Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 24.02.2017 - thierry-allard - 3 min  - vu 853 fois

PONT-ST-ESPRIT Les professionnels de santé se réorganisent pour anticiper leur raréfaction

Élus et professionnels de santé ont présenté le projet jeudi matin à Pont-Saint-Esprit (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

On ne parle pas de désert médical sur le canton de Pont-Saint-Esprit, en tout cas pour l’instant, mais ça risque de ne pas durer.

« Le constat c’est que rapidement, on va passer de 11 à 5 médecins généralistes sur le canton de Pont », explique le président de l’agglo du Gard rhodanien Jean-Christian Rey.

« Pour fin 2017, je vois un tsunami »

Un chiffre inquiétant expliqué par de nombreux départs en retraite de médecins, d’autant plus inquiétant qu’il s’agit d’une projection à l’horizon… 2018. Pour mémoire, on comptait 14 médecins généralistes sur le canton en 2013.

Le nombre de médecins généralistes fond donc comme neige au soleil, sur un canton qui compte certes la deuxième ville de l’agglo mais qui est avant tout rural, avec de nombreuses petites communes. « Pour fin 2017, je vois un tsunami », prévoit le Dr Geneviève Bellon-Narcisi, présidente de l’association PSE Santé, qui regroupe une quarantaine de professionnels de santé du canton.

Une association créée en 2015 pour mener des actions face à ce désert médical en devenir, véritable épée de Damocles au dessus des têtes des quelque 25 000 habitants du canton : « dans deux ans, 130 patients par jour ne trouveront pas de médecin à Pont-Saint-Esprit », affirme le Dr Bellon Narcisi. Et encore, c’est dans l’hypothèse où il resterait 5 médecins, « si on tient le coup », soupire le docteur. « Ça fait 4 ans qu’on explique à la ministre qu’il y a un souci qui va devenir dramatique, et que les outils sont insuffisants », lance le député Fabrice Verdier

Alors avant d’arriver dans le mur, l’association a retroussé ses manches pour trouver, si ce n’est une solution, des pistes. Ainsi est né un projet de meilleure coordination des professionnels de santé du territoire, via « des changements radicaux auparavant inimaginables qui se mettent en place », explique le Dr Bellon-Narcisi. Pour y parvenir, les professionnels de santé se réunissent régulièrement depuis deux ans, avec l’aide de l’agglo dans le cadre du Contrat local de santé.

La coordination, « le nerf de la guerre »

« Le projet détaille comment les professionnels de santé vont s’organiser », précise la responsable du service santé de l’agglo Emilie Marcé. Plusieurs axes forts en ressortent, comme la mise en place d’une permanence de consultation de médecine générale « classique », la mise en place de protocoles de délégation pour redistribuer certaines tâches, par exemple aux infirmiers ou aux pharmaciens. Ou encore, améliorer le maintien à domicile des parents, par la création d’un réseau de soins coordonnés. Le déploiement des actions sera progressif, mais rapide. Ainsi, la mise en place du protocole de délégation « devrait intervenir avant l’été ou à la rentrée de septembre », avance la responsable du service santé de l’agglo.

Plus prosaïquement, un système de messagerie privée, réservé aux professionnels de santé du canton, va être mis en place. « Ça nous permettra de communiquer et d’éviter une double action sur un patient, note le Dr Bellon-Narcisi. Ça a l’air tout simple, mais c’est le nerf de la guerre. » Surtout, ce n’était pas jusque là une évidence entre les médecins généralistes, les spécialistes, les pharmaciens et les infirmiers.

Reste que pour mettre une telle organisation en place, et même s’il n’est pas question de construire une maison de santé en dur, chaque professionnel conservant son cabinet, il faut des moyens financiers. « Nous allons demander à l’Agence régionale de santé (ARS, ndlr) de labelliser ce projet, ce qui ouvrirait le doit à un soutien financier pour le démarrage, puis pour le travail en équipe », explique Emilie Marcé. L’investissement informatique, avec un logiciel sophistiqué permettant un partage différencié des dossiers médicaux, est conséquent.

Le prix à payer pour installer « un cercle vertueux, partout où ça a été fait, les résultats sont positifs », estime Fabrice Verdier, quand le conseiller communautaire délégué à la santé Denis Rieu se félicite de voir « des professionnels de la santé qui prennent le problème à bras le corps. » Il faut maintenant arriver à convaincre l’ARS, devant laquelle le projet sera présenté en commission régionale le 23 mars.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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