C'est en février 2000 que débute l'aventure avec son épouse, Christine. De minuit à 7h, chaque jour il intervient sur les chantiers de rabotage sur l'autoroute. Toute la nuit, il assure le service après-vente des travaux routiers et fait en sorte que ça brille, mais pas trop fort pour ne pas éblouir les voitures !

En mars 2003, deuxième acte dans cette aventure exceptionnelle. L'appel d'offre de la Ville de Nîmes pour la collecte et le nettoyage de la ville est remis en jeu. Océan remporte celui qui concerne le secteur du Chemin-Bas d'Avignon. Une sacrée fierté pour l'enfant issu des quartiers Nord de Nîmes.

En 2008, grâce au renouvellement du contrat pour sept ans, Océan prends du poids sans faire de vagues... Et l'effectif de l'entreprise grimpe à plus de 150 salariés. De gros investissements sont réalisés avec l'achat de nouveaux matériels. "Il nous est arrivé quelque chose de fantastique. C'est directement le groupe Suez qui est venu nous chercher pour gérer avec eux le coeur de ville. Ils ont conservé la collecte des déchets et nous assurions le nettoyage", raconte ému l'entrepreneur Nîmois.

Le nettoyage, Émilien Marcos sait de quoi il parle. Au petit matin, c'est lui qui pilote ses équipes et assure la bonne qualité de services. Les journées sont denses et démarrent dés 4 heures du mat' avec le nettoyage des voies du TCSP (avant le passage des premiers bus à 5h). Puis l’Écusson jusqu'à 8 heures. "Toutes les équipes doivent être sorties du centre-ville à 8h30 au plus tard. Nous engageons donc du gros matériel pour allier efficacité et propreté."

Avec les années et le développement de son activité sur les petites communes avoisinantes (Générac, Bouillargues, La Calmette, Saint-Chaptes, Poulx...), sans compter l'entretien du Port de Sète, le roi des poubelles compte jusqu'à 170 collaborateurs et 150 véhicules en action. Une consécration. Sans aucun doute.

Mais Émilien Marcos compte bien partager son succès au profit des autres. Plus qu'une volonté, un état d'esprit, une passion. Celle du Nîmois qui n'oublie pas ses semblables. Attaché aux quartiers de la ville, le bonhomme porte toujours un regard bienveillant : "Je suis moi-même un enfant de quartier. J'ai eu la chance d'avoir des parents aimants qui m'ont transmis l'amour du travail. Je pense aussi à Bernard Auzon-Cape qui a œuvré durant plus de 60 années dans les milieux associatifs au profit des plus défavorisés. Je me fais un plaisir de poursuivre son extraordinaire travail." C'est d'ailleurs pour cela qu’Émilien met un point d'honneur a embaucher des jeunes de quartier, à partir du moment où ils sont motivés et savent conduire des machines. "On reçoit tout le monde et on répond à tout le monde."

Par ailleurs, et dans la même veine altruiste, il accompagne financièrement de nombreuses associations sportives notamment le JSCBA (Jeunesse sportive du Chemin-Bas d'Avignon) ou encore les clubs de Karaté de Redessan et Vergèze.

Et la suite ? Le champion toutes catégories du nettoyage travaille sur de nombreux projets tournés en direction du confort de travail de son personnel et de l'éco-responsabilité. Avec sa branche Océan Concept, il a développé le Clean Trike dans ses propres ateliers. On compte aujourd'hui en circulation, 31 tricycles à assistance électrique qui permettent aux agents de propreté de modérer les efforts physiques engendrés par le travail. "Mes 30 ans d'expérience dans le monde du nettoyage m'ont permis de mesurer efficacement les machines qui apportent le plus de confort au personnel."

Mais son ambition est aussi liée à la protection de l'environnement. À terme, Émilien compte bien mettre à disposition de ses clients un parc de véhicules 100% électrique. Une nouvelle marque de son succès de visionnaire : l'anticipation.

Parcourant le fil de sa vie professionnelle, Émilien Marcos dresse son bilan : "Quand j'y pense, on a fondé quelque chose de bien avec mon épouse. Quel parcours ! On a essayé de tirer pas mal de gens vers le haut. Et à la fois, nous n'avons pas eu la folie des grandeurs. Je crois que notre succès repose sur notre positionnement. Le bon compromis entre la PME régionale et le grand groupe international." Ce qui explique indéniablement sa réussite auprès de nombreuses collectivités, séduites par la qualité mais surtout par la philosophie d'Océan.

Mais comment passer la main ? Tout est déjà dans les tuyaux. Déjà en charge de nombreuses responsabilités au sein de la société, son fils Mickaël devrait logiquement assurer la relève et reprendre le flambeau allumé par son patriarche. Mais pas seulement. Pourquoi pas ses collaborateurs les plus proches, les plus fidèles parmi lesquels Salem Benaïssa, le directeur d'exploitation qui travaille à ses côtés depuis plusieurs années après avoir gravi les échelons de cette belle PME. Les discussions ont capoté il y a quelques mois mais la volonté est toujours là...

Et ce d'autant qu’Émilien se projette très sérieusement dans l'après : "Dans 10 ans, je serais en Andalousie, producteur d'huile d'olive. J'ai découvert le coin en 2010 et j'en suis tombé amoureux. L'ambiance, le mode de vie, les festivités, l'humeur, l'accueil : tout me plait !"

Mais que ce soit à Nîmes où au Sud de l'Espagne comme ailleurs, c'est surtout Émilien qui plait beaucoup. Sa bonne démarche, sa philosophie, sa manière d'être. Mais surtout et encore un état d'esprit irréprochable. Comme le nettoyage dont il est le chantre local. Un "Monsieur Propre" dans tous les sens du terme...

Abdel SAMARI