LE 7H50 Juan Martinez : « La Catalogne ? Une indépendance qui n’a ni queue ni tête ! »
Le maire de Bellegarde franco-espagnol revient sur la crise que traverse son pays d’origine. Une crise dans laquelle le pouvoir régional catalan tente d’arracher son indépendance à Madrid.
Objectif Gard : Vous sentez-vous concerné par la crise qui secoue l’Espagne ?
Juan Martinez : Bien sûr. Je suis né là-bas, dans la région autonome de Murcia. Mes parents sont des immigrés qui sont venus à Bellegarde pour travailler et construire leur vie. Vous savez La Catalogne, ce ne sont pas que des Catalans… Sur les sept millions d’habitants, beaucoup proviennent des 16 autres régions espagnoles. Ils ont émigré il y a des années pour travailler. Je me sens aussi concerné en tant qu’Européen. Créer des frontières supplémentaires n’est pas adapté au monde dans lequel nous vivons. Pourquoi demain, l’Occitanie ne déclarerait-elle pas son indépendance ? Et Bellegarde ? Cette déclaration d’indépendance n’a ni queue ni tête !
Pourquoi la Catalogne veut s’émanciper de Madrid ?
Un mot d’abord sur l’organisation de l’Espagne : c’est un État fédéral avec 17 régions autonomes. C’est très différent de la France. Les régions possèdent des compétences majeures comme l’éducation, la santé, la police… Par exemple, la Catalogne a choisi que l’enseignement serait dispensé en Catalan. En Espagne, il y a une reconnaissance des différentes cultures qui a contribué à créer la démocratie, à la sortie de la dictature franquiste. Seulement aujourd’hui, la Catalogne est l’une des régions les plus riches et ne veut plus partager ! Les indépendantistes veulent de la solidarité nationale quand ça les arrange, mais ne veulent pas payer quand cette même solidarité s’impose à eux ! Ce n’est vraiment pas ma philosophie de vie…
Comment l’Espagne va-t-elle sortir de cette crise, selon vous ?
Relativisons… On est dans le cadre d’une campagne électorale ! Plusieurs membres des partis indépendantistes ont déclaré qu’ils participeraient aux élections régionales, avancées au 21 décembre. Ne soyons pas dupes : cette crise profite aux mouvements indépendantistes forts dans la région mais aussi au gouvernement. Son président Mariano Rajoy n’a pas de majorité à la Chambre des députés et cherche, avec cette crise, à se faire une aura nationale…
De toute façon, l’affaire est réglée : la Constitution espagnole ne prévoit pas d’indépendance. Sinon c’est la fin de l’Espagne avec des déclarations d’indépendance d’autres territoires espagnols et même européens. C’est très dangereux !
Propos recueillis par Coralie Mollaret
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