Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 13.03.2018 - abdel-samari - 3 min  - vu 4359 fois

LE 07H50 Spécial Cash Investigation : la journaliste Marie Maurice raconte les coulisses du tournage

Ce soir, à 20h55, sur France 2, l'émission de télévision déroule le thème "l'eau : scandale dans nos tuyaux". La réalisatrice, Marie Maurice, nous en dévoile les arcanes.
Le président de Nîmes Métropole,Yvan Lachaud, face à la présentatrice, Élise Lucet, lors du tournage de l'émission Cash Investigation sur France 2 (Photo : DR/Objectif Gard)

Objectif Gard : Pourquoi vous êtes vous intéressés à Nîmes dans le cadre de ce reportage ?

Marie Maurice : Pour une raison toute simple : nous souhaitions faire un sujet sur les fuites d'eau en France. L'idée était d'identifier les bons et les mauvais élèves. Après avoir analysé les 50 premières villes de France, notamment en matière de taux de rendement, on s'est aperçu que Nîmes était bon dernier. C'est ce qui nous a intrigué : comment une ville gérée depuis presque 50 ans par un même délégataire -la Saur pour ne pas la nommer- se retrouve à 10 points de moins que la moyenne nationale dont le taux de rendement est de 79,3% ? Et on ne peut pas dire que Nîmes soit seule en DSP (délégation de service public) puisque c'est le cas dans 61% des villes de France.

Qu'est-ce qui vous a le plus surpris dans l'avancement de votre enquête ?

Je crois que c'est d'apprendre au moment de notre reportage que la question de l'eau était devenue centrale à l'Agglomération de Nîmes. La DSP va être remise à plat en 2021. Tout a bougé en même temps que notre enquête. Ensuite, la mobilisation de plusieurs associations autour de l'eau. Impliquées, elles prennent le sujet à bras le corps car dans votre région plus qu'ailleurs, la sécheresse fait des dégâts et ces fuites d'eau sont encore moins acceptables.

Avez-vous fait face à des résistances de Nîmes Métropole ou de la Saur ?

L'agglomération de Nîmes était plutôt dans une envie de communiquer, d'ouvrir portes et fenêtres. Ils ont répondu favorablement à nos questions et ont accepté assez rapidement le principe de notre reportage. C'était une agréable surprise. Du côté de la Saur, nous avions souhaité visiter le centre de pilotage opérationnel. L'été dernier, on nous a refusé une visite pour des questions liées aux incendies. Ce qui peut se comprendre. Lors de cette même conversation, nous avons demandé si un tournage serait envisageable plus tard, la Saur nous a répondu qu'a priori non car elle ne souhaitait pas agiter la polémique. C'est dommage, on aurait aimer y pénétrer pour découvrir précisément comment cela se passe.

Dans la vidéo mise en ligne pour présenter le reportage, on voit Élise Lucet découvrir des fuites d'eau souterraines en plein cœur de la ville. De quoi s'agit-il ?

Lors de notre reportage, nous avons été interpellés par une grosse fuite d'eau sur des branchements souterrains. Nous avons donc pris contact avec la Saur pour en savoir plus. Mais nous n'avons obtenu aucune réponse. Quatre mois après, nous avons à nouveau contrôlé cette fuite pour nous assurer qu'elle avait été réparée. Notre surprise fut totale : la fuite signalée était toujours là. Dans ses explications, l'entreprise nous indique qu'elle n'a pas l'habitude de voir des particuliers signaler des fuites invisibles. Comme explication, c'est un peu court...

Selon vous, à qui profitent ces fuites ?

Je ne peux pas répondre à cette question de façon aussi simpliste et réductrice. Nous sommes là pour apporter de l'information aux Nîmois. Avec ce documentaire, ils ont toutes les cartes pour demander des compléments, pour être plus attentifs, demander des comptes. Ce que je peux vous dire c'est que la fuite sur branchement que nous avons découvert à Nîmes représente 5 000 m3 chaque année. Soit environ la consommation de 41 foyers par an. Et là, je vous parle que d'une seule fuite. Sur la commune de Nîmes en 2016, ce sont plus de 5 millions de m3 qui ont été perdus. D'une certaine façon, c'est l'usager qui paie toutes ces fuites. Puisque la Saur facture la production au m3, le traitement et la distribution d'eau. Tout le volume pompé et traité (même s'il n'arrive pas au robinet en raison des fuites, NDLR) est payé par les Nîmois.

La Saur doit-elle respecter aujourd'hui des taux de rendement ?

Tout à fait. Nîmes métropole impose un taux de rendement à 76% à l'horizon 2019. La Saur nous a indiqué être à 72% en 2017. On se rapproche donc doucement de l'objectif fixé par l'Agglo de Nîmes. Mais une question se pose toutefois : pourquoi ne pas avoir respecté le taux de rendement avant ? La Saur nous affirme qu'en la matière elle n'avait pas d'objectif contractuel...

Propos recueillis par Abdel SAMARI

Abdel Samari

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