Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 16.03.2018 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 1932 fois

FAIT DU JOUR Salon des maires : crispations entre le préfet et les élus

Ce jeudi matin lors de l'ouverture du salon des maires qui se tient jusqu'à ce soir (Photo : Coralie Mollaret)

Hier matin, les échanges étaient tendus entre les maires et le préfet du Gard, Didier Lauga, à l’occasion du lancement de la troisième édition du Salon des maires au parc des expositions de Méjannes-lès-Alès.

L’inauguration de cette troisième édition du Salon des maires s’est déroulée comme sur un ring de boxe. À cette différence près que les protagonistes, en costume et pas en short, ne se regardent pas dans les yeux et préfèrent les belles joutes verbales aux coups. Dans les cordes, les représentants des collectivités profitent de cette tribune exceptionnelle pour s’offusquer de la maîtrise des dépenses publiques exigée par le gouvernement. De l’autre, le représentant de l’État, qui, après avoir encaissé les longues plaidoiries des élus, riposte sans se départir de son sourire. Dans le public, les spectateurs, aussi attentifs qu’impuissants, assistent au show.

Max Roustan : « On va droit dans le mur »

« L’argent, on n’en a jamais assez ! » Lâché par Max Roustan, maire d’Alès et président d’Alès Agglo, cette première saillie illustre parfaitement l’état d’esprit des représentants des collectivités.  Tous s’accordent à dire qu’ils ne peuvent pas mener à bien tous leurs projets. « Vous savez, je suis quelqu’un d’optimiste. Mais là je vous le dit : on va droit dans le mur », prévient Max Roustan. Avec sa gouaille habituelle, l’édile s’en prend directement à l’État : « La décentralisation est en train de foutre le camp ! Le pouvoir que nous avions se dilue petit à petit… Moi je n’ai pas été élu pour faire de la gestion, mais pour appliquer un programme et on nous enlève les moyens de le faire ! » Dans sa loi de programmation des finances publiques 2018, l’État impose aux agglomérations d’Alès, de Nîmes et au Département de ne pas augmenter leurs dépenses de fonctionnement de plus de 1,2%. Et se serrer la ceinture, élus comme boxeurs, n’aiment pas ça.

Max Roustan, une fois encore, n a pas épargné la politique du gouvernement (Photo Élodie Boschet/Objectif Gard)

Acculé, le préfet Didier Lauga ne se dérobe pas et réplique avec humour : « Le sous-préfet m'avait dit que vous n’alliez plus critiquer l’État, M. Roustan. » Comme quoi, il ne faut pas toujours croire le sous-préfet sur parole et encore moins chercher à canaliser l’incontrôlable Max Roustan… Didier Lauga poursuit et rappelle au maire d’Alès que « cette année, les aides de l’État versées aux communes ne diminueront pas. » Et même d’ajouter que le fonds DETR (Dotation d’équipement des territoires ruraux) « va augmenter de 3% pour atteindre les 10 M€. Cela permettra de financer vos investissements sur les territoires. »

Taxe d’habitation, limitation de vitesse : tout baisse !

Autre motif de contestation : la suppression de la taxe d’habitation. Les élus ont exprimé plusieurs fois leur désaccord, craignant de perdre de précieuses ressources pour financer leurs politiques territoriales. « C’est vrai que l’État n’a pas précisé exactement comment cette suppression sera compensée, mais elle le sera », promet le préfet. Celui qui fut directeur général des services de la Région Basse-Normandie enchaîne : « si on m’explique que le système de financement des collectivités est juste, je veux bien en débattre ! »

Sur sa lancée, et ne souhaitant manifestement éluder aucun sujet polémique, le bouillonnant préfet est revenu sur l’abaissement de la limitation de vitesse de 90 à 80 km/h sur les routes départementales. Suite à l’indignation du député LREM Olivier Gaillard, le représentant de l’État se tourne vers le parlementaire, assis au premier rang : « Moi, je n’arrive pas à m’habituer aux mauvais chiffres de la sécurité routière. L’une des trois expérimentations de la baisse de limitation de vitesse a été conduite dans la Drôme où j’ai été préfet. Alors tant que les chiffres sont mauvais, je ne vois pas pourquoi on n’essaierait pas ! » La baisse des limitations, ce serait 400 morts en moins. Et la baisse des dotations, combien de maires en moins ?

Élodie Boschet et Coralie Mollaret

contact@objectifgard.com

Coralie Mollaret

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