Galvanisée par sa victoire aux championnats de France, une équipe de 12 danseurs de Bachata s'envolera à Miami en décembre dans l'espoir de décrocher le titre mondial.

2 octobre 2016. Dans les coulisses d'une salle de spectacle d'Aubagne, 12 danseurs nîmois s'impatientent. Sourires crispés, regards anxieux... L'équipe attend les résultats du championnat de France de Bachata, organisé par l’association Bachatart France. « On entend le nom du troisième, ce n'est pas nous. Le nom du second, ce n'est pas nous non plus… », se souvient l’une des danseuses, Marion Dunand.

Le rythme doux de ce genre musical, né en République Dominicaine, n'apaise pas toujours les esprits. Après quelques sueurs froides, c’est finalement l’école de danse Feel it dance studio de Nîmes qui remporte le titre. Exaltation en coulisses. Les 12 danseurs nîmois déferlent sur scène comme un tsunami, inondant le public de leur joie.

Une expérience sportive et humaine

Leur victoire est la concrétisation d'un an de travail. En septembre 2015, leur professeur de Batacha, Jennifer Costa, décide de lancer une audition. L'objectif : « créer un atelier chorégraphique en vue de préparer les championnats de France et, si ce n'est pas possible, de faire au moins des spectacles pendant l'année ». Débutés en octobre, les entraînements se déroulent à raison de deux fois par semaine pendant deux heures. « Nous sommes des amateurs. Le plus difficile pour nous a été de concilier les entraînements avec le boulot et la vie perso », fait-elle remarquer.

Au-delà de l'effort physique, la sportive le reconnaît : « Nous avons beaucoup travaillé sur nous-mêmes. Douze personnes, 12 caractères et 12 égos différents, ce n'est pas évident à gérer. Pour ma part, j'ai appris à me plier à la communauté et à être moins rigide ».

En route pour Miami…

Suite à cette victoire, leur professeur veut aller plus loin. Pourquoi pas tenter les qualifications pour la World Latin Dance Cup ? Les championnats du monde de Bachata qui se déroulent le 10 décembre à Miami. « Le directeur festival nous a lui-même sélectionné pour participer directement à la demi-finale ! », se réjouit-elle, non sans fierté. Concourant dans la catégorie Bachata Cabaret (avec acrobaties), les Nîmois affronteront des danseurs professionnels. « Il y aura des Colombiens, des Péruviens… Ca va être difficile mais nous avons nos chances ». Marion Dunand motive sa confiance par « nos progrès techniques » et par cette « cohésion qui nous porte ».

Seul hic : les frais financiers qu'une telle aventure, si passionnante soit-elle, engage. « Le voyage et l'hôtel reviennent à 1 000 € par personne sans compter les costumes, entre 200 et 300 € pièce », explique Marion Dunand. Dès lors, la danseuse s'est muée en VRP de son groupe, envoyant des courriers aux pouvoirs publics pour décrocher des subventions : « en France, il n'existe pas de fédération française de Bachata, donc pas d'aide au niveau du ministère des sports… Et puis la Bachata reste encore méconnue du grand public ».

L'équipe a ouvert une cagnotte sur le site leetchi. Des soirées et des stages à la Milonga del Angel s'organisent régulièrement pour récolter des fonds. Par ailleurs, « des écoles de danse comme celle de Montpellier, avec qui nous étions concurrents, nous offrent l'opportunité de danser et de récolter de l'argent dans leurs soirées ». Beaux joueurs...

Coralie Mollaret