NÎMES Manifestation de soutien à la minorité Rohingya en Birmanie
Une cinquantaine de manifestants a dénoncé cet après-midi, le « génocide » de la minorité musulmane en Birmanie.
Postée au milieu de l'avenue Feuchères, une cinquantaine de manifestants s'est mobilisée, ce mercredi après-midi. Armés de pancartes et de tracts, quelques-uns s’époumonent : « Ce qu'il se passe en Birmanie* c'est un génocide ! L'armée torture et extermine des enfants, des familles… parce qu’ils sont musulmans ! » D’autres militants tentent vaillamment de sensibiliser les passants… Pas toujours évident.
Depuis plusieurs semaines, des centaines de milliers de Rohingya fuient la Birmanie pour le Bangladesh, afin d'échapper au « nettoyage ethnique* » de l'armée birmane. Dans ce pays à majorité bouddhiste, la discrimination envers cette communauté musulmane n'est pas nouvelle. En 1982, la junte militaire leur a retiré le statut de « minorité nationale », créant des apatrides sans aucun droit. Selon la chaîne d’information Arte, les violences religieuses visant les Rohingyas n’ont cessé de croître, alimentées notamment par la rhétorique islamophobe de mouvements bouddhistes intégristes.
Originaire de Lunel, Farida ne peut « rester insensible » aux « images et vidéos publiées sur les réseaux sociaux » qui montrent des corps criblés de balles. À Nîmes cet après-midi, force est de constater que les militants sont majoritairement de confession musulmane. S’ils sont particulièrement sensibles à ces violences, ils refusent de justifier leur activisme par leur confession religieuse. « Nous sommes là en tant que citoyens » clament-ils, désireux que « l’ensemble de la société se sentent concernée » au nom des principes de solidarité et de respect des différences. Fervente militante, Nicole a battu le pavé dans plusieurs manifestations. Elle interpelle : « en Birmanie, ce sont les Rohingya. Demain, ça pourrait très bien être les Roms chez nous ! »
Lettre à Emmanuel Macron
Les manifestants ont écrit au Préfet du Gard et au Président de la République. Dans leur missive, ils demandent à l’État « d’exercer des pressions multiples sur le gouvernement birman pour faire cesser ces massacres. » Cela passe selon eux par « la suspension des relations commerciales pour ne plus recevoir d’importations birmanes en France et en Europe. » Le collectif attend aussi « une prise de position claire et ferme de la France » qui pourrait « envoyer de l’aide humanitaire et des troupes au sol. » Enfin ils souhaitent que l’on « retire le prix Nobel de la paix » à Aung San Suu Kyi.
Sous le feu des critiques, la dirigeante du gouvernement birman a annulé son déplacement à l’ONU ce mercredi. Elle a prévu de sortir de son silence le 19 septembre, lors d’une allocution télévisée…
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
*En 2010, la junte militaire birmane a changé le nom du pays en République de l'Union du Myanmar.
*Pour l'heure, l'ONU a qualifié de « nettoyage ethnique » les violences perpétrées en Birmanie par l'armée.
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