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Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 30.03.2017 - philippe-gavillet-de-peney - 5 min  - vu 1302 fois

FAIT DU JOUR Lycée de Meynes : ça va mal et ça dure !

Depuis l'annonce du licenciement du directeur, les élèves se sont mobilisés en nombre (Photo : Philippe Gavillet de Peney/Objectif Gard)

Au lycée agricole privé de Meynes, où, dans l'attente de son éventuel licenciement, le directeur a été mis en congé sans solde depuis le 22 mars sur décision du Conseil d'Administration, le mouvement de protestation initié par des parents et des élèves perdure, et chacun campe sur ses positions. Les parents, dont une délégation de quatre personnes a été reçue lundi 27 mars par le C.A., contestent la décision et réclament toujours la réintégration du directeur, Thierry Grésin...

À Meynes, le torchon continue de brûler entre le Conseil d'administration de l'établissement scolaire privé et une partie des élèves et de leurs parents. Organisés en comité de soutien, ces derniers ont été reçus en délégation par le C.A. présidé par Jean-Louis Portal. "Nous avons fait part de notre mécontentement sur la manière dont nous avons été mis au courant de la décision de mettre à pied le directeur : nos enfants ont été avertis avant nous ", entame Magali Philippe, coordinatrice du comité. "Au cours de cette réunion, il nous a été confirmé que les motifs qui avaient conduit le C.A. à prendre cette décision de mise à pied étaient ''graves''. On nous a à nouveau parlé des 154 lits qui sont installés dans l'internat, en nous précisant qu'il y avait bien autant d'élèves facturés sur les livres comptables. Sauf que le C.A. ne prend pas plus en compte les périodes de stages et les mouvements d'entrées que les sorties qui ont lieu en cours de trimestre ; sachant que chaque trimestre entamé est dû... M. Portal nous a dit qu'il n'avait pas à justifier auprès de nous la décision du C.A. et qu'à ce jour aucune décision définitive n'avait été prise."

Les parents d'élèves ont créé un comité de soutien à Thierry Grésin (Photo Philippe Gavillet de Peney/ Objectif Gard)

 "Nous avons fait part de nos inquiétudes quant à la pérennité de l'établissement si d'aventure M. Grésin entamait un procès aux Prud'hommes et qu'il ait gain de cause", renchérit Nadine Przybilski, une autre délégataire. "Les indemnités dues par le lycée viendraient forcément gréver des finances déjà mal en point (1). M. Portal a cru nous rassurer en nous expliquant qu'il connaissait des cas de jugements qui  s'éternisaient pendant six ans et qu'il se ferait fort d'obtenir un nouveau ré-étalement de la dette auprès de la juridiction si le lycée devait être condamné." Des propos confirmés par l'homme fort du C.A. qui image à sa façon : "On a le temps de voir la vie (sic)..."

Mais tout ceci n'est pas de nature à apaiser l'ire des parents contestataires qui ont profité du rendez-vous pour demander à adhérer à l'association du lycée qui gère l'établissement et...élit le CA. Une requête à laquelle s'est opposé Jean-Louis Portal, arguant qu'une adhésion massive d'une soixantaine de personnes -ce qui était prévu-, risquerait de modifier les statuts de ladite association et la faire basculer vers celui de société ! "La Commissaire aux comptes vérifie si l’éventuelle adhésion des parents à l'association ne lui ferait pas perdre son statut d'association de type Loi de 1901 (à but non lucratif, NDR). On ne peut pas être juge et partie (sic)", évoque ce dernier. "Les parents seront tenus au courant. Je suis un démocrate ! "

Au chômage involontaire depuis sa mise à pied, mardi 28 mars Thierry Grésin faisait le pied de grue devant le lycée en compagnie d'une douzaine de parents une d'une soixantaine d'élèves. L'occasion d'évoquer de nouvelles hypothèses au sujet de sa mise à pied. "Un parent d'élèves m'a confié qu'il a été abordé dans la cour du lycée par un membre du CA qui lui aurait raconté que je faisais venir des jeunes élèves dans mon bureau pour les faire se déshabiller", lâche-t-il. "En l’occurrence il s'agit d'une vieille histoire qui date de deux ans et demi et qui avait été classée sans suite par la justice. J'avais été dénoncé par un ex-employé de l'établissement et, sur la foi de ces allégations, le procureur avait ouvert une enquête, confiée en 2016 à la Gendarmerie. J'avais fait deux heures de garde à vue... Aujourd'hui on ressort cette affaire pour me nuire et me discréditer auprès des parents".

