Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 20.03.2018 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 2860 fois

RÉVÉLATION Aéroport : les dessous de la démission de Jean-Paul Fournier

Objectif Gard s’est procuré un échange de courriers entre le président de Nîmes métropole, Yvan Lachaud, et Jean-Paul Fournier, juste avant sa démission de ce dernier de la présidence du syndicat de l’aéroport.
Photo d'illustration

L’étonnement général. Voilà ce qu’a suscité, ce vendredi, l’annonce de la démission de Jean-Paul Fournier de la présidence du syndicat mixte de l’aéroport Nîmes-Garons. Une structure qu’il a lui-même créée il y a de cela 12 ans et pour laquelle il s’est battu bec et ongles. Ce week-end, certains se posaient des questions autour de ce départ...forcé ? Objectif Gard révèle les vraies raisons.

M. Fournier a atterri dans une impasse, puisqu’il est dans l’incapacité d’équilibrer le budget 2018 de l’aéroport. Voilà certainement la principale raison qui l'a poussé au renoncement. L'édile a donné l’alerte le 5 mars, en écrivant au président de Nîmes métropole. Premier bailleur de fonds de l’aéroport, l’Agglo de Nîmes entretient des relations exécrables avec le président du syndicat depuis plusieurs années, en raison des différences stratégiques qui opposent les deux hommes sur l’avenir de l’aéroport.

Un budget en déficit

Jean-Paul Fournier pointe le « retrait brutal d’Alès Agglo et la diminution de la participation du Conseil départemental » qui grèvent les finances du syndicat. L’argent, l'indispensable nerf de la guerre pour un développement du trafic passager dont il avait fait son cheval de bataille : « l’étude présentée par la Région en octobre démontrait que le trafic passager générait 25 M€ de rentrées financières sur le territoire » à travers les dépenses des passagers, soutient-il.

Pour palier ce manque d'argent frais, Jean-Paul Fournier s’est creusé la tête. Il a d’abord pensé à intégrer la ville de Nîmes au syndicat pour qu’elle abonde au budget de l’aéroport. Séduisante sur le papier, l’idée a été rétoquée par la préfecture du Gard…

Le premier magistrat de la ville préfecture renvoie la balle à Nîmes métropole et à son « refus de voter une délibération constatant la dette imputable au retrait d’Alès Agglo. » Le solde de tout compte du divorce qu’aurait aimé percevoir le Républicain. Après ces vaines tentatives, il ne restait qu’une solution au Nîmois : « une réévaluation de la contribution financière de Nîmes métropole pour la porter à 2 M€. »

Crash inévitable pour Nîmes métropole

Pour Nîmes métropole et son président, les choses sont claires : Jean-Paul Fournier ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Un crash qui dans l'avenir pourrait profiter à l'Agglo, désireuse de donner un nouvel envol à l'aéroport nîmois.

Dans sa réponse, datée du 12 mars, Yvan Lachaud cherche « à comprendre pourquoi le syndicat se trouve dans une telle impasse. » Et de pointer dans un premier temps « les subventions versées à la seule compagnie régulière présente, Ryanair, qui sont déclarées illégales par la Commission européenne. Le contentieux pour l’aéroport se monte à 6,5 M€ (*). »

Par ailleurs, dans ce même courrier adressé en réponse à l'édile de Nîmes, Yvan Lachaud se veut sévère : "en toute illégalité, vous persistez en faisant voter chaque année une subvention à la ligne Nîmes-Fès. Je vous ai alerté à plusieurs reprises sur cette démarche illégale et contraire au bon sens, puisqu'elle consiste à financer à hauteur d'environ 400 000 euros par an, une ligne dont l'activité principale consiste à générer un flux sortant de touristes de notre territoire vers le Maroc."

Une délibération qui aurait provoqué, toujours selon la missive du président de l'Agglo Nîmoise au maire de Nîmes, la réaction du président de la compagnie Air France et du directeur de l'aéroport de Montpellier. Le préfet du Gard devant se résoudre par écrit le 21 décembre dernier à demander le retrait sous deux mois de cette délibération de subvention à la ligne Nîmes-Fès.

Des objectifs pas à la hauteur...

Sur le plan du flux de voyageurs, Yvan Lachaud relève également la situation "de plus en plus déconnectée des objectifs fixés dans le contrat de Délégation de service public. Si l'on retranche des statistiques les passagers de la ligne vers le Maroc, nous en sommes actuellement à 30 % de passagers en moins que ce qui était prévu, toujours en deçà du chiffre de 180 000."

Et de rajouter encore dans son courrier : "le Syndicat mixte a lancé en 2016 un appel d'offres pour la passation de marchés de services de transports aériens. Cette démarche visant à susciter l'intérêt des compagnies aériennes, et qui au demeurant a échoué, vous a valu une lettre d'observation très sévère de la Direction générale de l'aviation civile."

Enfin, portant l'estocade, le président de Nîmes métropole considère que "l'aéroport de Nîmes ne peut pas se développer contre le Préfet du Gard, contre la Direction générale de l'aviation civile, contre Air France, contre l'aéroport de Montpellier, ni contre la Commission Européenne."

Mais la question du développement reste-t-elle toujours d'actualité ? En ce qui concerne le budget et la stratégie autour de l'aéroport, Yvan Lachaud réserve encore sa réponse définitive pour le Bureau de Nîmes métropole, qui aura lieu ce soir.

Mais cela n'a échappé à personne : le Centriste a une autre vision du développement de l’aéroport dont il souhaiterait faire un équipement d’avantage tourné sur l’économie aéroportuaire et moins sur le trafic passager. Surtout si ce dernier doit être "subventionné" par les deniers publics...

Abdel SAMARI et Coralie MOLLARET

contact@objectifgard.com

Un contentieux actuellement porté devant une juridiction européenne. 

Lire aussi : AÉROPORT La charge du président Max Roustan

Coralie Mollaret

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