Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 21.11.2017 - veronique-palomar - 10 min  - vu 817 fois

CULTURE Nîmes hispanique et inspirée…

Ça y est ! Nous savons tout de la programmation et des dates du très attendu festival Flamenco. Une édition 2018 riche de grands écarts entre "Flamenco Puro" et "electroflamenco". Avant-goût des spectacles.
Affiche, illustrations livret et programme sont signés Eddie Pons (détail de l'affiche)

Eddie Pons donne le tempo avec une affiche qui résume en quelques traits "l'âme flamenca" de la ville et celle de l'édition 2018 du festival. Danse, musique, concert acoustique, en tout 12 spectacles dans 3 lieux, des lectures, un cycle de conférence, un expo et même un film en avant-première, le tout du 9 au 20 janvier  …

TOUS LES SPECTACLES

Danse : Andrés Marín :  Don Quixote

Création 2017. Dramaturgie, textes et corrections Laurent Berger Composition, adaptation et arrangements de textes Rosario Guerrero “La Tremendita”. Jeudi 11 janvier 2018 à 20h au Théâtre Bernadette Lafont. Tarif I*. Durée 1h30.

Don Quixote by Andres Marín • Benjamin Mengelle

Marín, le danseur risque-tout ose réinventer le mythe fondateur de la culture hispanique. Le célébrissime héros de Cervantes a maintes fois inspiré les amencos, dont le chanteur Enrique Morente ou le danseur El Güito à la fin des années 80, mais Andrés Marín ne craint ni les mythes ni les pièges. Tout le contraire. Solaire et intransigeant, capable de se renouveler sans cesse, alternant à un rythme échevelé ses créations originales, résolument novatrices, et ses dialogues fiévreux avec d’autres créateurs exigeants (Bartabas du cirque Zingaro, Kader Attou le cho- régraphe hip-hop), Marín le Sévillan est définitivement un grand danseur contemporain. Fils d’un bailaor renommé, et amenco classique, dont il a repris le nom et de la chanteuse Isabel Vargas, il a imposé au fil des ans un style unique, à la fois épuré et audacieux. Il est le Quijote corps et âme, sa réincarnation libre et amenquissime, aujourd’hui motard voire joueur de foot, héros universel et intemporel qui dans sa quête de liberté absolue, et désespérée, pousse le amenco dans ses retranchements.

Musique. Al son de Extremadura                                                                                                                              Concert acoustique. Vendredi 12 janvier 2018 à 20h au Théâtre Bernadette Lafont. Tarif II*. Durée 1h20.

El son de Extremadura - Guadiana ©DR.jpg

L’Estrémadure, cet autre sud enclavé à l’ouest et proche du Portugal, a préservé depuis trois siècles des chants et rythmes amencos originaux. Sous la bannière tangos y jaleos, des générations d’artistes spontanés, souvent issus des quartiers gitans de Badajoz, ont perpétué ou régénéré ce courant amenco longtemps confidentiel, réhabilité notamment par Camarón de la Isla. Ancré à Nîmes depuis 2012, le amenco extremeño s’est désormais ouvert au monde et revient cette fois avec ses meilleurs ambassadeurs pour transmettre son patrimoine. Sous la direction musicale de Miguel Vargas, guitariste charismatique qui a accompagné les meilleurs chanteurs,  Al Son de Extremadura est avant tout un hommage au cante. Secondé à la guitare par son fils Juan, déjà mieux qu’un simple héritier, le patriarche Miguel Vargas a réuni pour cette soirée unique le carré d’as des voix de sa région.

Pepe de Pura : La voix de brume et de sang d’un grand chanteur discret offerte dans l’intimité.                              Concert acoustique. Samedi 13 janvier 2018 à 17h à l'Institut Emmanuel d’Alzon. Tarif IV*. Durée 1h environ.

