Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 04.10.2017 - abdel-samari - 2 min  - vu 411 fois

LE 7H50 de Abdellah Zekri : "Si tous les musulmans étaient des terroristes, cela se saurait"

Abdellah Zekri, président de l'Observatoire National Contre l'Islamophobie au Conseil Français de Culte Musulman (CFCM) (Photo : AS/Objectif Gard)

Après sa rencontre il y a quelques jours avec Emmanuel Macron, Abdellah Zekri, président nîmois de l'Observatoire National Contre l'Islamophobie au Conseil Français de Culte Musulman (CFCM) est l'invité de @objectifgard dans le 7H50.

Objectif Gard : Vous avez rencontré dernièrement le Président de la République. Sur quoi vos échanges ont-ils porté ?

Abdellah Zekri : Le Président a évoqué son désir de renforcer les liens de fraternité entre les différentes religions. Durant la campagne présidentielle, il avait pris l'engagement de réunir autour de lui les responsables des principaux cultes tout en gardant un cadre bilatéral des relations avec chacune des religions. Il m'a confirmé qu'il tiendrait cette promesse. C'est une bonne chose... Maintenant, il faut concrétiser cette volonté. Dans ce cadre, j'ai accompagné Driss El Moudni, responsable du culte musulman pour la Région, à un rendez-vous avec le Préfet du Gard afin d'avancer sur la feuille de route transmise par le ministre de l'intérieur.

Abdellah Zekri s'est entretenu avec le président de la République, Emmanuel Macron

Les actes terroristes récurrents, comme celui qui a eu lieu ce week-end à Marseille,  favorisent la montée des extrêmes et la défiance envers l'Islam. Comment lutter contre les amalgames entre Islam et terrorisme ?

En rappelant à chaque fois que c'est possible que les musulmans de France ne sont pas des terroristes et n'ont rien à voir avec Daesh. C'est aujourd'hui la responsabilité de l'Europe de régler ce problème. Daesh n'est pas un État. Si tel était le cas, on négocierait un cessez-le-feu. Or, aujourd'hui c'est impossible. Après, je voudrais dire que Daesh a échoué dans sa mission de tuer des citoyens français et européens pour faire monter le populisme. On a pu le voir en France, le Front National n'a pas gagné les dernières élections.

Comprenez-vous  les reproches de certains qui considèrent que les responsables du culte musulman ne s'impliquent pas suffisamment médiatiquement face aux terroristes ?

Il ne faudrait pas oublier que le CFCM a appelé à une prière dans toutes les mosquées de France après le meurtre odieux du Père Hamel. J'ai moi-même participé aux prières au sein de la cathédrale Notre-Dame à Paris. Il y a quelques mois, j'ai rencontré le Pape qui a remercié les musulmans pour leur mobilisation ; en particulier ceux de France. Après, je ne suis pas d'accord pour être dans une forme de strip-tease. Je ne suis pas coupable de ces actes horribles. Je suis citoyen français et je n'ai pas à m'excuser pour cette barbarie perpétrée par des terroristes au nom de ma religion. Si tous les musulmans étaient des terroristes, cela se saurait : il y a aujourd'hui 5 millions de musulmans en France.

Avez-vous  peur de l'avenir ?

L'avenir est inquiétant car on assiste à un terrorisme isolé... On observe depuis le début de l'année une vingtaine d'actes terroristes. C'est désolant, effrayant, horrifiant... La radicalisation se diffuse. Non pas dans les mosquées comme certains ont voulu le faire croire, mais par des réseaux comme Internet ou en prison... C'est d'ailleurs pour cette raison que c’est plus compliqué à contrôler et à réguler. Mais j'ai confiance en l'avenir. Il faut que l'on puisse responsabiliser encore davantage les jeunes qui sont les proies désignées des terroristes. Et il faut dans le même temps que l'on puisse faire preuve d'équité, de justice, et faire en sorte que l'on prennent en compte la situation  des banlieues oubliées de la République et de leurs habitants.

Propos recueillis par Abdel SAMARI

Abdel Samari

A la une

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio