Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 02.03.2018 - anthony-maurin - 3 min  - vu 777 fois

BEAUCAIRE La crèche provençale au tribunal administratif

Mairie contre associations : la crèche de la nativité mise en place en Mairie était jugée au tribunal administratif de Nîmes. Le délibéré sera rendu sous quinzaine.
Une habitude, Julien Sanchez aux portes d'un tribunal administratif (Photo Anthony Maurin).

Le tribunal administratif de Nîmes(Photo Anthony Maurin).

On le sait et ce n'est pas chose nouvelle, le Front national est joueur quand on parle de justice. "La première fois c'est un peu étrange, on se demande ce que l'on a bien pu faire pour être devant le tribunal mais aujourd'hui, je ne me pose plus la question. C'est presque devenu naturel tant c'est habituel", lançait d'emblée Julien Sanchez, maire FN de Beaucaire et ordonnateur de la crèche en question.

Et l'édile de poursuivre, "je célèbre avec plaisir les 11 ans de l’inauguration du tribunal administratif et j’en suis très heureux car j’y suis très régulièrement. J’attends la relaxe, comme cela avait été le cas en 2015. Beaucaire est aux portes de la Provence et installer une crèche n’est pas un crime particulier mais la LDH (Ligue des droits de l'homme) et les libres-penseurs poursuivent la crèche 2016."

Selon ses dires, c'est une sorte de revival, un second round qui était en jeu mais le maire de Beaucaire restait serein. "Les jugements rendus jusqu’à présent expliquaient l’exception culturelle. On me demande d’enlever une crèche qui par définition n’est plus là. S’il le faut nous ferons appel car pour moi c’est un sujet important et je défends la culture française et régionale. Il n’y a pas de polémique, tout le monde est venu se faire prendre en photo. Des centaines de musulmans étaient là et le problème n’est pas porté par eux mais par des associations ultra-subventionnées qui n’ont rien d’autre à faire. Pour l’année prochaine, elles peuvent déjà prévenir le tribunal car nous recommencerons. La crèche ne sera jamais identique mais le fond le sera le même", conclut Julien Sanchez.

Pour le Rapporteur public, qui a longuement rappelé les lois de la République dont la loi fondamentale de 1905 concernant la laïcité, Beaucaire pouvait-elle décider d’installer une crèche de la nativité dans des emplacements publics ? "Les passions ne se sont pas apaisées ces derniers temps et depuis plus d’un siècle, la jurisprudence cherche un  équilibre fragile entre liberté de conscience et la neutralité publique. Ce qui n’est pas interdit est permis. Selon de Conseil d’État, une crèche doit être plurielle, culturelle, artistique ou festive dans un contexte sans prosélytisme ou religieux."

Il faut dire que c'est aux abords du grand escalier d’honneur de la mairie, qui est dans l’enceinte de la mairie que la crèche avait été installée. "Cette crèche était classique et mêlait des personnages de la nativité aux santons provençaux. Il n’y avait rien de local ou de régional, rien d’artistique hormis un sapin et des illuminations qui n’avaient rien de festif. On ne pouvait pas non plus relier cette crèche à l’exposition " les Santonales " qui était trop éloignée. La commune a commis une illégalité et nous demandons qu’elle verse 600 euros aux divers requérants", conclut le rapporteur.

Faire respecter la loi

Pour l'association Libre-Pensée, à l'origine de ce jugement, la réponse est claire et ne laisse pas de place au doute, la loi est la loi. "Nous voulons simplement que les édifices publics restent représentatifs de l’état qui doit être respectueux de la loi de 1905."

Mais pour l'avocate de la Ville, on parle d'autre chose. "La loi de 1905 est une loi de liberté. C’était une exposition de santons de Provence car Beaucaire est aux confins du Gard et aux portes de la Provence. Les jeunes vont au lycée à Tarascon qui dépend même d'une autre académie et les santons racontent la vie d’autrefois. C’est une sorte de bande dessinée d’aujourd’hui."

Oui, dans une crèche provençale on trouve de tout. Les professions passéistes, les enjeux historiques mais aussi un petit Jésus, une Marie et un Joseph. "Noël, la nouvelle année, les vendanges... Tout cela rythme la vie des hommes et représente l’écoulement des jours. La crèche évoquait un scène de village typiquement provençal et l’usage local des santons a été relayé par la mairie. C’est une excellente chose ! La crèche était visible de la rue et c’est mieux qu’un panneau lumineux tout en étant gratuit. La Mairie est la maison du peuple. C’est le rôle d’une commune de promouvoir son passé et cette crèche n’était pas forcément religieuse, c’était un décor. Des signes de prosélytisme ? A-t-on vu le saint sépulcre, un cierge, de l’encens ou d’autres signes ? Non."

L'avocate s'est ensuite souvenue que Beaucaire avait une autre particularité et que les santons racontaient aussi son passé fameux. "Du Moyen-Âge à l’arrivée des chemins de fer Beaucaire était une des plus importantes villes d’Europe !" Réponse du Tribunal sous quinzaine.

Anthony Maurin

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