Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 06.03.2017 - tony-duret - 4 min  - vu 3891 fois

PROCÈS AUTRAND La victime : « Je ne veux pas que mon fils porte le nom d’un assassin »

Rachel, la victime de dos, en discussion avec l'avocat général Stéphane Bertrand et son avocat Maître Iris Christol. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Fabrice Autrand, un chef d’entreprise alésien âgé de 45 ans, est soupçonné de complicité de tentative d’assassinat sur sa compagne, Rachel. Il aurait engagé l’ancien videur de sa discothèque, Mourad Bouabida, pour l’éliminer. Le motif ? Rachel ne s’entendait pas avec la mère de Fabrice (relire ici)

Tous les yeux de la cour d’assises sont braqués sur elle. Lors de cette deuxième journée d’audience, Rachel, la victime, a fait le déplacement et tente de faire bonne figure. Derrière ses avocats, les Christol père et fille, cette petite brune de 37 ans écoute attentivement l’officier de police judiciaire du SRPJ de Montpellier revenir sur les faits du 6 avril 2013. La policière se rappelle de l’attitude « suspecte » de Fabrice Autrand, de son côté « très impassible ». Elle revient sur les hypothèses envisagées par les deux accusés du jour pour éliminer Rachel : l’accident de la circulation jugé trop compliqué parce que Rachel n’empruntait pas de routes désertes, une mise en scène de pendaison dans l’escalier de la maison mais la rambarde n’était pas assez solide… Le cambriolage qui tourne mal sera finalement retenu. Des scénarios qui glacent la salle et font pleurer les yeux noirs de la victime qui versent ses premières larmes de la journée.

Grégory Autrand : « Personne n’a coupé le cordon entre Fabrice et ma mère »

Les larmes, elle les aura encore aux yeux quand s’avance à la barre Grégory Autrand, le frère de l’accusé. Celui-ci a pris le temps d’analyser la folle escalade qui a conduit au drame :

-      Fabrice était pris en étau entre ma mère, très autoritaire, et la femme qu’il aimait, Rachel.

Le frère cadet évoque « les remarques infantilisantes » de sa mère, « toujours à le rabaisser ».

-      Je suis parti à l’étranger pour ne pas vivre ce que Fabrice vivait. Personne n’a coupé le cordon entre Fabrice et ma mère.

Rachel, non plus, n’a pas réussi à le couper. Toute vêtue de noire, elle livre son témoignage en début d’après-midi.

Maîtres Christol Gérard et Iris. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Rachel : « Je ne veux pas que mon fils porte le nom d’un assassin »

Elle revient sur sa nuit d’horreur : son réveil à cause de la lumière, cet homme au visage masqué qu’elle découvre au beau milieu de la nuit et de sa chambre, son chéri qui dort à côté ou qui fait semblant et qui ne bronche pas, les trois balles qui lui traversent le corps, la dernière heure qu’elle a vu arriver, ses premières certitudes :

-      Je savais que ce n’était pas un cambriolage qui a mal tourné. On ne m’a pas laissé une chance de donner de l’argent. On était venu pour me tuer.

Elle évoque ensuite les mois d’après, quand elle vivait sans le savoir auprès du commanditaire de son assassinat et qu’ils projetaient tous les deux d’avoir un deuxième enfant ou qu’ils réfléchissaient à une nouvelle date pour le mariage annulé une première fois. En se remémorant tout ça, Rachel est écœurée :

-      Il est resté huit mois à mes côtés en sachant ce qu’il avait fait. C’est pas possible de faire assassiner sa femme, de reprogrammer un mariage, de vouloir faire un enfant (…) Je ne veux pas que mon fils porte le nom d’un assassin.

Geneviève Autrand par Geneviève Autrand

Des larmes de chagrin, de tristesse ou de regrets, la salle va passer à des larmes provoquées bien involontairement par la mère de l’accusé Geneviève Autrand. Pendant près d’une heure, elle offre au public et aux magistrats un moment complètement surréaliste, très loin des enjeux d’une cour d’assises, s’attardant sur des détails insignifiants, reprenant la relation entre Fabrice et Rachel mois par mois… Ou moi par moi car, au final, Geneviève ne parle que de Geneviève. La présidente est sidérée :

-      Ça n’intéresse pas la cour ! Pouvez-vous en venir aux faits, répète-t-elle à plusieurs reprises.

Mais Geneviève Autrand,  imperturbable, continue son récit : la fois où Rachel s’est cassé la cheville, la fois où elle a appelé son fils depuis l’entrée d’Alès plutôt qu’à hauteur de Vézénobres comme elle l’avait convenu avec Fabrice, ou ces photos qu’elle a reçues de Rachel…

-      Madame, coupe le bâtonnier Jean-Pierre Cabanes qui n’a que très peu apprécié le numéro, pendant une heure vous n’avez parlé que de vous. Vous n’aimez en réalité qu’une seule personne : la vôtre.

Avant d’enfoncer le clou en lui rappelant que son fils pourrait écoper d’une lourde peine de prison :

-      Demain, quand on prononcera ce chiffre, pensez que c’est à vous qu’il le doit.

La fin de journée a été consacrée aux proches de Mourad Bouabida, le deuxième accusé qui nie toujours son implication dans les faits. Tous ont rappelé l’homme « droit », « sincère », « travailleur » qu’il est, en insistant sur un point comme le résume sa compagne :

-      C’est pas lui, c’est pas possible. Son handicap n’a pas pu lui permettre de rentrer dans un jardin, dans une maison qu’il ne reconnait pas.

Demain, dès 9h, le tribunal interrogera les deux accusés sur les faits avant de passer aux plaidoiries des avocats.

Lire ici la première journée d'audience

Tony Duret

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