Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 17.10.2016 - boris-de-la-cruz - 3 min  - vu 1346 fois

BELLEGARDE Accident mortel pour une femme enceinte: les chevaux de la manade divaguaient

Photo archive DR

Le 30 juillet 2014, la douce soirée va se transformer en drame sur la nationale 113, à hauteur de Bellegarde. Un cheval qui s'est échappé d'un enclos va percuter une voiture. Une mère de famille enceinte de 7 mois et demi va perdre la vie, comme le bébé qu'elle portait. 

"J'ai perdu mes deux petites, ma fille et ma petite fille qui devait arriver dans quelques semaines et que j'attendais avec beaucoup d'amour. Depuis j'essaie de vivre ou de survivre plutôt", témoigne avec beaucoup d'émotion et de retenue la maman de la jeune mère de famille qui a perdu la vie à cause de chevaux qui divaguaient en pleine nuit.

Le compagnon de cette jeune femme enceinte raconte le moment de l'accident, totalement anéanti par le drame qu'il vit depuis: " je sortais d'un virage lorsque j'ai aperçu un premier cheval que j'ai évité. J'étais à 90 km/h. Les chevaux arrivaient face à nous au galop. Le second cheval s'est jeté sur la voiture et sur ma femme, déclare dans un silence de cathédrale cet homme qui a tout perdu ce soir-là. Cela fait 27 mois que je ne vis plus".

Et ce ne sont pas les explications du manadier qui risquent d'apaiser cette famille détruite. "C'étaient des chevaux de 27 et 30 ans, ils étaient vieux, ils marchaient sur 3 pattes", déclare maladroitement la manadier qui affirme ne disposer d'aucun revenu. "En tout cas s'ils sont sorti de l'enclos, c'est que peut-être les conditions réglementaires n'étaient pas respectées, vous ne croyez pas ?" interroge le président du tribunal correctionnel, Jean Pierre Bandiera, qui juge le manadier pour "homicide involontaire par violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence"?

Car pour que les chevaux ne puissent pas s'enfuir, il faut selon la réglementation en vigueur au moins deux fils électrifiés à 80 centimètres du sol. Là, il n'y avait qu'un fil à 50 centimètres du sol et encore lorsque les gendarmes sont arrivés la clôture ne projetait pas d'électricité. "Tous les jours mon gendre ou moi passions voir les bêtes, ce soir-là mon gendre est venu voir comme d'habitude, la clôture fonctionnait, c'est peut être des sangliers qui ont cassé le fil", affirme le retraité de cette manade ayant pignon sur rue et qui organise de nombreux évènements taurins lors des fêtes votives locales.

"Pour moi les chevaux ont été effrayés dans la nuit, ils étaient dans un enclos de 5 à 6 m2", poursuit le manadier. "Quoi, les deux équidés étaient dans un parc de 5 m2, avec une baignoire abreuvoir au milieu ! Mais ils étaient retenus dans des conditions similaires aux détenus de la maison d'arrêt de Nîmes", s'étrangle le Président Bandiera.

Le conseil des parties civiles est effrayé par les déclarations du manadier. "D'abord il revendique fièrement n'avoir aucun revenu, alors qu'il organise tous les étés de nombreux évènements. Ensuite, c'est le procès d'un manadier qui ne se préoccupait pas des vieux chevaux. Il ne sait pas à la barre du tribunal s'ils étaient dans cet enclos depuis 3 semaines ou plusieurs mois", affirme Maître Isabelle Mimran avant de poursuivre en accablant la prévenu de 62 ans. "Vous êtes un professionnel, vous savez que l'on ne peut pas laisser deux chevaux sur 5 m2, sans eau, sans nourriture, avec une clôture qui n'était pas électrifiée. On est dans l'irresponsabilité totale, les animaux se sont retrouvés sur la route parce qu'ils n'avaient rien à manger et rien à boire, voilà la cruelle réalité", dénonce la pénaliste Nîmoise.

Le représentant du Parquet de Nîmes a demandé une peine de prison de 18 mois dont une partie ferme.

"C'est un homme qui n'a jamais commis d'infraction et qui ne comprend pas les conditions dans lesquelles ses chevaux ont pu s'échapper, déclare l'avocat du manadier, Me Patrick Gontard. C'est un homme qui a consacré sa vie aux animaux, aux taureaux, aux chevaux. Il n'y a jamais eu de mauvais traitements dans la manade. Les chevaux ne manquaient pas de soins, il y avait de la nourriture, de l'eau", affirme l'avocat Avignonnais.

Le délibéré du tribunal correctionnel de Nîmes sera rendu au mois de novembre.

Boris De la Cruz

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