FAIT DU JOUR Un immeuble de 9 mètres de haut devant leurs maisons ?
« C’est ce jour là qu’ils ont installé le panneau », explique Laurent Griotto. Ce quadragénaire habite un coquet pavillon en retrait de la route départementale, pavillon qui jouxte un terrain en L encore vague.
« Clapier à lapins »
Il ne devrait pas le rester : car ce qui est inscrit sur le panneau le fait bondir. On y apprend en effet qu’un immeuble de 38 logements, accompagné de 42 places de parking, va être construit sur ce terrain de 3 638 mètres carrés par le promoteur Novalys, pour en faire des logements sociaux qui seraient gérés par Habitat du Gard. Un immeuble en L, comme le terrain donc, de près de 9 mètres de haut, à trois mètres à peine de sa clôture. Autant dire que les futurs voisins auront une vue plongeante sur la maison et le jardin de Laurent Griotto, mais aussi sur ceux de ses voisins Jean-Luc Canillos et le couple Monique Perlot et Michel De Pryck. « Ils ne vont voir que nous ! » insiste Jean-Luc Canillos, dont la maison est quelques mètres en retrait, et qui estime par ailleurs que « nos maisons, qu’on a mis vingt ans à payer, vont perdre 30 % de leur valeur. »
Des riverains excédés, qui se sont réunis en un collectif qui revendique aujourd’hui une vingtaine de membres. « Cet immeuble va nous gêner, explique Laurent Griotto. Mais ses futurs habitants seront gênés aussi ! » Michel De Pryck parle quant à lui de « clapier à lapins », avant que Laurent Griotto n’ajoute que le terrain est « enclavé » et que sa sortie, à quelques mètres du rond-point, est « dangereuse. » Il est vrai que le projet prévoit d’exploiter au maximum ce terrain, objectivement pas très vaste. « Ils font ça pour optimiser et caser le plus de gens, ce projet n’est pas adapté au terrain », résume Laurent Griotto, qui estime que « l’architecte a cinquante ans de retard, des bâtiments comme ça on en fait plus. » Monique Perlot enchaîne : « à Bagnols ils cassent les immeubles, et ici on les construit. » Pour autant, les riverains l’affirment, ils ne sont « pas contre les logements sociaux, ils en auraient fait dix, avec des duplex, des petites maisons, ce serait très bien », dixit Laurent Griotto.
Le PLU « permet des choses qu’on ne devrait pas voir »
Seulement voilà, la mairie a instruit, puis signé le permis de construire. « Le projet est conforme au Plan local d’urbanisme (PLU, ndlr), explique le maire Philippe Pecout. Je n’avais pas en l’état, au regard du projet, matière à m’y opposer, ç’aurait été surseoir à mon autorité pour des raisons injustifiées. » Légalement il n’y aurait donc rien à redire, et seule la préfecture peut encore invalider le permis de construire, « mais encore faudrait-il qu’elle trouve un vice de forme », souligne le maire, sans y croire.
Pour autant, Philippe Pecout, qui a reçu le collectif mardi matin en mairie, dit avoir entendu leurs inquiétudes. « Je leur ai proposé de rencontrer la société Novalys, le rendez-vous a été fixé à la semaine prochaine pour aborder ces questions et voir si le projet peut évoluer », poursuit l’édile. Côté collectif, on estime que « la concertation, c’était avant qu’il fallait la faire », et Laurent Griotto affirme ne rien attendre de la réunion. Pour autant, les riverains tenteront leur chance, et comptent demander « un étage en moins et des appartements tournés vers le sud », à savoir la même exposition que leurs maisons, pour limiter les nuisances.
Reste que rien n’oblige en l’état le promoteur à revoir sa copie. Un promoteur qui a bénéficié d’un bel alignement des planètes : le terrain, laissé en friche de longues années durant du fait d’une succession en indivision, a été finalement vendu en septembre, et le permis de construire déposé dans la foulée alors que la commune doit adopter un nouveau Plan local d’urbanisme début 2018. Pour l’heure, c’est donc le PLU de 2011 qui s’applique, et « il permet des choses qu’on ne devrait pas voir », lâche Philippe Pecout. Des choses comme ce projet ? « Il en fait partie. »
Alors aujourd’hui, le maire « attend impatiemment de voter le nouveau PLU pour avoir des règles plus conformes, avec un respect des équilibres urbains, agricoles, environnementaux, en conformité avec le Schéma de cohérence territoriale du Gard rhodanien. » En attendant, le collectif compte lancer un recours en prendre un avocat, et le promoteur affirme que le démarrage des travaux sera pour le premier trimestre 2018. Et ce même si, comme le lance Jean-Luc Canillos, « personne ne peut accepter ça à côté de chez lui. »
Et aussi :
Le collectif de défense du quartier de la Ramière a mis une pétition en ligne ici.
Thierry ALLARD
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