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Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 21.02.2018 - veronique-palomar - 4 min  - vu 2400 fois

FAIT DU JOUR Délinquance record et violence anormale en hausse dans le Gard en 2017

Le bilan annuel de la sécurité publique et de la sécurité routière pour l’année dernière est globalement plutôt sombre.
De gauche à droite, Colonel Stéphane Lacroix, commandant le Groupement de Gendarmerie du Gard, Éric Maurel, procureur de la République du tribunal de grande instance de Nîmes, Didier Lauga, préfet du Gard, François Schneider, procureur de la République du tribunal de la République d’Alès, Pierre Delannoy, Adjoint au directeur départemental de la Sécurité publique (DDSP) du Gard (photo Véronique Palomar)

Hier matin se tenait en préfecture un point presse de présentation du bilan de la sécurité publique et de la sécurité routière pour l’année 2017. Très peu de bonnes surprises. Les indicateurs sont plutôt au rouge et notre département reste le 4e de France en matière de délinquance. Derrière les chiffres, le constat d'une violence accrue.

Triste record ! En données consolidées police et gendarmerie, le Gard reste au-dessus de la moyenne nationale pour le nombre de faits pour 1 000 habitants : 35,23 dans le Gard contre 32,96 en France. Les cambriolages sont en hausse de 13,6%, en majorité dans les résidences principales. Les vols de voiture ont eux aussi considérablement augmenté (+ 6%). Ce qui place le département en haut du classement national pour ces deux délits.

En augmentation aussi les escroqueries et infractions financières (+ 7,2%), les violences sexuelles (+ 15,7%) ainsi que les violences physiques non crapuleuses (+ 6,6%). Ont été constatés cette année 1589 faits de violences intra-familiales (9/10 au sein du couple). En baisse, les vols à l'intérieur des véhicules dit vols "à la roulotte" (- 13%), d'accessoires (-6%) et les violences physiques crapuleuses.

Un niveau gravité de la violence jamais atteint

(Photo d'illustration/droits réservés)

Mais au-delà des chiffres, ce qui reste le plus marquant et fait l'unanimité de tous les acteurs présents lors de la présentation du bilan est, comme l'a souligné en introduction, Éric Maurel, procureur de la République de Nîmes "une aggravation significative des violences urbaines, jamais atteinte depuis 10 ans. Caillassage, violence diverses, attaques à la voiture  bélier, incendies en tous genres", reflets, selon lui, "d'une dégradation du tissu social".

Toutes les formes de délinquance semblent touchées par cette violence anormale. Les cambriolages sont en hausse significative (+ 13%) et parallèlement est monté en flèche le home jacking avec torture des occupants. Des cambriolages d'opportunité commis sous l'emprise de stupéfiants. Et le procureur de citer l'exemple de ce père que l'on ébouillante sous les yeux de son fils, pendu par les pieds.

Et les exemples ne manquent pas. Cette violence anormale qui touche tout le monde, des civils de tous âges (avec une augmentation de la violence sur les enfants  de + 12%), des représentants de la force de l'ordre, des pompiers, des médecins… est en aggravation. Elle est qualifié, "d'anormale", de "très surprenante", "avec un niveau jamais atteint", sans que l'on puisse en cerner les causes, affirment les acteurs présents. Sans doute parce quelles sont multiples...

Drogue, cannabis, cocaïne, alcool sur fond de misère sociale…

Plusieurs raisons sont avancées : précarité intellectuelle, précarité tout court, bien que ce ne soit pas une nouveauté (depuis plus de dix ans le département oscille autour du 5e rang pour la pauvreté et du 4ème en terme de chômage). Une précarité sanitaire aussi. La drogue et surtout le cannabis en grosse quantité en circulation et une consommation dès le collège, avec un taux de THC (Tetrahydrocannabinol, la substance active du cannabis, NDLR) supérieur à 24% contre 7% il y a 20 ans, (décidément tout augmente), l'alcool et une mauvaise cocaïne pas cher qui inonde toujours la ville.

Et le procureur de Nîmes d'ajouter : "si l'on supprimait alcool et drogues, cette violence chuterait sans doute de 50%." Quant au procureur d'Alès, il ajoute des "raisons culturelles", une sorte de violence endémique, un tempérament bouillant qui n'arrange rien.

Surpopulation des prisons

Une addition des facteurs comme début d'explication d'une violence souvent gratuite, comme le constatent à l'unisson les forces de police et de gendarmerie. Tous sont inquiets et préoccupés par le phénomène. D'autant que les parades ne sont pas évidentes, les tribunaux ont beau être d'une sévérité exemplaire, la surpopulation de nos prisons ("les taudis de la République", selon le Procureur) contraint à des aménagements de peine et à des remises en liberté sous bracelet électronique…

Des effectifs "vampirisés", comme le pointe Stéphane Lacroix, colonel de gendarmerie, par l'arrivée massive de migrants qui, s'ils n'impactent pas les chiffres de la délinquance, sont autant de personnes prises en charge par les gendarmes. À noter au passage que 400 immigrés mineurs isolés sont recensés à Nîmes et qu'aucun d'entre eux n'est impliqué dans la commission de quelque délit que ce soit. De quoi torde le cou à quelques idées reçues...

Malgré tout, les taux d'élucidation sont bons concernant les atteintes à la personne : 76% pour les gendarmes et 57% pour la police, cette dernière affichant seulement 12,26% de réussite pour les atteintes aux biens.

Délinquance routière moins d'accidents, plus de morts…

(Photo d'illustration. Droits réservés)

En 2017, le Gard a connu 3,4% de morts de plus sur les routes malgré une baisse de 8% du nombre d'accidents. Violence encore, routière cette fois. Mais non moins présente. Des facteurs que l'on retrouve puisque 42% des décès, interviennent dans un accident impliquant un conducteur sous emprise d'alcool seul (13%), de stupéfiants seuls (12%) et du cumul alcool, stupéfiants (17%).

25% des accidents mortels sont dus à la vitesse, 8% à des dépassements dangereux et 3% à la circulation à gauche et probablement imputables aux conduites à risque (écriture de sms, lecture de message). Enfin, un phénomène nouveau est de plus en plus constaté : le non port de la ceinture de sécurité (11 personnes sur les 14 derniers tués sur la route et 3 sur les 5 décès enregistrés en 2018). Sur ce dernier point, les autorités se disent  "affligées" sachant que des vies auraient pu être sauvées. Il faudra certainement reprendre les fondamentaux à la base.

Et pour ne pas terminer sur une note sombre, sachez que les premiers chiffres de l'année en cours sont plutôt meilleurs que l'an dernier à la même période. Pourvu que ça dure...

Véronique Palomar

Véronique Palomar

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