Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 10.04.2018 - philippe-gavillet-de-peney - 2 min  - vu 489 fois

MARDI ÉCO Des plantes aquatiques dépolluantes à l'attaque des sédiments portuaires ?

Mené une équipe d'universitaires nîmois, la société Vinci et l'entreprise spécialisée Nymphéa distribution, le projet de recherche Passport tentera de le démontrer.
Les plantes aquatiques, ici des nénuphars cultivés sous serre, auraient des vertus dépolluantes (Photo : DR)

Et si les plantes aquatiques pouvaient dépolluer les sédiments portuaires ? C'est désormais la question à laquelle essayeront de répondre Unîmes, Vinci construction terrassement et Nymphéa distribution qui lancent conjointement le projet de recherche Passport.

Le 30 mars dernier, les trois partenaires ont donné le coup, d'envoi de ce nouveau projet de recherche ciblant l’étude d’un nouveau procédé de traitement des sédiments dragués au fond des ports via le procédé de phytoremédiation. Il s’agit notamment d’évaluer la capacité de certaines plantes semi-aquatiques à réduire les teneurs en chlorures des sédiments pour en optimiser le stockage.

Face à cet enjeu économique et environnemental majeur, l’université de Nîmes et son équipe d’accueil Chrome, au savoir faire reconnu dans le domaine des transferts de contaminants élémentaires et organiques, l’entreprise gardoise Nymphea distribution, leader sur le marché de la production de plantes aquatiques ornementales et environnementales, et l'entreprise Vinci ont décidé d’associer leurs compétences scientifiques, technologiques et de production à travers une convention de partenariat.

L'équipe de Passport a visité le dispositif expérimental de culture de Nymphéa distribution (Photo : DR)

Pour répondre aux phénomènes naturels d’ensablement et d’envasement des ports qui peuvent mettre en péril leurs activités, des opération de dragages sont menées régulièrement afin d’extraire et évacuer les sédiments des fonds. En 2008, près de 20 millions de tonnes ont ainsi été dragués dans les sept grands ports maritimes de France. Jusqu’à présent, ces sédiments dragués étaient généralement rejetés en milieu océanique profond. Mais la nouvelle réglementation visant à protéger le milieu marin oblige à traiter et stocker ces déchets à terre dès lors que leur teneur en éléments nutritifs, métalliques, organiques ou radioactifs dépasse un certain seuil. Une fois à terre, la concentration en chlorure de ces sédiments contraint leur valorisation ou leur élimination.

Le projet Passport devrait préciser le potentiel de certaines hélophytes (*), dont l’appareil racinaire est toujours sous l’eau et l’appareil  végétatif (tiges, feuilles, fleurs) est aérien, à réduire, seules ou en association, les teneurs en chlorures des sédiments portuaires. Ce phénomène, appelé phyto-désalinisation, s’appuie sur des plantes particulièrement résistantes au milieu avec des avantages écologiques et financiers. Les essais seront réalisés sur des sédiments de ports actuellement dragués, grâce à trois plantes sélectionnées pour leur potentiel : la Phragmites australis, la Typha latifolia et Juncus maritimus. Les essais du projet Passport se dérouleront au sein du dispositif expérimental de Nymphea, agréé par le Ministère de l’Enseignement et de la Recherche. Les premières conclusions sont attendues pour 2019.

*Un hélophyte est une plante aquatique à fleurs hélophile, c'est-à-dire enracinée dans la vase, et immergée totalement ou partiellement.

Philippe Gavillet de Peney

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