Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 24.10.2017 - tony-duret - 3 min  - vu 976 fois

FAIT DU JOUR La terreur du village insulte le gendarme et lui saute au cou

Centre du village Les Plantiers. DR

Cela ne fait aucun doute : Anne-Lyse est un sacré personnage. Dans son village au cœur des Cévennes, Les Plantiers, cette femme de 59 ans est connue pour son fort caractère, sa gouaille et ses chiens. Elle était jugée la semaine dernière devant le tribunal correctionnel d'Alès.

Depuis des années, Anne-Lyse, éleveuse de chiens, rencontre des difficultés avec le maire du village Les Plantiers, une commune de 200 âmes coincée entre Valleraugue et Saint-André-de-Valborgne. Un contentieux autour d'une délimitation de la parcelle du terrain de la quinquagénaire empoisonne la vie des deux ennemis, mais aussi des touristes qui passent aux abords de chez Anne-Lyse. En les voyant approcher, cette dernière se posterait près d'un chemin de randonnée et menacerait les promeneurs avec ses chiens ou, dans des moments d'accalmie, se contenterait de leur crier dessus. Des touristes effrayés auraient envoyé des lettres de plaintes à la mairie.

Le 27 octobre 2016, un nouvel événement vient contrarier Anne-Lyse. Ce jour-là, des employés municipaux ont le culot de faire des travaux avec un marteau piqueur à deux pas de chez elle. En colère, la furie du village sort de chez elle et ordonne aux travailleurs de déguerpir :

-           Vous êtes à la botte du maire. Foutez le camp ou je lâche les chiens !

Les employés municipaux appellent le maire à la rescousse. Ce dernier, connaissant le personnage, alerte aussitôt les gendarmes. Deux militaires se présentent au domicile d'Anne-Lyse pour calmer le jeu mais ce n'est pas le bon jour, si bon jour il y a...

-           Les gendarmes ont traversé trois barrières de chez moi avec le gyrophare, peste Anne-Lyse à la barre du tribunal correctionnel d'Alès. Alors ça m'a énervé ! Ils ne pouvaient pas plutôt me téléphoner ?

Cette brave Anne-Lyse est tellement énervée qu'elle saute au cou d'un gendarme, Jean-Marc, et lui hurle dessus : "Vous n'avez rien à foutre ici, vous me faites chier". Le militaire parvient à se dégager mais ses ennuis ne sont pas finis. L'un des patous de l'éleveuse, un chien de montagne d'une quarantaine de kilos, arrive sur Jean-Marc par derrière, le mord à la cuisse, le fait chuter et le mord sur différentes parties du corps. Son collègue, lui, a eu le temps de se renfermer dans la voiture. Devant cette scène de violence, qui vaudra tout de même 10 jours d'ITT au militaire, Anne-Lyse trouve le temps d'ironiser : "Il fait semblant d'avoir été mordu !"

Le gendarme : "Ce jour-là, j'ai vu la mort"

À la barre du tribunal d'Alès, Anne-Lyse revient sur cet épisode et certifie que le chien s'est échappé. Comme pour son histoire avec le maire, elle n'y est pour rien ! Elle réussit même à accuser :

-           Ah beh quand mon chien file, il file. J'ai pas pu le rattraper. Mais moi, j'ai pas vu de sang. Et puis Monsieur est un militaire entraîné, il a une arme. C'est mon chien qui risquait de mourir. Pas lui.

Le gendarme, Jean-Marc, présent à l'audience, parvient à garder son calme. Militaire aux quatre coins de la métropole ou en Guyane, il assure avoir connu des situations périlleuses mais pas comme celle-là :

-           Ce jour-là, j'ai vu la mort. Actuellement, je vois encore ce chien qui essaie de me tuer. Quand je vois un chien massif dans la rue, je change de trottoir. Je vais aller à la SPA pour me familiariser à nouveau avec les chiens, explique l'homme soutenu par son avocat Jean-François Corral qui demande 8 500€ de dommages et intérêts pour le préjudice moral.

Le procureur, Sébastien Sider, requiert 8 mois de prison avec sursis et une amende de 1 500€. Invitée à dire un dernier mot, Anne-Lyse, sans avocat, plaide sa cause en continuant ses accusations sans tenir compte du traumatisme manifeste de sa victime :

-           D'abord je m'excuse. D'accord j'ai haussé la voix ce jour-là mais le chien m'a échappé. Et moi je ne sais pas comment on peut avoir peur de la mort avec un revolver.

Convaincu d'être dans son bon droit, Anne-Lyse est repartie du tribunal sur ses béquilles avec une peine de 8 mois de prison avec sursis, une amende de 250€, et 2 500€ à indemniser pour le préjudice moral du gendarme.

Tony Duret

tony.duret@objectifgard.com

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