Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 25.10.2017 - florence-genestier - 3 min  - vu 433 fois

VAUVERT Des clochards célestes pour refuser la misère

L'équipe du centre social RIVES et du Printemps de l'Éducation contre le Racisme avec le photographe et ses modèles.

Le 17 octobre 1987, le père Joseph Wresinski proclamait la journée du refus de de la misère. Adoptée par l’ONU en 1992, cette mobilisation s'est déclinée à Vauvert, grâce au Centre social Rives. Diverses associations ont uni leurs forces pour proposer une journée spéciale sur une radio associative et une expo photo marquante à la mairie.

Mardi dernier, le Printemps de l'éducation contre le racisme et les discriminations, collectif d’associations porté par le centre social RIVES, inaugurait une exposition dans le hall de la mairie vauverdoise. Le point final d'une journée particulièrement bien remplie. Après des contacts avec ATD Quart monde Occitanie, le Printemps  s’est impliqué pour la première fois pour cette journée sur Vauvert. La radio associative RIVES Radio système, 93.7  a réalisé une émission spéciale. À noter la lecture par les jeunes de l'atelier théâtre du texte de Victor Hugo pour « l'abolition de la misère » (discours prononcé le 9 juillet 1849 à l'Assemblée nationale et toujours d'actualité). La table ronde a réuni des représentants de l’État, du conseil départemental du Gard, du CCAS de Vauvert, du Secours populaire, de la maison du cœur et des membres du collectif.

Des clichés au futur spectacle

Une série de portraits photo, en très gros plan, frappants de force, intitulée Clochard Céleste et réalisée par Eric Castanet, marque. En 2012, ce photographe de 54 ans, qui ne roule pas sur l’or, craque et par choix, s’en va vivre dans la rue plusieurs mois. Il découvre un univers de vies difficiles et d’errances, de personnalités riches pourtant en marge. Il habite désormais dans une péniche à Saint-Gilles mais continue à fréquenter de près les vagabonds, rebaptisés SDF par « une société cruelle pour les plus faibles ». Saisi par leurs histoires et leurs regards, il finit par les photographier. De très près, pour leur permettre, malgré tout, de rester eux-mêmes. « Souvent je leur file des clopes ou je leur paie un café. Je n’oublie pas non plus de leur fournir des produits pour leur toilette. Être dans la rue avec eux m’a donné une énergie folle. J’ai voulu immortaliser leurs regards. C’est psychologiquement que la misère est dure pour eux, parce qu’elle détruit tout lien social. Ils sont confrontés au froid, à la faim, à la solitude quotidiennement. Toutes leurs histoires, leurs schémas de vie, se ressemblent ».

Eric Castanet, photographe des clochards célestes, qui a su capter au plus près et avec une grande justesse leurs regards et leurs parcours.

Et d’évoquer sans pathos ni sensiblerie excessive, avec des mots justes et directs, les parcours de vie de plusieurs personnes croisées lors de son errance personnelle. Un homme en Espagne, ex-travailleur du BTP sur les chantiers, qui perd tout, famille et biens, après un AVC et plusieurs mois de coma. Une femme, qui coup sur coup enterre son fils et son compagnon et décide de vivre dehors et de « bouger », avant d’apprendre qu’elle a un cancer de l’estomac. Jean-Charles (« 38 ans dont 23 ans dans la rue. Au lieu de faire les bourges de votre côté et nous les pauvres, pensez à nous regarder et à nous parler !») et Léonard, un peu bruyants pendant le vernissage, à la parole libre et incadrable.  Et fiers, à juste titre, de se retrouver parmi les portraits choisis. Déstabilisés de se retrouver en pleine lumière mais sont venus au vernissage. Un spectacle est en projet, qui exposera ces errances croisées. « Elle a de la gueule, cet expo !» lâche un responsable de la CAF. De la gueule en effet, du caractère et de l'humanité.

L'exposition est visible dans le hall de la mairie aux heures d'ouverture.

florence.genestier@objectifgard.com

Florence Genestier

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