« Protéger, réunir, construire » : trois mots qui ont rythmé les réunions publiques de la majorité Crauste cette semaine. Une communication bien huilée, en trois soirées qui ont rassemblé moins de cent personnes chacune, sans aspérité ni contradiction. En route vers un deuxième mandat, le maire graulen veut transformer la surprise de son élection de 2014 en évidence durable

Mardi 24 octobre, Espace Jean-Pierre Cassel, 18 h 30. Une affichette l’explique dans le hall : le spectacle d’Anne Roumanoff, la comique qui brocarde gentiment mais sûrement les travers des politiques est déjà complet. Ce soir, la représentation prévue, à portée locale, ne remporte évidemment pas le même succès.  Ils sont une soixantaine, assis dans la salle de spectacle qui compte 378 places. Un peu perdus dans cet océan de bleu synthétique, ces curieux semblent à première vue des soutiens de l’équipe en place. Parfois des applaudissements fusent, par salves, comme dans les meilleures séquences de réunion de fan-club. D’autres restent stoïques et écoutent. Sur scène, micro au poing, le maire Robert Crauste se tient debout, une bonne partie de ses adjoints  sur des chaises, face au public bienveillant. Sages, trop silencieux d’après certains spectateurs, qui auraient préféré une présentation plus collégiale. Bien peu – MM. Topie et Bernard avant tout - interviendront 5 mn au cours de la soirée.  La parole est monopolisée, comme souvent par le « Docteur ».  Face à une superbe vue aérienne du Grau-du-Roi, des confins de l’Espiguette à l’étang du Ponant, il pointe au laser et  au fil de son intervention, tel un prof d'anatomie en amphi, les sujets qu’il aborde sur la photo. Friche du vieil hôpital au Boucanet, ecoquartier futur, les phares revisités, l'école de la Mer, etc. Des projets plein les filets.

Le maire du Grau-du-Roi  - une fonction paraît-il  « pas comme les autres » -  a décidé d’une série de réunions publiques pour "faciliter le dialogue". Trois, dans trois quartiers différents (centre-ville, Boucanet, Port Camargue), avec une panoplie d’outils de communication ad hoc. Un film promotionnel de 12 mn rythmé par trois mots : « Protéger, Réunir, Construire », un hors-série du bulletin municipal et ce trio de réunions publiques, qui ne veulent être ni un départ en campagne prématuré ni trop marquées politiquement. Surtout pas. Cela risquerait de diviser et avant toute chose, l’ex-adepte de Georges Frêche tient à affirmer sa « cohérence » et son dégoût des « clivages ».

Vie quotidienne et grands projets en gestation

Robert Crauste cultive sa sérénité et veut apparaître comme l’homme des grands projets et des avancées du Grau-du-Roi. Au fil de cette première soirée, les questions de connivence et les félicitations exagérées n’ont pas manqué. Le maire a déroulé son discours-bilan sans trop de contradictions. En se posant à lui-même les questions les plus vaches : « Vous pourriez me dire : il est bien gentil le maire, mais il plane ». Personne n’a osé.  Les questionnements de la salle ont abordé des problèmes très terre à terre : réfection de chaussées défoncées avenue Victor-Hugo ou Rue des Primevères, éclairage public mal réglé, panneaux de signalisation mal placés, mauvaise santé de certains massifs, stock d’hydrocarbures à l’Espiguette, vente d’une résidence-hôtel à Port-Camargue. Rien de féroce. Les opposants ne sont pas venus faire scandale et ont boudé ces assemblées taillées sur mesure. Les clivages, le maire les abandonne volontiers à la droite élue et éparpillée en quatre, quatre tendances parties selon lui dans un concours de critiques à son égard. L’état morcelé actuel de son opposition locale reste sa meilleure garantie pour rester en place après 2020.

« Le fait financier est majeur et marque l’entrée dans ce mandat » assène-t-il. Sans citer nommément opposition et prédécesseur, le maire raconte les inquiétudes liées à la santé financière de la Ville en 2014. « On nous avait annoncé la tutelle pour 2017 tout de même !». Sans trop d’insistance, il évoque une maison de retraite qui n’était pas aux normes et l’arrêt nécessaire des travaux d’entretien un an complet pour raison d’économie. « Je ne règle pas de comptes, je vous apporte de l’info », précise Robert Crauste à la salle en rappelant la fragilité financière de la ville de l'époque. Mais attention, depuis son arrivée, tout va mieux. Un travail d'équipe. Une partie du public et des adjoints opine.

Ce dimanche après-midi 29 octobre, à l’issue d’une remise des prix d’une régate à Port-Camargue, son quartier, le maire se montre satisfait de sa semaine. Léopold Rosso, son opposant favori au conseil municipal, parlerait naturellement d’« autosatisfaction béate ».  Robert Crauste affirme à Objectif Gard qu'il a pu faire venir « non seulement ses soutiens mais aussi des électeurs pas forcément acquis à sa majorité mais conscients de l'intérêt général de la Ville ». Rive droite, Rive gauche et tous pour le Grau-du-Roi. La version littorale gardoise du "ni pour, ni contre, bien au contraire " cher à Coluche ?

Florence Genestier