GARD Pour Denis Bouad, "Il n'y aura plus aucune solidarité financière"
Habitat du Gard, comme l'ensemble des bailleurs sociaux, proteste et évoque les conséquences catastrophiques de la réforme des APL. Denis Bouad, Président de la structure mais aussi Président du Conseil départemental a la dent dure et entame un bras de fer.
"Qu'on ne me parle plus de mixité sociale, de politique de peuplement ou de l'état des quartiers dégradés. Nous aurons tout juste les moyens de changer la poignée d'une porte cassée! Une motion... Vous vous rendez compte, c'est la première fois que ça m'arrive en 15 ans! Et c'est un vote à l'unanimité!" lâche le Président d'Habitat du Gard Denis Bouad au sortir d'un Conseil d'administration exceptionnel.
Et pour cause, à travers son projet de Loi de Finance 2018, le gouvernement s’apprête à porter atteinte à tous les organismes HLM de France ainsi qu'à leurs 10 millions de locataires. "Tout le monde a pris conscience des difficultés que nous rencontrerons avec cette loi qui sera votée dans les prochains jours. Le débat va commencer et je ne comprends pas pourquoi on prend de telles mesures. La baisse des APL n'était pas acceptable mais cette baisse du loyer de 60 euros nous fera perdre entre 7 et 9 millions d'euros car nous avons environ 16000 logements dont 56% d'allocataires APL" poursuit le Président remonté comme une pendule.
Et dire que par le passé le projet de renouvellement urbain semblait déboucher sur de nouvelles perspectives. Dommage, la France risque de louper le coche. "Il y a un an, nous étions à Paris pour défendre l'ANRU 2 à Nîmes... Nous sommes à la fin de l'ANRU 1 et le travail accompli a permis la construction de beaux logements. Pour l'ANRU 2 nous espérions 1500 logements détruits puis remis à neuf, on parle de 320 millions d'euros et pour nous, c'est énorme!" continue Denis Bouad qui va mouiller la chemise, et sa double casquette, de Président du Conseil départemental et d'Habitat du Gard. Et de reprendre, "Je n'irai plus aux réunions de l'ANRU car je n'aurai plus la capacité d'avoir les moyens d'assumer nos obligations. Au Conseil départemental, nous allons également voter une motion le 26 octobre prochain car avec cette affaire, c'est la fin du renouvellement urbain. Si la loi est votée, dès le mois de janvier 2018, nous n'accorderons plus aucune garantie d'emprunt, y compris à Habitat du Gard. Les conséquences de ces mesures empêcheront les organismes HLM de rembourser les emprunts, les collectivités territoriales seront en grande difficulté, il n'y aura plus aucune solidarité financière".
"Cette réforme va créer du chômage, je ne vois pas d'avenir, l'effet sera immédiat! Quand on met deux pauvres ensemble, on n'a pas un riche! C'est surtout le secteur du bâtiment qui va avoir du chômage supplémentaire dans le Gard" achève le Président Bouad. "Ce qui est menacé, c'est le logement social. Le côté financier primera bientôt sur le côté humain" annonce quant à lui un membre du Conseil d'Administration d'Habitat du Gard.
Les 15000 locataires viennent de recevoir une lettre d'Habitat du Gard expliquant les conséquences, réelles, de cette loi pas encore formelle. Dans le même temps, la société a écris à des centaines d’entreprises ainsi qu'à des fournisseurs.
Tout aussi grave dans le ton comme dans le geste, Stéphane Cabrié, Directeur Général d'Habitat du Gard est clair. "Dès janvier, je serai dans l'incapacité d'engager Habitat du Gard dans le projet de rénovation urbaine alors que nous venons de terminer la préfiguration de l'ANRU 2. On ne pourra pas entretenir le parc et nous ne ferons plus que dix logements par an! Nous survivrons à peine, juste de quoi payer les salaires de nos 320 agents".
On ne cesse de le redire, le Gard est un département pauvre avec un taux de chômage élevé et qui dépend beaucoup des aides sociales. Couper un pan entier de ces coups de pouce va bouleverser en profondeur la vie des milliers de personnes concernées. Le DG s'en va en guerre. "Ces notes sont celles de jeunes énarques de 28 ans, c'est très bien sur le papier mais chez nous, ça pose un réel problème. Cette philosophie d'action est démago et politiquement très dangereuse car bien présentée, elle passe très bien! Sauf que pour nous, avec nos 9500 allocataires de l'APL sur nos 15000 logements, la perte avoisinera les 10 à 15% alors que nous préparons actuellement notre budget et un plan qui s'échelonne sur les dix prochaines années...".
"Conformément à l'Indice de Référence des Loyers, nous n'avons pas augmenté nos loyers depuis trois ans mais nous pourrions le faire cette année à hauteur de 0,75% si le projet de loi que nous dénonçons ne passe pas. Avec ces nouvelles ressources, on pourrait continuer à voir l'avenir et investir dans le patrimoine. Contrairement à ce que certains affirment on ne se gave pas depuis des années. Nos actionnaires ne reçoivent aucun dividende et nous remettons tout l'argent dans le patrimoine!" conclut l'inquiet Directeur Général Stéphane Cabrié.
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