Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 24.10.2017 - florence-genestier - 3 min  - vu 990 fois

AIMARGUES Bio aujourd'hui, serres solaires demain…

Un terrain de 15 ha en attente de serres solaires et expérimentales.

Armand Tourvieille, agriculteur d'Aimargues en conversion bio, porte depuis plusieurs années le projet d'une trentaine de serres solaires sur son terrain de l'Estanion. Des générations de paysans derrière lui, avec une tradition viticole, l'homme a longtemps cultivé des melons et écoulé ses produits de façon traditionnelle avant d'opter pour un autre choix. Aujourd'hui, en attendant les serres high tech, c'est magasin à la ferme et un sol en pleine forme.

Si tout va bien, d'ici quelques mois, des serres solaires sortiront du sol. Un projet de développement expérimental sur une surface totale de 15 ha porté par un investisseur régional, qui met la coquette somme de 7 M€ dans l'affaire. Les serres traditionnelles sont visibles de la route, pour tous les automobilistes qui longent Aimargues entre deux ronds-points et filent à Nîmes. En cette saison, des courges de toutes sortes, du potimarron au butternut, en passant par la courge de Nîmes poussent "tranquille" et en douceur. Adepte pendant des années d'agriculture raisonnée, le paysan d'Aimargues, qui compte des générations d'ascendants viticulteurs avant lui et conserve par tradition un hectare de cépage syrah a produit du melon. Du calibré, du traité, du formaté, du sur demande. Tributaire des circuits de distribution, la famille a fait le choix de repartir de zéro depuis quelques années. "J'ai eu un jour l'impression qu'on allait vers le gouffre si on continuait sans se poser de question" se souvient Armand Tourvieille. Changement. Nouveau départ. Avec une attention particulière pour les légumes bio, écoulés en vente directe à la ferme. Fortement encouragée par Marie, 33 ans, qui prend la succession tout doucement, en militant pour la production locale. Tomates, salades, haricots verts se partagent les bacs de la petite boutique. Une exigence de qualité.

Marie prend la succession de ses parents malgré les difficultés. Elle croit aux légumes bio, aux circuits courts et à la production locale.

L'agriculteur a présenté son projet de serres bio climatiques et solaires lors de la soirée dédiée au Plan Climat de la communauté de Communes Petite Camargue voilà deux semaines. Avec le recul, cet ancien candidat UMP à la mairie d'Aimargues en 2008, aurait préféré continuer à vivre caché, en râlant contre les "tracasseries et les paperasses" qui lui font perdre du temps, lui qui préfère travailler la terre.  Il a du entamer une procédure judiciaire car la première version du permis de construire a été retoquée voilà dix ans. Têtu, il n'a jamais lâché l'affaire. Le voilà nanti de toutes les autorisations nécessaires. Trente deux serres, qui produiront de l'électricité, revendable à Enedis et surtout une surface de 2 ha au total de cultures diverses et variées.

Des serres qui lui permettront d'une part de louer quelques structures à des agriculteurs en quête d'équipement toute saison et aussi de faire pousser de nouvelles variétés de fruits et légumes, bio certifiés, jusqu'aux citronniers. En attendant le premier coup de pioche de ce chantier pas comme les autres, qu'il veut encore laisser en grande partie dans l'ombre,  Armand Tourvieille se contente de grandes généralités. Les temps sont durs, sachez-le, pour les professionnels. « Quand je me suis lancé dans les années quatre-vingt, on comptait quarante-cinq installations annuelles d'agriculteurs dans le Gard. Quarante ans après, si un seul tente l'aventure par an, c'est déjà une grosse prise de risque...»

Sa fille Marie, 33 ans, membre des jeunes agriculteurs est là pour assurer la succession et la bonne marche de la maison du Paysan. La jeune femme déplore comme son père le retard pris par le projet de serres solaires, qui devrait améliorer le quotidien de l'exploitation familiale. Elle peine parfois à écouler sa production de qualité et abordable, alors qu'à quelques centaines de mètres, les rayons primeurs des supermarchés locaux proposent des fruits et légumes portant leur quota de centaines de kilomètres parcourus. Ils sélectionnent aussi les marchés gardois où ils vendent leurs légumes. Question de choix et d'objectif.

La maison du Paysan, 3 chemin de l'Estanion, 30470 Aimargues.

Florence Genestier

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