NÎMES Des parents condamnés pour des corrections à coups de ceinture
« C’est un dossier où l’on a toutes les facettes de la violence. Les photos sont parlantes, consternantes. Depuis que cet enfant battu, a été placé en foyer, il est plus serein, il s’est calmé, il n’est plus agressif. C’est bien le signe que lorsque l’on a des parents violents, l’enfant va répondre par la violence », plaide pour la jeune victime de 10 ans, Maître Marine Santimaria.
« Ce garçonnet de 10 ans, pèse 25 kilos pour 1,30m, il est marqué sur sa chair, on dirait qu’il a été fouetté sur le corps. Il a un regard plein de tristesse, mais aussi de peur et de haine à la fois », poursuit le vice-procureur Alexandre Rossi qui réclame 18 mois dont 12 avec sursis contre le père et la maman de 4 enfants qui se trouvent à la barre du tribunal correctionnel de Nîmes pour des violences sur leur enfant. C’est l’école qui a signalé les faits à l’autorité judiciaire en voyant arriver un gamin de CM1, couvert de bleus. « C’est impressionnant sur les photos et je comprends qu’il y ait eu un signalement immédiat de l’école, en septembre 2017, en voyant arriver la petite victime », souligne le président du tribunal, Jean-Pierre Bandiera.
« Au Maroc ce n’est pas comme en France, on peut taper sur les enfants pour l’éducation. Je ne savais pas que c’était interdit en France », souligne le papa, maçon de profession. « Mais vous vivez depuis combien de temps en France ? », reprend le vice-procureur. « 27 ans », indique le père de famille. « 27 ans que vous êtes en France et vous ne savez pas qu’il est interdit de frapper son enfant. Vous vous moquez du monde », gronde la représentant du parquet de Nîmes. « Moi, je croyais qu’il fallait taper pour éduquer, » note la maman qui elle aussi a participé aux coups sur son fils aîné qu’elle considère comme difficile dans son comportement. « Il s’agit de parents, d’une femme dépassée. Elle a eu une attitude qui n’est pas adaptée, mais elle a demandé dès 2016 de l’aide pour son fils et personne ne lui a répondu », estime Maître Laurence Bourgeon, pour la mère de famille. « On mesure à l’audience aujourd’hui combien il est difficile d’être parent. On devient adulte, en n’oubliant jamais l’enfant que l’on a été. Mon client n’a jamais oublié les coups de ceintures de son père au Maroc. Il est difficile de prendre du recul, de se dire que la société a évolué », considère Maître Morgane Armand pour le papa.
Le tribunal correctionnel de Nîmes a condamné les parents à 18 mois de prison avec sursis, chacun.
B.DLC
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