Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 21.01.2017 - thierry-allard - 3 min  - vu 674 fois

VALLIGUIÈRES Le controversé projet éolien s’invite au conseil municipal

Jeudi soir, lors du conseil municipal de Valliguières (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

La petite salle du conseil n’avait pas vu pareille foule depuis un moment : une quarantaine d’opposants au projet de parc éolien de la commune de Valliguières, à quelques kilomètres au nord de Remoulins, était rassemblée pour le premier conseil municipal de l’année, jeudi soir.

Un conseil municipal qui se déroule d’abord dans une totale quiétude, les élus débattant des points à l’ordre du jour tranquillement — parfois avec zèle — comme s’il s’agissait d’un conseil municipal on ne peut plus normal, où on apprendra notamment que le village aura le haut débit à la fin mars. Seule l’extinction fugace de la lumière provoquera une réflexion accompagnée de rires moqueurs dans l’assistance : « eh oui, on n’a pas d’éoliennes. »

« Il n’y aura pas de débat ce soir »

Réunis autour de leur président Maurice Boyer et de leur porte-parole Alain Coulet, les membres de l’association Présent de Garrigue, qui militent contre le projet d’installation de huit éoliennes sur la commune, attendent sagement que le maire Thierry Perez lise un courrier qu’ils lui ont envoyé. Sans surprise, l’édile refuse : « il n’y aura pas de débat ce soir (…) Ce projet est une opportunité pour le village, comme vous le savez, depuis quelques années l’Etat ferme les robinets et nous impose des réformes qui nous coûtent pas mal d’argent. » C’est que les éoliennes rapporteraient chaque année un petit pécule à la commune et à la Communauté de communes du Pont du Gard.

La voix grave, pesant chaque mot, le maire continue en rappelant que « le projet n’est pas encore défini, laissons-nous le temps, faites nous confiance, on sera très vigilants. » « On vous a demandé de lire un texte » lance Alain Coulet, le texte en question faisant notamment état de la pétition que l’association a fait signer à 336 personnes dont 256 de la commune, qui compte 580 habitants. « On n’est pas à une réunion publique », rétorquera Thierry Perez, avant de rappeler que des permanences sont ouvertes le samedi matin : « venez ! » Le ton monte alors brièvement, et Alain Coulet estime que le maire ne « respecte pas la tradition républicaine, c’est un non respect des citoyens », un autre lance que « 50 % de la population est contre », « c’est ce que vous dites », répondra Thierry Perez.

« On a fait le boulot »

Une pétition que le maire estime « prématurée ». A l’issue du conseil municipal, il accuse les opposants au projet d’avoir volontairement noirci le tableau : « ils ont fait du porte à porte en disant que c’était néfaste pour la santé, que ça dévaluait les maisons de 50 % et que les mâts feront 150 mètres de haut, ce qui ne sera évidemment pas le cas. » « Une partie des gens peuvent être opposés au projet, je le comprends, mais ils sont totalement instrumentalisés par une ancienne liste électorale », avance le premier adjoint Davy Delon, avant que le maire ne précise que « deux des manifestants sont des anciens élus. » Le vent de colère viendrait donc de l’opposition, dans un village où 10 % du corps électoral s’est présenté aux municipales de 2014, divisé en trois listes.

Au delà de cet aspect, l’équipe municipale digère mal une opposition si véhémente alors que s’après elle, le projet, qui n’est pas encore abouti, est bien ficelé : « on a fait le boulot, on s’est déplacé avec des habitants sur deux sites, on a rencontré plusieurs exploitants », lâche Davy Delon, quand l’adjoint Régis Faure rappelle que la concertation dure « depuis janvier 2015, on voit les habitants quatre fois par an, on en parle. » Par ailleurs, une réunion publique a été organisée le 29 novembre dernier, « mais malgré ça, ils continuent de dire qu’on fait ça dans le dos des habitants », tempête Davy Delon.

Tout ça pour un projet dont l’étude de faisabilité est toujours en cours, probablement jusqu’à la fin de l’été, et dont la concertation « va continuer », ajoute Régis Faure. Et l’abandon du projet n’est pas de la science-fiction : « il y a beaucoup de freins techniques, ce n’est pas sûr qu’il se fasse », note Davy Delon, quand Régis Faure prévient que la commune et EDF « ne sont pas liés, il faudra qu’EDF propose un bon projet. » Les résultats de la concertation, une fois l’éventuel projet clairement défini, joueront aussi un rôle déterminant.

Reste qu’un éventuel abandon de ce projet ne signifie pas pour autant la garantie de n’avoir aucune éolienne sur le territoire, comme le rappelle le premier adjoint : « on est entourés de projets, à Saint-Victor-la-Coste à quelques mètres de la limite communale, ou à Rochefort-du-Gard, alors autant proposer notre projet plutôt que de subir ceux des autres, sans en avoir les avantages. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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