre dune vie (Photo Anthony Maurin).

Et de la passion, il en faut certainement pour faire ce métier. Connaître l'histoire, être en contact quotidien avec la connaissance humaine imprimée ne relève pas du détail ou de la banalité. Parfois, on se rend compte que les produits modernes, ne sont pas forcément meilleurs que les plus anciens... "Le plus vieux livre sur lequel j'ai travaillé est un incunable des débuts de l'imprimerie, aux alentour de 1500. La qualité du papier était formidable et c'est souvent plus facile de restaurer ce type d'ouvrage plutôt qu'un livre moderne imprimé durant l'entre deux guerres!".

Pour cela, Claude Deschamps se fournit à Paris et dans l'Aude. Ses papiers, parchemins, cuirs, cartons et autres outils nécessaires à la réalisation de ses oeuvres sont des denrées rares et précieuses. "C'est le fournisseur historique de la famille mais les relieurs qui ne le connaissent pas ne sont pas de bons relieurs! Il est quasi le seul en France à faire cela!". Conserver un maximum la beauté historique d'un livre, en garder l'essence et lui redonner une seconde vie, tels sont les buts des relieurs.

Un ouvrage sur les différentes races humaines... Un surprise comme bien souvent dans ce genre de magasin où l'art côtoie la vie quotidienne, les grandes idées littéraires, scientifiques ou philosophiques (Photo Anthony Maurin).

Mais à quel prix? Pour une restauration, comptez légèrement moins de 100 euros mais chaque travail est différent donc les devis sont variables à souhait. En attendant, Claude Deschamps s'adapte à la clientèle et préfère le "tout compris" à des options infinies et souvent gênantes car le prix monte, monte... "Je veux que les clients soient à l'aise et qu'ils prennent ce qui leur plaît sans trop penser au prix!".

Au magasin, en plus des livres, on trouve aussi des expositions de peintures, de sculptures... "Je suis en face des Beaux Arts donc à force de voir passer les étudiants, je me suis dit qu'il fallait faire quelque chose. En plus, ça décore la boutique et c'est sympa". Un coin avec de la "papeterie sophistiquée", des albums photos, des livres d'or... est ouvert à la clientèle.

Reliure Deschamps: 13 Grand'Rue, 30000 Nîmes. Tel: 04.66.21.71.43.

Anthony Maurin

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