Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 03.12.2017 - florence-genestier - 3 min  - vu 693 fois

DIMANCHE VILLAGE Des cuves hyperconnectées de vin bio à Codognan

Et si le premier domaine viticole bio de France devait sa force actuelle à l'eau minérale ? De l'eau gazeuse internationalement connue à l'élan du vin bio dans la région, il n'y a qu'un verre. Et vingt ans de travail.

Jeudi dernier, la présidente de la Région Occitanie a fait le déplacement au coeur de la Communauté de communes Rhony-Vistre-Vidourle pour parapher une des cuves qui recueilleront à la vendange prochaine les hectolitres des Vignobles de la Voie Heracles (VVH). Pile vingt ans après la première cuvée bio produite par la cave. La coopérative VVH étend son domaine sur cinq villages : Codognan, Vergèze où la coopérative historique a construit sa cave en 1939, Aigues-Vives, Mus et Le Cailar. Partenaire du projet, qui porte à la fois des espoirs économiques, de création d'emplois et d'innovation agro-alimentaire, la Région dans un contexte de diminution générale des dépenses publiques a choisi d'investir 750.000 € dans le projet.

Une capacité de vinification évolutive dans plus d'une centaine de cuves en inox.

Un virage vers le bio imposé par Perrier

La volonté de passer en production bio les vins du secteur date de plus de vingt ans et obéit à un souci économique majeur pour un géant de la région. En 1990, la crise du benzène met à mal le modèle de pureté que l'eau de Perrier vend depuis des années. Perrier se remet difficilement de ce  scandale mondial, qui a vu des tonnes de bouteilles renvoyées à l'expéditeur. Deux ans plus tard, affaibli par la crise, Perrier est vendu à Nestlé SA.  Du milliard de bouteilles vendues en 1988, 600.000 "seulement" sont écoulées dix ans plus tard.

Le groupe, racheté par Nestlé en 1992, est soucieux de rebâtir une image fidèle à la pureté de la source gardoise. Perrier lance une démarche d'intense préservation de la source et encourage les agriculteurs et vignerons dans le périmètre à se débarrasser des pesticides et à adopter des méthodes écoresponsables. Une consigne passée aussi bien aux maraîchers, qu'aux producteurs d'huile d'olive qui occupent ses terres. La viticulture, qui reste l'un des plus gros consommateurs de produits phytosanitaires en France est poussée localement à prendre un virage. Le vignoble est réparti sur la zone de captation minérale et sur le territoire de la nappe de la Vistrenque.

Les cuves s'installent peu à peu sur le site. Tout devrait être complet d'ici février 2018.

Le bio capte la majorité des hectares

Six cents hectares sur 880 sont aujourd'hui classés bio. Voilà huit ans, 20% étaient classés seulement.  Au départ, raconte Jean-Fred Coste, le président de la cave, ils n'étaient que quatre producteurs impliqués. Ils sont aujourd'hui 70 et près de 30 sont totalement passés au bio. Trop anciennes, la cave historique de Vergèze et celle d'Aigues-Vives sont appelées à fermer au plus tard en 2020 et seront à terme rénovées et transformées en unités d'habitation.

Avec cette installation que personne ne peut rater le long de la RD979 à Codognan qui représente un investissement de 15 M d'euros et répond aux meilleures innovations de vinification, les VVH relèvent un défi du XXIe siècle. Ils mettent en avant leur capacité d'innovation pour attirer de nouveaux professionnels comme de nouveaux marchés.  Le permis de construire, déposé en juin 2016, prévoit une capacité évolutive sur le site. De 80.000 hl de vinification, le bâtiment pourra monter jusqu'à 110000 hl. L'ensemble, entièrement couvert, rappellera la structure d'un temple romain, d'après les plans.

Jean-Fred Coste, le président de la coopérative.

Ecoconçu, le bâtiment fonctionnera selon le principe du freecooling en façade grâce à des volets d'aération. L'optimisation des quantités d'eau à traiter fait partie du projet, comme la valorisation des sous-produits du vin. Il s'agira aussi de la cave la plus connectée de France, version 4.0. Des dizaines de capteurs et données, facilement accessibles pour les responsables, permettra une gestion optimum du site. "A tout moment, on pourra connaître quelle quantité on a dans les cuves, la température, les étapes de la transformation". Un suivi quasi-en direct. Il faut du temps pour faire du bon vin, mais vingt ans après le démarrage, l'édification de cette cave impressionnante et inédite s'inscrit dans une démarche d'excellence environnementale et veut allier le social à l'économique. "C'est un pari d'avenir pour nous", reconnaît le président de la coopérative qui espère gagner en qualité. Les vignerons de la cave ont investi 10 M d'euros mais le budget de l'opération n'est pas encore bouclé. A terme, les Vignobles de la Voie d'Héraclès espèrent que la prise de risque leur apportera de nouveaux clients . Le pari a été gagnant voilà vingt ans, à l'heure de la première vendange bio. Il s'agit aujourd'hui de franchir un palier et de changer de dimension. La vinification idéale est une affaire de choix, de dosage et de patience.

florence.genestier@objectifgard.com

 La coopérative des vignobles Voie d'Héraclès compte 70 adhérents, pour 500 emplois (un millier à terme est espéré) . CA 2016 : 8,2 millions d’euros. Elle produit  des vins AOP Costières de Nîmes, IGP Oc, IGP Pays du Gard, vin de France et du jus de raisin bio. Actuellement, 95 % de la production est vendue en vrac à des négociants. 

Florence Genestier

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