Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 31.07.2017 - anthony-maurin - 3 min  - vu 2295 fois

NÎMES La garrigue, le mazet et une vie nîmoise très prisée

Les garrigues.

La garrigue de Nîmes est sans contestation possible une des plus belles et authentiques de la région. Ici, on sait vivre dans cet environnement atypique et mieux que ça, on aime y passer du bon temps.

Sans la garrigue, Nîmes ne serait plus vraiment Nîmes. Les Volques Arécomiques l'avaient bien compris, les Romains aussi. Des paysages variés, vallonnés, tantôt asséchés tantôt qui flirtent avec une source intarissable, un patrimoine oublié, un pastoralisme fugace et une protection environnementale des plus intéressantes. La zone des garrigues habitées constitue un vaste espace situé au Nord de la commune.

Ce secteur, d’une surface d’environ 2200 hectares représente 13,6 % de l’emprise du territoire de la commune de Nîmes. La zone est composée d’un tissu d’habitations individuelles et accueille 10 300 bâtiments environ. Elle est actuellement occupée par un habitat peu dense, constitué de maisons individuelles, édifiées sur les parcelles des anciens mazets.

Ah... les mazets! Sans garrigue Nîmes n'est rien mais sans mazet, elle n'est plus. Le mazet est un petit mas avec un petit bout de lopin et des murs en pierres sèches. En général, tout bon mazet a son nom qu'il tient d'un arbre, d'un souvenir, d'un rêve ou d'un fait de vie. Les plus chanceux propriétaires ont même un petit édifice construit, toujours en pierres sèches, pour abriter les bergers de l'ancien temps. Recherchés activement par les amateurs d'architecture et les nostalgiques de l'époque de Pagnol, ces capitelles résument l'essentiel de la vie dans les garrigues.

Une vie de simplicité, de douceur, de chaleur, de partage et de bons apéros suivis de bonnes bouffes! Les mazets sont sans nul doute une réelle typicité de la région et les Nîmois s’enorgueillissent d'en posséder un. Même remanié, agrandi et rénové à la manière d'un appartement du centre parisien, le mazet reste unique car à part.

Le mazet est aussi une sorte de maison secondaire. Tous n'ont pas l'eau courante ou encore l'électricité mais on y va le week-end avec les enfants pour débroussailler et repeindre les volets. On arrange les quelques fuites d'eau du fragile toit, on fait un petit muret, on taille la vigne et désherbe le terrain de boule, on aplanit la partie basse du terrain pour avoir un spot de sieste loin des petits bruits... On trouve toujours de quoi faire au mazet! Même les parisiens et les Lyonnais viennent acheter les restes, pourtant onéreux, d'un mazet pour vivre l'expérience.

Quelques mots du poète nîmois Antoine Bigot dans "Le vieux mazet", Mémoires d l'Académie de Nîmes.

Au nord de ma ville natale,

La garrigue, aux abords poudreux,

Dans sa verte maigreur s'étale.

En arrosant ce sol pierreux

De sa sueur, un prolétaire 

Quatre murs blancs en fit surgir.

Du vieux mazet de mon grand-père 

Je garde un bien doux souvenir.

Avec grand-père, à cette vigne, 

J'allais presque tous les jeudis. 

Dès l'aube éveillé, sur un signe, 

Leste, j'enfourchais l'âne gris. 

Tandis que je livrais bataille

Aux nids, aux lézards, aux grillons, 

Grand-père élevait sa muraille

Et bêchait dru ses bruns sillons.

Le plat d'escargots, le dimanche, 

Quand venaient les premiers raisins, 

Fumait là, sur la nappe blanche, 

Pour la famille et les voisins.

Le vin du crû par chaque verre 

Excitait les cœurs à s'unir.

Du vieux mazet de mon grand-père

Je garde un bien doux souvenir.

Sous la treille courbée en voûte

Les douces chansons s'envolaient; 

Dans la poussière de la route

Vers le but les boules roulaient.

Les gais enfants à têtes blondes,

Aux pieds des blancs vieillards assis,

Suspendaient leurs joyeuses rondes

Pour écouter de vieux récits.

Jeux innocents, discours frivoles,

Longues promenades à deux, 

Danses légères, valses folles,

Pour huit jours nous rendaient heureux, 

Le long des bais à feuille amère,

Nous allions rêver et courir.

Du vieux mazet de mon grand-père

Je garde un bien doux souvenir.

La mort toujours moissonne ou glane:

Grand-père, hélas! mourut un jour.

En d'autres mains passa son âne:

L'on vendit sa vigne à son tour;

Et, depuis longtemps, à la place

Du mazet qu'on a démoli,

Le rail s'étend, le wagon passe, 

Passe, rapide, avec l'oubli.

Enfant de mon siècle, j'admire

Les merveilles de la vapeur.

Qu'elle aille, étendant son empire; 

Aucun progrès ne me fait peur.

Mais, malgré moi, mon cœur se serre 

Quand je vois les vignes fleurir;

Du vieux mazet de mon grand-père

Je n'ai plus rien... qu'un souvenir!

Anthony Maurin

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