Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 10.10.2017 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 315 fois

FAIT DU JOUR Olivier Gaillard (LREM) : « Je ne dis pas amen à tout »

Olivier Gaillard, député LREM de la 5e circonscription du Gard. (Photo Tony Duret / Objectif Gard)

Ex-socialiste rangé sous la bannière LREM, Olivier Gaillard se considère toujours comme « un homme de gauche. » Alors que débute cette semaine l'examen de la loi de Finance 2018, le député souhaite apporter sa pierre à l'édifice. 

Objectif Gard : Comment vous sentez-vous ?

Olivier Gaillard : Hein ? Bien… Pourquoi ?

Comment se sent un ex-socialiste prêt à voter un allégement d'impôt pour les plus riches ?

Ah ! Je me sens surtout comme un ex-socialiste qui a déposé des amendements, notamment la taxation renforcée des biens de luxe. Ça n'a pas été facile : le gouvernement au départ n'était pas d'accord... Ensuite avec d'autres collègues, nous demandons une clause de révision de la baisse de l'ISF sur les deux prochaines années.

En Suède, il apparaît que la suppression de l'impôt sur la patrimoine n'a pas eu d'impact sur la croissance. Au contraire, ça a accru les inégalités.

On est sur des logiques macroéconomiques. On ne peut pas avoir aujourd'hui de certitudes. Essayons et attendons de voir.

L'ISF incarne la solidarité des plus riches envers les plus faibles, le principe de redistribution des richesses… En tant qu'ancien socialiste, ce n'est pas dur de voter cette réforme ?

Je reste un homme de gauche dans mes convictions. Mais posons-nous les bonnes questions : nous avons une évasion fiscale estimée entre 50 et 80 milliards d'euros. Sur la dernière mandature, des efforts ont été faits pour lutter contre cette fraude. Malheureusement les effets sont minimes… C'est très difficile de récupérer cet argent. Alors aujourd'hui, on s'oriente vers une nouvelle politique. Et au passage, je rappelle que les socialistes ont voté le CICE, en filant de l'argent aux grands groupes  ! Ça vous perturbe pas ça ?

Donc Emmanuel Macron n'est pas le « président des riches » comme certains le qualifient ?

Ni plus ni moins qu'Hollande ! Attendez, on va augmenter l'allocation handicapée de 100€, le minimum vieillesse de 100€, la suppression de la taxe d'habitation, on va aussi doubler les crédits de l'ANRU… On fait plus que ce qu'a fait Hollande ! Personne n'est jamais allé aussi loin ! Mais ça, personne n'en parle.

Vous êtes ex-salarié du bailleur social Habitat du Gard. Quand on voit parallèlement une baisse des APL, au grand dam de votre président Denis Bouad, quel message le gouvernement envoie ?

Oh là là ! À un moment donné, il faut remettre les choses en place : la baisse des 5€ sur l'exercice 2017 est due à une sous-budgétisation et une insincérité du budget 2017, voté par l'ancienne équipe !  

Et la nouvelle baisse de 50€ annoncée par le gouvernement ? Vous la cautionnez ?

Pour être honnête, je ne suis pas convaincu que cette hausse entraîne automatiquement une baisse des loyers. Les propriétaires privés n'ont pas de mission de service public… Seulement le logement en France, c'est un budget de 42 milliards pour 4 millions de mal-logés ! Une catastrophe ! En 2018, nous devons réaliser une économie d'un milliard. Au niveau des modalités, nous sommes plusieurs députés à chercher des mesures alternatives à cette nouvelle baisse de l'APL.

Par exemple ?

Pour l'instant rien n'est calé. On pourrait mettre en place une fiscalité sur les organismes HLM qui ont 11 milliards d'euros dans les caisses… Nous commençons à travailler sur le taux.

Comment répondre aux besoins des locataires toujours en attente de logements sociaux ? Et surtout, comment faire baisser les loyers ?

Il faut libérer une partie du foncier de l'État. À Nîmes dans le secteur des garrigues, ne pensez-vous pas qu'il y aurait quelques parcelles que l'État pourrait mettre gracieusement à disposition des bailleurs sociaux ? Les communes le font bien ! Aussi, il faut arrêter d'empiler les normes qui entraînent un surcoût de 20% dans la construction d'un logement et in fine se répercute sur les loyers.

Vous êtes aussi conseiller départemental. Qu'avez-vous obtenu du gouvernement concernant les collectivités ?

En 2018, pas de baisse des aides de l'État aux collectivités ! Ça fait quatre ans que ce n'était pas arrivé. Il y a même une rallonge de 400 M€. D'ailleurs, l'État travaille à un "contrat de confiance" avec les collectivités. L'objectif : conditionner ses aides aux efforts réalisés sur la maîtrise du fonctionnement (au-dessus de 1,2%) et la hausse des investissements. Par ailleurs, je suis intervenu auprès du ministère de l'Intérieur pour qu'il y ait une équité et une justice entre les départements, concernant le financement des prestations sociales. Le RSA est une compétence nationale, financée par les Départements. Seulement le nombre de bénéficiaires a évolué et l'État n'a pas compensé l'envolée !

Vous ne cautionnez donc pas toute la politique d'Emmanuel Macron ?

Je suis d'accord sur la philosophie, mais je ne dis pas amen à tout !

En parlant de religion, certains prient pour le retrait de la loi Travail. C'est notamment le cas des Communistes de votre majorité au Département. Sur le sujet, on vous a peu entendu…

Ce n'est pas une surprise, c'était dans le programme. À chaque étape, on agit. La loi travail a été actée et adoptée. Aujourd'hui nous sommes dans d'autres orientations liées au budget avec de nouvelles lois qui arriveront en 2018 et 2019. Dont acte.

Propos recueillis par Coralie Mollaret

Coralie Mollaret

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