Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 31.01.2018 - boris-de-la-cruz - 3 min  - vu 5773 fois

NÎMES Violente agression : le témoignage émouvant d'un pompier braqué et brisé

(Photo : archive Philippe Gavillet de Peney/Objectif Gard)

Lors de certaines audiences, le public ressent des frissons. C'était le cas, ce mardi matin à Nîmes, avec le témoignage d'un pompier témoin d'une agression et braqué à son tour.

Le tribunal correctionnel jugeait deux hommes, âgés d'une vingtaine d'années. Ils ont écopé de 5 ans de prison dont 4 ferme et des mandats de dépôt à l'audience. Les deux complices poursuivis pour " violence aggravée par deux circonstances" et sont en détention provisoire depuis le 15 décembre dernier. Ils étaient suspectés d'une violente agression sur un automobiliste. Au départ, presque une broutille quotidienne. Un fou du volant qui roule sans assurance et qui ne va pas supporter qu'un conducteur lui fasse remarquer sa faute de conduite. Il est 16h20, le 13 décembre. Mais alors que l'incident aurait dû être clos rapidement, le conducteur fautif ne va pas reconnaître sa faute et pire, il va décider de donner une leçon à un automobiliste de 26 ans qui rentrait du travail... Ce dernier va être retrouvé par les deux compères, une demi heure plus tard chez lui. Alors que la victime est dans son hall d'immeuble, le conducteur fautif est là avec un colosse, un surveillant de collège Nîmois, par ailleurs professeur de boxe dans un quartier sensible de Nîmes. Les deux hommes vont s'acharner sur le malheureux automobiliste qui aura une ITT fixée à 45 jours, avec notamment une main broyée. Une agression à coups de poing, à coups de pieds dans la tête d'un homme à terre, à coups de canne aussi. Alors qu'il se fait lyncher, c'est à ce moment-là qu'intervient un pompier qui vendait les calendriers rue Notre Dame.

Des trémolos dans la voix, le soldat du feu expérimenté, qui comptabilise 16 ans d'ancienneté, raconte à la barre du tribunal la scène terrible qui se déroule sous ses yeux : " j'entendais hurler. Je me suis approché et j'ai vu un homme qui criait de douleur. Il y avait deux agresseurs. Un a pointé son arme sur moi. Je voulais juste porter secours à un homme blessé. Je disais aux deux hommes, mais laissez-le tranquille il va mourir, déclare ému le pompier. C'est la première fois de ma vie que j'ai eu peur de mourir. Depuis j'ai l'impression d'être mort, un mort-vivant. C'est la première fois que je voyais autant de violence. J'avais face à moi des animaux enragés, incontrôlables ", poursuit encore secoué le secouriste qui est en arrêt de travail depuis et qui ne parvient plus à dormir. " Si je n'avais pas été là, la victime serait morte", complète -t-il avant de se tourner vers les deux prévenus dans le box et de déclarer : " ce jour-là, je souhaitais juste porter secours. S'il s'agissait de votre soeur, d'une personne de votre famille qui avait été attaquée par deux énergumènes, comment auriez-vous réagi ? On ne vit pas dans un film, dans une jungle ",  ajoute le pompier encore brisé par cette agression.

" Il s'agit d'une violence gratuite, disproportionnée. On humilie, on détruit, on ne supporte pas un regard dans la rue, on n'admet pas qu'un conducteur dise que vous venez de faire une faute de conduite. Et on poursuit un homme, on le retrouve, on le frappe, on pointe une arme ", accable Maître Christian Barnouin pour les deux victimes et le Service départemental d'incendie et de secours (SDIS).

Les deux hommes ont reconnu les violences et sont repartis entre deux gardiens vers la maison d'arrêt de Nîmes.

Boris De la Cruz

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