1-Pepe de Pura ©Paco Lobato

Les récitals acoustiques de d’Alzon, désormais inscrits dans l’histoire du festival, sont de petits bijoux d’émotion qui permettent aux aficionados de découvrir en direct, et sans filet, des artistes peu connus ou voués d’ordinaire à s’exprimer dans des spectacles collectifs. Ces chanteurs remarquables, souvent pivots des prestigieuses compagnies de danse, sont dits cantaores p’atras (chanteurs en arrière). Pour une fois, ils sont ici seuls en scène et devant, avec l’unique soutien d’un guitariste. Hier dans l’ombre des stars, certains d’entre eux sont désormais reconnus comme de grands chanteurs. Nîmes leur a régulièrement rendu justice (David Lagos, Segundo Falcon, José Valencia ) et c’est aujourd’hui le tour de Pepe de Pura, pilier depuis 2002 de la compagnie d’Eva Yerbabuena.

David Coria – El Encuentro. David Coria revient à Nîmes pour une rencontre endiablée où s'exprime toute l'énergie vitale du flamenco d'aujourd'hui                                                                                                                   Danse. Samedi 13 janvier 2018 à 20h au Théâtre Bernadette Lafont. Tarif I. Durée 1h15.

David Coria © Javier Fergo • JavierFergo

Nîmes avait adoré en 2015 la fraîcheur et la furia de son spectacle Espiral partagé avec sa sensuelle complice Ana Morales. En 2016, soliste du Ballet Flamenco de Andalucía, il avait illuminé En la memoria del cante conçu par la chorégraphe Rafaela Carrasco. Cette fois, David Coria, 33 ans, franchit une nouvelle étape avec cette rencontre foisonnante où il se rapproche encore un peu de son idéal flamenco tout en énergie et générosité. Avec El Encuentro, pas de prise de tête. D’abord le plaisir du partage, la joie pure du dialogue où les discours d’abord éclatés finissent toujours par se rejoindre.

Pasionaria, Chants et mots de la guerre d'Espagne. La figure de Dolores Ibarruri, la Pasionaria, s'est évanouie mais il reste l'écho des chants ou des poèmes.                                                                                             Musique. Dimanche 14 janvier 2018 à 15h à l’Odéon.Tarif III. Durée 1h20 environ.

Pasionaria ©Sandy Korzekwa • SANDY KORZEKWA

La guerre civile espagnole est une page d’histoire ancienne (80 ans !) dont l’écho ne s’est jamais éteint. A Nîmes moins qu’ailleurs. Dans cette ville où nombre d’Espagnols sont venus s’installer, les enfants de l’immigration ont spontanément renoué le fil du passé. Gregorio Ibor Sanchez, guitariste et compositeur prolifique, longtemps accompagnateur de Pepe Linares, a choisi le flamenco pour fondre ses deux cultures. Avec Clara Tudela, fille des deux péninsules (Italie et Espagne), elle aussi captivée très jeune par la danse puis le chant flamenco, il a fondé le duo Dame la Mano qui tourne avec succès depuis 2002. Ils rêvaient tous deux de retrouver les "mots et les chants" de cette guerre civile portée malgré eux en héritage, des mots et des chants de lutte, d’espoir, de fraternité qui ont retrouvé ici, et aujourd’hui, tout leur sens. Et c’est un troisième artiste nîmois, le pianiste Raphaël Lemonnier, figure du jazz français, qui les a rejoints en affinité pour peaufiner cette évocation émouvante, dans une mise en scène lumineuse et sobre de Marc Paquien, aux antipodes de la célébration nostalgique.

Parque de Maria Luisa. Rafael Riqueni. Le génial guitariste de Triana fait un retour triomphal. Riqueni vient de renaître et c’est tout le flamenco qui s’incline avec bonheur.                                                                        Musique. Dimanche 14 janvier 2018 à 19h au Théâtre Bernadette Lafont.Tarif II. Durée 1h30 environ.

Rafael Riqueni © Paco Bech

Rafael Riqueni, à l’origine, c’est le Mozart (son idole) de la guitare flamenca, prodige sévillan qui, à 14 ans, en 1975, rafle coup sur coup le premier prix des deux grands concours d’Espagne : Cordoue et Jerez. Départ foudroyant et carrière précoce auprès de tous les grands chanteurs et danseurs de son temps. Le jeune surdoué, passionné de musique classique et de peinture, n’est pas un virtuose parmi d’autres. Introverti et solitaire, il apprend le solfège en autodidacte, cherche un son et une griffe bien à lui, compose sans cesse et modèle peu à peu un flamenco ample et lyrique qui le relie aux grands musiciens espagnols de l’époque romantique, Albeniz, Granados ou de Falla. Il y a bien un style et un souffle Riqueni, tout en élégance et sensibilité, qui a aussi quelque chose à voir avec la lumière chère aux peintres impressionnistes. Ses disques eux-mêmes, chapitres foisonnants d’une oeuvre cohérente, marquent toute sa génération. Créateur inquiet et inclassable, il intrigue, dérange ou bouleverse les aficionados, dont Paco de Lucía, un de ses admirateurs.

