Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 05.10.2017 - anthony-maurin - 4 min  - vu 227 fois

NÎMES Accueillir le grand âge et vivre avec passion

Dans le douillet hall d'accueil, fauteuils et sapin de Noël ornent déjà les lieux (Photo Anthony Maurin).

Un parc, libre d'accès, est partagé, comme la Maison de santé protestante à Nîmes ! (Photo Anthony Maurin).

Le Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement du Gard vient de mettre en lumière un ouvrage intitulé "Accueillir le grand âge. Permettre à chacun de rester habitant de sa vie" et réalisé par Pascale Parat-Bezard. Une conférence était organisée aux Archives Départementales pour parler de ce phénomène de société qui va croissant.

On le sait, les Français vieillissent, vieillissent relativement bien et vieillissent relativement longtemps. Les seniors, un temps laissés sur le côté de la route, avaient droit à une fin de vie compliquée, mêlant habitat non adapté et famille souvent absente. Si les familles ne sont pas plus présentes à leur côté, la révolution qu'ils vont connaître s'appliquera à un habitat qui offre de nouvelles perspectives.

"Personnes de 60 ans et plus, architectes et professionnels de l’acte de bâtir, sociologues, psychologues, élus locaux et bien d’autres acteurs (NDLR plus de 400 au total) ont été interrogés sur l’avancée en âge et sur des formules d'habitat novatrices qui existent ou sont en projet dans le Département du Gard et permettent de conserver lien social et autonomie. Il y a aussi eu une démarche sociologique afin d'obtenir des données locales que l'on n'avait pas", avertissait l'introduction de la conférence.

À l'entrée de la conférence, une petite table avec le nécessaire littéraire (Champ Social Editions) et utile au senior en puissance. Au micro, Pascale Parat-Bezard, socio-économiste et anthropologue. L'architecture est liée à la culture et permet un panel diversifié de conférences et d'actions multimodales. Conseils aux particuliers, sensibilisation en milieu scolaire ou associatif mais aussi expositions, publications et conférences... Tels sont les divers aspects du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement du Gard qui était à la manœuvre de la conférence.

Pour être certain de la qualité de l'enquête, le questionnaires s'adressait à près de 200 interrogés, hommes à 53%, âgés en majorité de 60 à 74 ans et urbains pour 36% d'entre eux. Cet échantillon est donc assez bien réparti et en phase avec la réalité. L'enquête a pris en compte la sécurité, les soins et la sociabilité.

Par exemple, quand on demande où aimeraient vivre les questionnés dans 10 ou 20 ans, l'immense majorité des participants répondent "Dans ma maison", quand quelques uns aimeraient se rapprocher de leurs enfants ou d'autres préféreraient déménager vers un logement plus petit. Alors quand devient-on vieux ? Visiblement maires gardois et architectes estiment que l'on devient "vieux" à partir de 77 ans !

Et quand on parle d'adapter sa vie à son habitat, le contraire serait préférable ! "De nombreuses recherches existent sur les progrès à réaliser mais peu d'entre elles se soucient de l'architecture. Nous portons un regard sur les initiatives actuelles avec le livre que nous avons édités. Nous parlons des formules innovantes telles que les maisons en partage ou encore l'habitat participatif qui peine à sortir de terre dans notre région..." explique Pascale Parat-Bezard.

Il faut dire que notre Gard compte plus de 271800 personnes de plus de 65 ans et que Nîmes a un grand nombre de bénéficiaire du minimum vieillesse. D'ailleurs, on compte trois phases notables dans le processus de vieillissement.

Entre 60 et 74 ans, les seniors sont encore actifs, en bonne santé et souvent engagés. Entre 75 et 84 ans, l'autonomie est toujours présente malgré la faiblesse physique et petites stratégies qui font compensation. C'est à plus de 85 ans que l'on se confronte à la dépendance.

Dans ce nouveau livre explicatif, les codes changent et font apparaître des envies très humaines. "L'image a été d'une grande importance dans cet ouvrage. C'est Patrice Loubon qui s'en est chargé. Ces photos valent mieux qu'un long discours, c'est pour cela qu'elles sont aussi présentes. Deux autres photographes sont aussi de la partie", affirme Pascale Parat-Bezard qui parle de vieillesse et de vieillissement, mots tabous dans nos sociétés jeunes et mobiles... "Ça choque, on n'emploie pas ces mots et quand on les utilise, il faut vieillir mieux ou moins vite tout en restant jeune !"

Test d'audition et film pédagogique sur l'ouïe et le bruit lors de la journée Portes Ouvertes (Photo DR)

Comme on pouvait le penser, le sentiment de sécurité au domicile est prépondérant pour les personnes âgées mais les aménagements les plus performants ne sont pas forcément connus. Dans le petit livre, des contacts peuvent vous aider à choisir les travaux adaptés à vos futurs besoins.

L'ambiance ressentie dans le quartier est également importante aux yeux des seniors. Se dire bonjour, vieillir dans un cadre où il fait bon vivre, où tout le monde se connaît... Les ruraux aiment cette convivialité quand les Nîmois sont plutôt réservés sur ce point. "On s'aperçoit aussi que les communes périphériques de Nîmes n'ont pas assez d'accès aux soins et aux transports. Commerces et associations jouent par conséquent un rôle de premier rang dans la vie des seniors. La ville et son brouhaha, ses trottoirs inégaux et son manque d'aménagements de places assises, de bancs voire de fontaine à eau et de végétaux peuvent effrayer", poursuit la sociologue.

Les seniors version 2017 préfèrent rester chez eux le plus longtemps possible et rejettent l'idée même de maison de retraite qui souffre d'une vision négative. Pourquoi ? C'est coûteux ! Autre raison, une chambre comme à l'hôpital, une décoration simpliste, des fauteuils pas toujours confortables. Bref, la sensation d'être dans un mouroir... Même la froideur des éclairages qui respectent les fameux 150 lux ne semble pas être optimamale pour assurer un vieillissement agréable.

Photo d'illustration

Il faut alors sortir la maison de retraite du modèle hospitalier. Il en va de même pour la nourriture que l'on y trouve. Une bonne cuisine préparée sur place avec des produits locaux sera plus appréciée des résidents. De plus, si la possibilité de prendre un en-cas est ouverte, le senior serait le plus heureux du monde. Le but du jeu ? Faire une maison animée et non un ghetto de vieux parce que chacun reste un être humain jusqu'au dernier instant.

Meilleur et plus ancien exemple dans la région, l'architecte Robert Prohin qui a réalisé une maison d'accueil pour personnes âgées dépendantes (La Soleillade) dans les années 1990 au Collet de Dèze, au cœur du village et au top du top pour les seniors, a été une source d'inspiration.

À la mode, les maisons en partage. Intermédiaires entre le domicile et la maison de retraite, elles sont idéales pour estomper le vieillissement démographique galopant. Quatre exemples à connaître, les Ourmeaux à Lanuejols, les Santolines à Alès, le Quartier de la Verrerie à Bessèges et la Maison de Santé protestante rue de Sauve à Nîmes.

Anthony Maurin

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