Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 25.02.2017 - elodie-boschet - 2 min  - vu 409 fois

JUSTICE Vigneron tué lors d’une battue : un procès douloureux

Photo d'illustration - Anthony MAURIN

Cinq chasseurs de la société de chasse de Saint-Étienne-de-l’Olm comparaissaient, ce vendredi, devant le tribunal correctionnel d’Alès. Deux d’entre eux étaient jugés pour avoir causé involontairement la mort de Michel, 70 ans, tué lors d’une battue en novembre 2012.

Il est 16h30 ce 22 novembre 2012. Après une première traque sans succès, douze chasseurs se répartissent des deux côtés d’une rivière, à la limite des communes de Saint-Étienne-de-l’Olm et Saint-Césaire-de-Gauzignan. Pascal, qui vient de terminer sa journée de travail, rejoint l’équipe à ce moment-là, avec l’autorisation de Fabrice, le chef de battue. « Il se positionne sans recevoir les consignes de sécurité, qui sont obligatoires », précise Amandine Abegg, présidente du tribunal.

Quelques instants plus tard, une meute de sangliers surgit. Pascal tire à plusieurs reprises. Certains sangliers sont atteints, d’autres poursuivent leur chemin. Le chasseur traverse alors la route, recharge son arme et tire à nouveau. Il entend un cri. C’est celui de Michel, un vigneron de 70 ans, qui taillait tranquillement ses vignes. L’homme, touché à l’abdomen, décédera des suites de ses blessures vers 21h.

« Un accord verbal entre amis »

À la lecture des faits, Pascal tremble. Sanglots dans la voix, il reconnaît avoir tiré. « Je suis sincèrement désolé pour la famille, je ne suis pas un escroc », dit-il en se retournant vers les proches du défunt. « C’est trop tard ! », lâche l’un d’entre eux dans le public. La colère de la famille est d’autant plus grande que ce 22 novembre 2012, les chasseurs n’étaient pas autorisés à intervenir à Saint-Césaire-de-Gauzignan. C’est pour cette raison qu’ils se retrouvent aujourd’hui à cinq devant le tribunal : en plus de l’homicide involontaire qui concerne seulement Pascal et Fabrice, l’ensemble des chasseurs est aussi jugé pour « chasse sur le terrain d’autrui sans le consentement du propriétaire ou du détenteur du droit de chasse ».

Interrogés par Amandine Abegg sur leur présence à Saint-Césaire-de-Gauzignan ce jour-là, les chasseurs adoptent une ligne de défense qui fait bondir l’avocat de la famille, maître Abratkiewicz. « La victime nous a vu chasser, explique l’un des prévenus. Il était même content qu’on vienne car les sangliers font beaucoup de dégâts ». Maître Abratkiewicz perd son sang-froid : « Vous aviez reçu un courrier disant qu’aucun carnet de battue n’était délivré sur cette commune ! Vous connaissiez les règles, vous saviez qu’il y avait un danger ! ». Mais pour les prévenus, il y avait « un accord verbal entre amis ».

« Pascal n’est pas un fou de la gâchette »

Dans sa plaidorie, maître Abratkiewicz déplore « l’imprudence, la négligence, la fascination morbide pour la chasse » de Pascal. L’avocat de l’accusé, Aurélien Vergani, dira le contraire : « Non, mon client n’est pas un fou de la gâchette comme vous le prétendez. Personne n’est à l’abri de causer un jour, involontairement, la mort d’autrui ». Quant au substitut du procureur, David Durand, il constate « que les cinq prévenus n’ont pas pris conscience du nécessaire respect des règles de sécurité ».

Il requiert trois ans de prison avec sursis, 500€ d’amende et le retrait du permis de chasse pendant trois ans pour le tireur Pascal ; dix-huit mois de prison avec sursis et le retrait du permis de chasse pendant trois ans pour le chef de battue Fabrice ; et 500€ d’amende avec le retrait du permis de chasse pendant un an pour les trois autres chasseurs. L’affaire est mise en délibéré au 28 avril.

Élodie Boschet

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