Claroscuro. Ángel Muñoz.Ombre et lumière. La douce puissance du danseur cordouan oscille entre flamenco pur et sons nouveaux.                                                                                                                                             Musique . Création 2017. Lundi 15 janvier 2018 à 20h à Paloma, suivi de Electro amenco avec Artomá co & guests au Club Paloma.Paloma - Grande salle. Tarif II. Durée 1h15.

angel munoz-claroscuro ©Javier Fergó

Angel Muñoz, disciple de Javier Latorre, ancien soliste de José Antonio ou de Maria Pagès, a fondé sa compagnie en 2003. Maître de son destin, ce danseur puissant et classique ne cesse depuis de tracer sa propre voie. Claroscuro, créé lors du dernier festival de Jerez, est un spectacle de rupture, un geste de défi. Au centre de l’arène, dans des lueurs d’aube ou de crépuscule, Angel Muñoz alterne violence et douceur face à trois musiciens venus d’ailleurs.

Mi Tierra. Mari Peña. Héritière d'une immense dynastie gitane, Mari Peña perpétue la tradition des grandes voix féminines d'Utrera…                                                                                                                                                Musique – Création  2018 Mardi 16 janvier 2018 à 20h au Théâtre Bernadette Lafont. Tarif II. Durée 1h30.

MARI PEÑA ©DR

Mari Peña, grande cantaora humble et chaleureuse d’Utrera, sa petite ville de Basse Andalousie imprégnée de flamenco, a longuement espéré et mûri ce premier disque enfin à son nom qu’elle vient présenter, émue, dans la cité natale de son compagnon artistique et mari, le guitariste Antonio Moya. Il y a ainsi des rendez-vous d’exception qui marquent à la fois une carrière et un épanouissement personnel. C’est une juste consécration, point d’orgue d’un parcours exigeant et généreux. Alors, pour ce spectacle, Mari Peña del Moya (surnom qu’elle revendique) offrira tout ce qu’elle porte avec ferveur depuis tant d’années. Elle est partout, et tout le temps, flamenca pura d’Utrera, digne héritière de l’art profond de son clan.

Luis Moneo et Antonio Reyes. Deux grands chanteurs, deux générations, deux révélations qui s’imposent partout avec éclat et vérité.                                                                                                                              Musique. Mercredi 17 janvier 2018 à 20h au Théâtre Bernadette Lafont.Tarif II. Durée 2h30 environ avec entracte.

Antonio Reyes©Toni Blanco

Luis Moneo, né en 1961 dans le quartier gitan La Plazuela de Jerez, poursuivait encore il y a peu sa brillante carrière de guitariste d’accompagnement. Frère des célèbres chanteurs Manuel Moneo et El Torta, tous héritiers d’une vieille lignée flamenca, il a transmis le virus de la guitare à son fils Juan Manuel, son accompagnateur attitré, et basculé vers le cante, la passion de sa vie. Reconversion risquée. A plus de 50 ans, le nouveau venu allait être forcément comparé à ses frères, professionnels aguerris, ou traité avec une fausse indulgence. Mais Luis Moneo, artiste lucide et expérimenté, a tout éteint d’emblée et imposé sa voix, son style, sa présence. Il n’a, du débutant, que la fraîcheur et une forme de jubilation.

