Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 21.03.2018 - florence-genestier - 3 min  - vu 1456 fois

VAUVERT Mathieu Lacan a trouvé son écosystème

Des parcelles vauverdoises de son troupeau à une visite éclair de l'Élysée.
Mathieu Lacan, éleveur bio à Vauvert depuis 2016, avec Lucho et Ioda (photo F. G.)

Éleveur bio installé à Vauvert depuis deux ans, Mathieu Lacan (31 ans) a fait partie du groupe de jeunes agriculteurs conviés à l’Élysée par le Président de la République la veille du Salon de l’agriculture. Itinéraire d’un passionné et impressions.

Mathieu Lacan a d’abord cru à une blague quand il a reçu par mail l’invitation de l’Élysée. Vérification faite, il faisait bien partie du petit millier de jeunes agriculteurs français conviés par Emmanuel Macron et sélectionnés par les préfets. Une belle opération de communication politique qui parie sur la jeune génération. Le jeune éleveur, assez agacé par la politique agricole actuelle décide finalement de s’y rendre, encouragé par sa compagne.

Parti à 7h de Nîmes, à 11 h 30  il était place Beauvau. Sur place, il sympathise avec des collègues de l’Hérault. « On était regroupés par régions. C’était très bien organisé. Le discours du Président était intéressant. Il y a eu des annonces marquées qui pourraient faire du bien à la profession. Je l’ai trouvé plutôt brillant et renseigné sur le sujet. De l’avis général, on était tous assez remontés en y allant mais plus rassurés après. On a senti une volonté de dialogue. Il a d’ailleurs passé trois heures à répondre aux questions après le discours. On va suivre cela de près. Il est temps que la politique agricole en France prenne un virage et arrête de privilégier les gros producteurs…» Direct et sans trop d'illusions, Mathieu attend la suite.

Mathieu sur le fameux perron, le 22 février dernier. (photo DR)

Le discours du Président de la République à la nouvelle génération agricole (photo M. Lacan)

Mathieu n’appartient à aucun syndicat. Il n’est pas issu d’une famille de paysans mais imagine un avenir plus bio et plus indépendant pour sa profession. Son installation en 2016 correspond à un itinéraire fait de passion et de rencontres. Pour l’instant, il ne se dégage pas de salaire, mais sa compagne exerce un emploi hors exploitation. « Je veux maîtriser ma filière de production de A à Z, de la naissance jusqu’à la commercialisation. Le bio, pour moi, c’est du bon sens. Il faut être autosuffisant, limiter les intrants. »

Son troupeau de vaches Angus-Aberdeen est nomade et peut s’égayer sur 15 parcelles au total. Il compte désormais 25 mères, autant de veaux et un mâle reproducteur. Au départ, même s’il a toujours été en contact avec la ferme et les animaux via des vacances chez sa grand-mère en Haute-Loire, un contact qu’il définit comme « un peu magique », Mathieu se destine à la vente et passe un BEP et un bac pro à Nîmes. Petit, il répétait à l’envi à ses parents que quand il serait « grand, il sera éleveur de taureaux ! » Il devient finalement vendeur en électroménager et au service après-vente chez Guyot, à Vauvert, où il reste sept ans, joue au rugby et suit l’actualité de la bouvine à travers une association dynamique. Avec toujours un pied dans l’agriculture, grâce à des abricotiers à Gallician ou encore des coups de mains de temps à autre. Mais comme la graine du métier paysan avait été plantée, difficile de l’oublier.

Tracer sa route

L’envie de devenir éleveur s'impose comme une évidence de plus en plus forte et il décide de tout plaquer pour se reconvertir et reprendre des études. Il passera sa formation en compagnie de son cousin Jimmy Félon, devenu depuis éleveur de moutons. Il croise aussi la route des Poujol, éleveurs de brebis et riziculteurs à qui il rachète le troupeau. Autre bonne idée pour le trentenaire, diversifier sa production. Par fidélité à sa grand-mère espagnole, il tient à conserver des poulets et des pintades. Et écoule des canards batifolant utilement dans les rizières camarguaises. Mathieu Lacan suit son chemin, à son idée, en préservant farouchement son indépendance et voulant créer son propre écosystème ; de la nourriture distribuée à la vente des steaks. Il parie sur un réseau de vente directe, aidé par d’autres artisans comme lui, du boucher aux restaurateurs. Une agriculture à dimension humaine qui ne menace pas la santé des agriculteurs et des consommateurs. Et permet à ses pratiquants de gagner sereinement leur vie.

Florence Genestier

L'Angus Lacan

Florence Genestier

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