Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 14.03.2018 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 3239 fois

FRANCE 2 Réactions après l’émission sur la gestion de l’eau à Nîmes

Hier soir, Cash Investigation s’est intéressée à la gestion de l’eau à Nîmes, déléguée à la Saur. Taux de rendement, bénéfices de la multinationale, gestion de Nîmes métropole… Des responsables politiques d’opposition réagissent.
Le président Centriste de Nîmes Métropole, Yvan Lachaud, face à la journaliste de France 2, Élise Lucet

François Séguy, élu communautaire du Parti de Gauche : "Cash investigation a bien mis en lumière certains problèmes liés à la privatisation de la distribution d’eau, mais il y en a bien d’autres. Monsieur Lachaud découvre l’ampleur du préjudice que la Saur inflige aux usagers depuis 48 ans ! « La Saur s’est gavée! ». C’est lui qui le dit. Il était vice-président de Nîmes Métropole, adjoint à la ville de Nîmes. Comme je l’ai dit à la journaliste de Cash, depuis 2014, je n’ai cessé d’interpeller le Conseil Communautaire sur la gestion de la Saur. Sur les bénéfices exagérés, les rendements, les pertes en lignes, les renouvellements très insuffisants, la CCF (commission de contrôle financier). Il a fallu que l’équipe de Cash vienne fouiller, alors qu’à l’époque, je l’avais demandé. Vous pouvez reprendre toutes mes interventions. Cash investigation est passé, mais c’est maintenant à toutes et tous de se mobiliser pour que les financiers ne s’accaparent pas un bien commun. En 2020, nous devons exiger une gestion en régie."

Françoise Dumas, députée du Gard : " L’émission Cash Investigation diffusée hier soir sur France 2 a mis en lumière l’état catastrophique du réseau d’eau à Nîmes et dans son agglomération. Parmi les 50 villes les plus peuplées de France, Nîmes est celle qui obtient le taux de rendement le plus faible (70,5%). Ceci représente 9,4 millions d’euros de pertes pour les habitants et 5 milliards de litres évaporés en 2016. Accablante pour notre territoire, cette situation est le fruit d’une délégation de service public conclue il y a près de 49 ans, qui n’a jamais l’objet d’une remise en question de la part de la communauté d’agglomération de Nîmes métropole malgré les multiples avertissements des élus d’opposition, de maires et des associations d’usagers. La dégradation dans le temps du réseau de distribution et d’assainissement contribue à détériorer la qualité du service rendu aux usagers pour un coût toujours aussi élevé. L’émission souligne d’ailleurs le taux de marge du délégataire, qui est presque trois fois supérieur aux taux observables dans des villes comparables. La gestion de ce dossier par l’équipe communautaire se fait dans une opacité totale. Ce manque de transparence est très inquiétant et n’est pas de nature à rassurer nos concitoyens sur les choix que la majorité doit désormais assumer. Il est difficile de se dérober devant la France entière quand un reportage pointe de telles failles politiques et institutionnelles. Il faudra que le président de l’Agglo fournisse une explication claire lors du prochain conseil communautaire, le 26 mars prochain. L’eau est un bien précieux qui doit faire l’objet d’une gestion optimale. Notamment dans un contexte où les préoccupations liées à la sauvegarde de nos ressources naturelles occupent une place centrale dans les débats publics."

Yoann Gilet, président du groupe Front national à Nîmes métropole« Depuis plusieurs années nous dénonçons la situation : prix trop élevé, nombreuses fuites, délégataire peu transparent et élus laxistes… Dans le reportage, Yvan Lachaud, président de Nîmes métropole, fait mine de découvrir devant Élise Lucet, la problématique du rendement et des pertes (30% des volumes sont perdus selon les chiffres officiels). Pire, il y défend au début de l’interview le délégataire de service public (la SAUR). Je dénonce le laxisme des élus de la majorité centriste actuelle (UDI) et précédente (Les Républicains) qui ont ignoré depuis des années les alertes des élus d’opposition et des associations (qui se battent au quotidien contre le gaspillage d’argent public). (…) Le Front national exige d’être associé à la rédaction du cahier des charges de l’appel d’offres de la nouvelle délégation de service public (malgré le refus de ce matin en commission de contrôle financier), un audit des réseaux pour détecter immédiatement l’ensemble des fuites et remédier à ce gaspillage répercuté sur les contribuables, ainsi que l’élaboration d’un ambitieux plan pluriannuel d’investissement pour le renouvellement des réseaux. »

Ahmed Laaraj, secrétaire de la section Parti socialiste Nîmes République : « Nous sommes consternés par l’amateurisme de nos élus de droite. Pendant que ces messieurs se disputent par médias interposés, les Nîmois payent leur gestion plus que douteuse. Le délégataire Saur profite de marges très importantes pendant que la population subi les fuites d'eau. Dans une région touchée par la sécheresse, la question de l’eau doit être une priorité et être gérée avec un sérieux rigoureux. Nous demandons une enquête publique sur la gestion de l'eau et un comparatif entre une gestion en DSP et une gestion en régie publique. Le 8 février dernier nous avons tenu une réunion de section sur le sujet et nous pensons que, s’agissant de la gestion de l’eau sur l'agglomération, le meilleur choix politique à faire est une gestion en régie publique. Les premiers gagnants seront les Nîmois et la nature. »

Alain Fabre-Pujol, conseiller municipal socialiste de Nîmes : "Depuis de nombreuses années nous interpellons les élus de droite Jean-Paul Fournier et Yvan Lachaud, qui se remplacent en mairie ou à l’Agglo et le vice-président délégué à l’eau de l’Agglo sur le hold-up consenti de la SAUR à propos de l’eau à Nîmes et sur l’agglomération. L’émission Cash investigation de Lucet de ce mardi montre l’absence de comptes détaillés, l’absence jusqu’à fin 2017 de la commission de contrôle financier, l’absence d’information sur les bénéfices du délégataire -trois fois supérieurs à la moyenne nationale-, l’absence de renouvellement et de réparation des réseaux, le refus de communiquer sur les champs de captage... Nîmes, dernière ville des 50 plus grandes villes de France, et la droite me reprochent de vouloir revenir en régie publique. J’ai eu honte pour Nîmes et agglomération hier soir."

Pour voir ou revoir l'émissionhttps://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/cash-investigation/cash-investigation-du-mardi-13-mars-2018_2643726.html

Lire aussi : 

LE 07H50 Spécial Cash Investigation : la Saur répond aux questions soulevées par l’émission

LE 07H50 Spécial Cash Investigation : la journaliste Marie Maurice raconte les coulisses du tournage

Coralie Mollaret

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