En deuxième partie, Antonio Reyes, idole de Chiclana, sa ville natale, est à 40 ans, un défenseur reconnu du chant pur, classique, profond. Un orthodoxe, dit-on, formé très jeune par son père et les nombreux flamencos de sa famille gitane, dont son oncle, Roque Montoya “Jarrito”, chanteur à succès des années cinquante. Antonio Reyes a tenu sans trembler le cap de la tradition et après avoir sillonné festivals, peñas ou concours, construit une carrière au plus haut niveau. Lui l’admirateur d’Antonio Mairena ou de Manolo Caracol exprime mieux encore toute sa science des styles, la précision et la clarté de sa voix sans jamais perdre ce qu’il recherche avant tout : transmettre ses émotions. Pour l’accompagner, le guitariste Diego Amaya, bouillant complice d’Aurora Vargas, Pansequito ou Capullo de Jerez.

David Carpio. Solos. L'éclatant chanteur de Jerez dialogue avec trois complices qui tirent leur épingle du jeu.     Musique Jeudi 18 janvier 2018 à 20h l'Odéon. Tarif II. Durée 1h environ.

David-Capio-©Paco-Barroso

David Carpio, tout en élégance et profondeur, revient à Nîmes par la grande porte avec trois compagnons-complices qui partagent sa vision artistique : au-delà de leurs domaines respectifs et de leur singularité, c’est bien l’essence même du flamenco qui les réunit et les anime. Sur scène, c’est la voix vibrante et gutturale de Carpio qui fixe le cap et plane en majesté. Normal. Le cante est bien le coeur vibrant de l’art profond. A ses côtés, la guitare de Manuel Valencia, son frère flamenco, d’abord complice, prend peu à peu sa liberté et s’épanouit puis se replie, sobrement, au plus près du chant. La contrebasse de Pablo Martín Caminero, elle, d’abord incongrue, impose peu à peu, tout en nuances, ses rythmes envoûtants. Et, autre ami proche, le danseur Manuel Liñan, d’abord oiseau noir travesti puis lutin survolté, alterne chaud et froid, sensualité et violence. Ils sont jeunes, brillants, élégants, quatre artistes bien de leur temps, complices et compagnons de route, tous bien décidés à imposer leur différence.

La Fiesta. Israel Galván.Galván invite d'autres rebelles à partager son univers toujours plus ouvert, toujours plus inspiré. Toujours plus en rupture.                                                                                                              Danse. Création 2017. Vendredi 19 et samedi 20 janvier 2018 à 20h au Théâtre Bernadette Lafont. Tarif I. Durée 1h30 environ.

La fiesta-IsraelGalvan-©RubenCamacho

La fête selon Israel ne ressemble pas exactement aux stéréotypes du genre qui ont cours dans l’univers flamenco. La fiesta selon Galván c’est autre chose, otro mundo, le sien. Sur le papier, il évoque sobrement une célébration entre artistes singuliers où chacun dévoile en liberté des horizons neufs. Le flamenco est intemporel, en perpétuelle évolution, ouvert aux vents du monde. Et son monde à lui, Israel, est semé de pièges, de miroirs, de trompes-l’oeil où les marins les plus chevronnés peuvent douter ou s’égarer. Galván danse comme Galván, flamenco jusqu’au tic nerveux, artiste bouleversé par tout ce que son corps ne cesse de lui offrir et dont il n’achèvera jamais l’exploration. « Pour pouvoir danser, il faut que je me tue un peu moi-même » avait-il prévenu pendant la préparation de ce spectacle.

 La Fabi. La belle et explosive chanteuse gitane d'Arcos de la Frontera met le feu partout où elle se produit.          Concert acoustique.Samedi 20 janvier 2018 à 17h à l’Institut Emmanuel d’Alzon.Tarif IV. Durée 1h10.

La Fabi © Juan Sampedro Roma

ET AUSSI  

Cinéma, exposition, lectures, conférences ateliers …

Billetterie et renseignements

Théâtre de Nîmes

Tél : 04 66 36 65 10 - Fax : 04 66 36 65 05 - Adresse e-mail : billetterie@theatredenimes.com

Sur place : du mardi au samedi de 11h à 13h et de 14h à 18hPar téléphone : du mardi au samedi de 14h30 à 18hSur internet : www.theatredenimes.com

Dans tous les magasins Fnac, Carrefour, Géant :Par téléphone au 0892 68 36 22 (0.34 euros / mn) ou sur www.Fnac.com

Véronique Palomar

A la une

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio