Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 23.01.2018 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 1190 fois

NÎMES Cinq clefs pour comprendre les turbulences politiques autour de l’aéroport

Comme d’autres dossiers, la gestion de l’aéroport Nîmes-Garons est au centre de la bataille politique que se livrent le maire de Nîmes Jean-Paul Fournier et le président de Nîmes Métropole, Yvan Lachaud.
L'aéroport de Nîmes-Alès-Camargue est l'un des dix aéroports d'Occitanie (Photo : Philippe Gavillet de Peney/Objectif Gard)

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Quel pilote dans l’avion ? L’aéroport est géré sous la forme d’un syndicat mixte. Son président est actuellement Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes et conseiller communautaire de Nîmes Métropole. L'élu Les Républicains décide de la stratégie de développement de l’équipement : ouverture de lignes commerciales, installation d'entreprises, entretien de la zone… Une fonction prestigieuse au vue de l’importance de l’outil pour le développement du territoire.

En 2014 - lorsque les deux hommes étaient encore alliés - le maire avait promis de céder en 2017 sa place au président de Nîmes Métropole, l’Agglo étant le principal bailleur de fonds du syndicat, avec une subvention annuelle de 1,2 M€ sur un budget global de 2,1 M€. Que nenni… Après la saillie du Centriste Yvan Lachaud sur « l’avenir aéroportuaire » de l'infrastructure, Jean-Paul Fournier a décidé de garder les commandes.

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Le président peut-il changer ? C'est le désir ardent d'Yvan Lachaud. Toutefois, sa tentative de coup d’état pendant la période de convalescence du maire de Nîmes a démontré que c'était très difficile. Pour ne pas dire impossible ! Sauf en cas de décès, d’une décision de justice, d’une réélection dans une commune ou d'une éventuelle démission. Statutairement, le président du Comité syndical est élu pour toute la durée du mandat (2014-2020). 

Il existerait bien une possibilité. En l’occurrence, le retrait de Nîmes Métropole ou du Département du syndicat mixte. Le but ? Provoquer une réélection de l’exécutif. Reste que pour acter le retrait de l’un de ces deux membres, le Comité syndical doit fixer les conditions de sortie à la majorité des deux tiers des 12 élus du Comité. Un crash dont ces derniers ne veulent pas entendre parler... 

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Nîmes veut intégrer l'équipage ! Pour parer aux éventuelles offensives de son adversaire, Jean-Paul Fournier a eu une idée. L'été dernier, il a fait voter en Comité syndical une délibération pour faire entrer Nîmes dans le syndicat mixte. Son objectif était double. D'abord, permettre au syndicat de bénéficier de 500 000 € de subventions supplémentaires versées par la ville. Ensuite, de conforter son pouvoir avec l’entrée au Comité syndical d’élus nîmois tout acquis à sa cause.

Cette fois, c'est le maire de Nîmes qui s'est heurté à la loi. Sa délibération a été retoquée par la préfecture. « Aujourd’hui, la gestion d'une zone aéroportuaire est une compétence intercommunale. Pour y rentrer, il faut que les compétences du syndicat évoluent », justifie le représentant de l’État. Cette évolution des statuts doit être adoptée à l’unanimité des 12 membres du Comité syndical. En clair : son intégration semble aussi impossible qu’un changement de président ! 

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Le « brexit » alésien. Convaincu que l’aéroport ne lui rapporte pas grand chose, le président d’Alès Agglo, Max Roustan, est sorti du syndicat début 2017. Cette possibilité lui a été donnée par la fusion d'Alès agglo avec trois intercommunalités*. La préfecture a pris un arrêté pour constater ce retrait. Un arrêté attaqué au tribunal administratif par le président du Comité syndical, Jean-Paul Fournier… Le contentieux est toujours pendant devant la juridiction.

Paradoxalement, M.Fournier a quand même décidé de présenter, en décembre, une délibération sur les conditions de sortie d’Alès Agglo. Une sorte de « solde de tout compte » estimé à 1,4M€ (relire ici) ! De quoi déclencher le courroux de Max Roustan. Le président LR d'Alès Agglo s'est fendu d'un courrier tonitruant à l'endroit de son compagnon de Droite. Devant ce désaccord, il revient à la préfecture de trancher sur les conditions financières de ce retrait. Une réponse doit être rendue d’ici six mois.

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Quel avenir pour l’aéroport ? Malheureusement, toutes ces chicayas occultent l’enjeu le plus important : l’avenir de l’aéroport. Avec 213 000 passagers en 2016 (+3%), l’équipement est majoritairement emprunté par des Belges et des Anglais qui possèdent une résidence secondaire dans le Gard.

À la veille du classement de Nîmes à l’UNSECO, l’équipement doit-il intensifier le transport de passagers ou, au contraire, se tourner davantage vers le fret ? Coincé entre Marseille et Montpellier, comment l’aéroport de Nîmes peut-il tirer son épingle du jeu ? Quelles nouvelles lignes doivent-elles être développées pour quel coût pour les pouvoirs publics ? Autant de questions dont les réponses permettront (ou non) à notre territoire de décoller et que le président, quel qu'il soit, puisse chanter à qui veut l'entendre "ça plane pour moi !", façon Plastic Bertrand plutôt que "comme un avion sans ailes" à la manière de Charlelie Couture... 

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com 

*Quand des communautés de communes fusionnent, elles ont un droit de retrait des syndicats de communes et mixtes auxquels ils adhèrent (article 52 16-7 du Code général des collectivités territoriales).

Coralie Mollaret

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