Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 30.12.2017 - veronique-palomar - 3 min  - vu 978 fois

NÎMES Réactions de chômeurs aux mesures pour l'emploi annoncées

Un contrôle accru, des radiations plus faciles, des allocations diminuées : qu'en pensent les demandeurs d'emploi ?
(photo Véronique Palomar)

Notre département compte un peu moins de 14% de chômeurs, c'est presque 4 points de plus que la moyenne nationale. Nous sommes donc concernés au premier chef par les mesures que prépare le gouvernement pour le retour à l'emploi. Nous avons rencontrer ceux, qui en cette journée froide entre les fêtes, se rendaient à Pôle emploi pour les interroger sur ce qu'ils pensent de ces mesures. 

Au premier rang des préoccupations le renforcement du contrôle des inscrits à Pôle Emploi. Censée encourager le retour à l’emploi, l’exécutif souhaite durcir les sanctions visant les chômeurs jugés trop peu motivés. Une implication insuffisante, le refus d’une formation ou le rejet de deux offres d’emploi «raisonnables» entraîneraient à l’avenir une diminution de 50% de l’indemnisation pendant deux mois. En cas de récidive, elle serait totalement supprimée pour la même durée. L’ardeur du demandeur d’emploi serait notamment évaluée sur la base d’un «rapport d’activité mensuel», rédigé par lui et énumérant l’ensemble de ses démarches, les sanctions seraient en revanche revues à la baisse en cas d’absence aux convocations de Pôle Emploi, une faute qui représente aujourd’hui le principal motif de radiation des inscrits.

Des paroles de chômeurs qui vont presque toutes dans le même sens et une attitude commune: ne pas croire que les abus sont le nœud du problème et ressentir un malaise qui les poussent tous sans exception à refuser d'être photographiés. On n'est pas si bien au chômage semble t-il …

Mireille, 48 ans comptable. Je ne suis pas encore demandeur d'emploi, commence Mireille mais je voudrais juste changer d'entreprise. Alors je suis venue me renseigner mais j'ai l'impression d'être au mauvais endroit au mauvais moment. Aujourd'hui, perdre un emploi c'est se trouver dans une situation difficile. C'est sûr que je vais trouver du travail mais je veux aussi m'épanouir. Ces mesures, c'est rajouter de la pression à la pression. Je ne pense pas que ce soit bon d'obliger quelqu'un à accepter n'importe quoi ou un travail à 50 km de chez lui. Les chômeurs qui profitent du système, c'est le cliché. Vous en connaissez vous ?

Rachid 27 ans, dans le bâtiment. Le chômeur qui ne veut pas travailler,c'est pas moi. Ça fait 3 mois que je cherche. C'est long, j'ai une famille.  D'ailleurs si je me faisais radier, j'aurais de meilleurs allocations. Mais je ne le fais pas. Je cherche un emploi mais je ne trouve que des postes précaires ou des formations bidons. Je m'accroche et je ne pense pas que les nouvelles mesures changeront quoi que ce soit. Ça va juste permettre de radier des gens pour faire baisser les chiffres du chômage …

François 42 ans, aide à la personne. Je travaille mi-temps et je cherche un complément d'activité parce que je suis dans la mauvaise tranche, celle qui paie tout et qui n'a droit à rien. Je ne suis pas opposé au contrôle de ceux qui abusent, ce n'est pas trop choquant. Mais je suis contre la radiation si les critères ne sont pas clairs. On ne peut pas imposer de mauvaises conditions de travail aux gens. C'est la porte ouverte à tous les abus.

Zogo 30 ans, dans la sécurité. Je suis en formation, ça fait trois mois que je n'ai pas travaillé. Je ne trouve que des emplois précaires et je suis presque toujours au chômage. Pour moi, le chômeur qui abuse, ça n'existe pas. J'ai une femme et deux enfants et je touche entre 760 € et 700 € avec un loyer à payer. Vous pensez que ça donne envie d'abuser ? Que ce soit moi ou n'importe qui d'autre d'ailleurs. Au lieu de nous encourager, ils nous collent une étiquette et nous stigmatisent. Si je voulais je pourrais toucher le RSA couple. Mais je ne le fais pas. Je préfère rester sur le marché du travail. En attendant, je suis une formation sécurité incendie pour  avoir une corde de plus à mon arc. Je voulais vous demandez, le chômeur qui profite du système, tout le monde en parle et personne n'en connait un. Vous en connaissez un vous ?

Philippe 60 ans commercial. Je suis venu dans le sud pour des raisons personnelles avant j'étais à Paris. Pour moi, c'est très dur. À cause de mon âge. Dans ma profession, à partir de 35 ans on commence à vous considérer comme un vieux, alors à 60 … Je vis chez ma mère, je touche 340 € par mois… Je postule partout sans succès. Le problème, ce n'est pas le contrôle mais la formation. On n'a pas besoin qu'on nous offre un mois de formation pour écrire un cv. Ce qu'il faudrait c'est apprendre de vrais métiers qualifiés aux gens ou des reconversions aux personnes comme moi. Les contrôles, c'est comme le reste, c'est bidon. Je suis sûr que les gens qui profitent du système, il n'y en a pas tant que ça.

Véronique Palomar

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