Thierry Grésin conteste les motifs de sa mise à pied conservatoire ( Photo : Philippe Gavillet de Peney/Objectif Gard)

En veine de confidence, il poursuit : " Au lycée, mon homosexualité est connue de tous depuis une réunion tenue en 2015 avec l'ensemble du personnel, que j'avais personnellement informé. Je n'ai aucune honte de ma sexualité et de ce que je suis..." Pour lui, cette histoire n'est qu'un prétexte et Jean-Luis Portal est moins démocrate qu'il ne le prétend : ''J'ai eu le tort de m'opposer à M. Portal. Il ne supporte pas la contradiction. Au C.A., quand il parle, tous les autres obéissent. Nous nous sommes accrochés la première fois car il voulait que le périmètre du lycée soit répertorié en zone inondable. Rien ne justifiait cette mesure et en septembre j'ai déposé le plan de sécurité comme prévu. Cela m'a valu une lettre recommandée avec accusé de réception de la part du C.A. M.Portal tente de faire pression sur les journalistes. On m'a rapporté qu'un membre du C.A. avait appelé un de vos collègues d'Objectif Gard pour lui demander de publier un papier de complaisance favorable à leur vision des choses. Il a déroulé son laïus au téléphone sans se rendre compte qu'il téléphonait à un homonyme qui n'était pas le journaliste en question ! (2) "

De plus en plus disert, Thierry Grésin explore une autre hypothèse qui pourrait être le cause de ses déboires professionnels. Économique, celle-ci. Il fait état de divergences de stratégies à adopter pour remettre le lycée sur la voie du redressement financier : "Sur ma proposition, le C.A. avait admis l'idée de recentrer l'activité sur l'Animal et de délaisser le CAP Agriculture qui consomme un budget très important pour seulement 24 élèves : nous avons par exemple 3 tracteurs, il faut des terres à cultiver... Je souhaitais ouvrir un Baccalauréat Pro TEA (technicien en expérimentation animale). Il n'y en a que trois en France et aucun dans le grand Sud. Mais M. Portal, qui est par ailleurs vice-président de la FDSEA gardoise, prêche pour son église et tient évidemment à conserver la section agricole. Le Bac TEA n'a jamais vu le jour..."

Réponse du berger à la bergère, Jean-Louis Portal met en avant que tout a été fait pour mettre en place ce BAC TEA mais que cela n'a pas été possible : "On a contacté la responsable de la formation. Elle ne voulait pas en entendre parler car nous sommes un lycée privé. Nous avons abandonné le projet car si nous l'avions imposé en force, nous risquions une fermeture dans la foulée. Concernant M.Grésin, je tiens à dire que sa mise à pied n'a rien d'un conflit personnel. Nous nous en tenons (le C.A., NDR) à la faute concernant l'internat. Rien d'autre. Et surtout pas de l'homophobie comme j'ai pu l'entendre ou le lire sur une banderole."

Mardi dernier, les lycéens étaient encore nombreux à avoir déserté les salles de cours (Photo Philippe Gavillet de Peney/Objectif Gard)

Se décrivant comme un "spécialiste du redressement d'établissements", Thierry Grésin fait valoir des compétences professionnelles qui lui ont valu d'être nommé, outre à la direction de Meynes, comme co-directeur d'un lycée à Vaison-la-Romaine (Vaucluse) et d'avoir été pressenti pour prendre les mêmes fonctions à Sens (Yonne). "Preuve qu'ils me cherchent des poux dans la tête , ils (le C.A.) sont allés jusqu'à contacter le lycée de Vaison-la-Romaine pour savoir si je n'avais pas touché de rémunération supplémentaire pour mon demi-poste de direction", affirme-t-il.

Quoi qu'il en soit, à la lecture de ce qui précède on aura compris qu'un climat délétère s'est installé et qu'il n'est pas là de se dissiper. Et que l'assemblée générale de l'association, programmée vendredi 31 mars prochain à 18h, s'annonce des plus tendues et révèlera sans doute de nouveaux antagonismes. Le C.A. a jusqu'au 20 avril prochain pour rendre sa décision définitive quant au licenciement de Thierry Grésin. En attendant, trois directeurs ont été nommés conjointement pour gérer les affaires courantes. À suivre...

Philippe GAVILLET de PENEY

philippe@objectifgard.com

(1) En janvier 2016, le lycée a fait l'objet d'une mesure de redressement judiciaire. Désormais installée dans une démarche de sauvegarde, la structure bénéficie d'un plan d'apurement qui court jusqu'en 2023.

(2) Concernant cet épisode, Jean-Louis Portal est formel : "Je ne suis pas au courant de ce prétendu appel téléphonique. Au C.A., c'est moi qui m'occupe des relations avec la presse et je n'ai appelé personne d'autre que vous ( le signataire de cet article, NDR)."

Philippe Gavillet de Peney

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